Eglises d'Asie

Des moines bouddhistes veulent qu’une loi soit votée pour interdire les conversions au christianisme dans les zones rurales pauvres et isolées

Publié le 18/03/2010




A la fin du mois de juillet dernier, à l’issue d’une réunion tenue sous l’égide du moine Udagama Buddharakkita, de l’ordre bouddhiste Agririya, d’importants responsables bouddhistes ont appelé au vote d’une loi pour interdire les conversions au christianisme, conversions qu’ils estiment être beaucoup trop rapides et nombreuses dans les régions rurales pauvres et isolées du pays. “Nous appelons les autorités à prendre sans délai les mesures législatives qui s’imposent pour empêcher les conversions qui sont organisées sous prétexte d’aide aux communautés rurales visant à améliorer leur niveau de vie”, ont notamment écrit les moines dans leur communiqué où ils exposent un plan en onze points visant à combattre ceux qu’ils voient comme des prosélytes à l’œuvre dans plusieurs régions du pays (1). Selon ces moines, 23 000 bouddhistes sont convertis au christianisme chaque année et les agents du prosélytisme chrétien ont sélectionné 5 000 des 25 400 villages que compte le Sri Lanka pour y étendre leurs activités.

Depuis quelques années, les observateurs notent qu’une fraction du clergé bouddhiste développe des sentiments de moins en moins amicaux envers les chrétiens. Outre la volonté de certains moines bouddhistes de voir se développer un bouddhisme nationaliste orienté contre les séparatistes tamouls, majoritairement de confession hindoue, une partie du clergé accuse les Eglises chrétiennes d’utiliser les œuvres sociales et caritatives qu’elles animent pour convertir au christianisme des bouddhistes. En avril 2000, par exemple, l’Eglise catholique avait dû démentir les accusations selon lesquelles elle ferait preuve de prosélytisme en cherchant à améliorer le niveau de vie de villageois principalement bouddhistes d’un village reculé du centre-ouest du Sri Lanka (2). Plus récemment, dans certains milieux bouddhistes s’est fait jour l’idée que le manque de personnel dans de nombreux temples bouddhistes pavait la voie aux prêtres des Eglises chrétiennes qui profitent de ce vide dans les régions isolées du pays pour convertir les paysans.

En réponse à ces inquiétudes, les moines bouddhistes ont appelé à une vaste campagne médiatique pour favoriser la dissémination du bouddhisme, invitant également les moniales à prêcher l’enseignement de Bouddha auprès des enfants des écoles. On se souvient à ce propos qu’en mai dernier, le Premier ministre Ratnasiri Wickremanayake, qui est aussi le responsable de Buddha Sasana, la plus haute autorité du bouddhisme au Sri Lanka, avait lancé une campagne de publicité dans les principaux journaux du pays pour appeler les jeunes bouddhistes sri-lankais à embrasser la vocation monastique et revêtir la robe safran des moines bouddhistes du pays. Sans préciser plus avant sa pensée, le Premier ministre mettait en garde contre une conspiration à l’œuvre contre le bouddhisme (3).