Eglises d'Asie

Par une déclaration commune, des responsables bouddhistes, musulmans et catholiques deman-dent au gouvernement de trouver une solution démocratique à la crise que traverse le pays

Publié le 18/03/2010




Face à l’impasse politique et militaire dans laquelle est engagé le gouvernement du pays, des responsables bouddhistes, musulmans et catholiques, réunis dans une “Initiative citoyenne pour un changement constitutionnel”, demandent au gouvernement de négocier la paix pour mettre fin à la guerre qui déchire le pays depuis dix-huit ans. Soulignant le fait que seuls les hommes politiques et la classe dirigeante tirent profit de la guerre et souhaitent une solution militaire à cette crise, ces responsables religieux appellent à “une désescalade militaire systématique” pour parvenir à une solution négociée “dans le cadre d’un Etat démocratique, pluraliste et laïc”. Publié à la fin du mois d’août, le communiqué est signé des évêques catholiques de Ratnapura, Mgr Malcolm Ranjith, de Trincomalee-Batticoloa, Mgr Kingsley Swampillai, et de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, ainsi que de responsables bouddhistes et musulmans.

Cette initiative survient alors que le pays traverse une crise politique grave. Le 11 juillet, la présidente Kumaratunga, dont le gouvernement de coalition venait de perdre sa majorité au parlement à la suite de la défection du Congrès musulman, a annoncé la tenue d’un référendum sur la réforme de la Constitution. Dans la foulée, en vue d’échapper au vote d’une motion de censure, elle a suspendu le parlement. Les leaders de l’opposition ont alors menacé d’engager une procédure de destitution contre la présidente. Et finalement, le 7 août dernier, après avoir consulté des représentants des communautés chrétienne, hindoue, musulmane et bouddhiste, Chandrika Kumaratunga a annoncé qu’elle reportait sine die le référendum prévu. Par ailleurs, le 24 juillet, un commando-suicide tamoul a lancé une sanglante attaque contre l’aéroport civil de Colombo et une base aérienne militaire voisine, causant d’importants dégâts et de nombreuses victimes.

Selon les responsables religieux, la classe dirigeante du pays a “systématiquement” déformé et manipulé les intérêts démocratiques de la majorité cinghalaise, allant jusqu’à “manipuler la doctrine bouddhiste” pour justifier la guerre et restreindre les libertés (1). Aujourd’hui, les propositions de la présidente au sujet de la réforme constitutionnelle (2) et d’un règlement négocié du conflit avec les Tigres tamouls sont bonnes, soulignent encore les signataires de cet appel, mais tout ceci doit se faire en consultation avec les séparatistes tamouls ainsi qu’avec les dirigeants de tous les partis politiques du pays. Enfin, ils ont rappelé qu’ils soutenaient les pourparlers entre le gouvernement et les Tigres tamouls, pourparlers engagés sous l’égide d’un médiateur norvégien (3).