Eglises d'Asie

Face à la crise politique que vit le Sri Lanka, les évêques catholiques mettent en garde contre un éventuel effondrement complet du pays

Publié le 18/03/2010




“Nous sommes profondément inquiets et craignons, à moins que des mesures soient rapidement prises pour remédier à la situation, d’assister à l’effondrement complet de la société”. Tels sont les termes que les évêques catholiques du Sri Lanka ont choisi pour décrire l’état de leur pays après l’échec, le 28 août dernier, des pourparlers entre le gouvernement et l’opposition, pourparlers qui avaient pour objet de trouver une issue à la crise constitutionnelle que vit le Sri Lanka depuis la suspension en juillet dernier du Parlement par la présidente Chandrika Kumaratunga (1).

Dans leur communiqué publié le 29 août à l’issue d’une réunion de la Conférence des évêques, les responsables de l’Eglise catholique déclarent qu’ils ne peuvent demeurer silencieux face à ce qu’ils ressentent comme une “grande tragédie nationale”. L’augmentation de la criminalité, analysent les évêques, témoigne du fait que les gens “vivent des difficultés extrêmes et n’ont pas accès à ce qui fait la base matérielle de la vie”. La sous-alimentation des enfants et des femmes enceintes “prend des proportions alarmantes et des famines ne sont pas à exclure”, mettent-ils en garde. Cependant, ajoutent-ils, “nous croyons que même aujourd’hui il n’est pas trop tard pour que les dirigeants politiques de ce pays s’accordent ensemble afin de sauver notre nation”.

A propos de la guerre qui oppose depuis 1983 les troupes gouvernementales aux séparatistes tamouls du LTTE, les évêques s’inquiètent, une fois de plus, du peu d’attention que les hommes politiques portent aux réalités du terrain, s’étonnant que les leaders paraissent “oublieux” de cette guerre et de l’échec des tentatives pour y mettre fin. Qualifiant de “déprimante” la longue histoire des négociations sans conclusion entre le gouvernement et les partis de l’opposition à Colombo, ils déclarent qu’il “n’est plus temps de jouer à la politique politicienne et de ne se soucier que de s’accrocher au pouvoir ou au contraire de le conquérir”. Soulignant que la médiation norvégienne a été gelée depuis l’action des Tigres tamouls le 24 juillet dernier contre l’aéroport civil de Colombo (2), les évêques notent que des partis politiques et des intérêts divers font obstacles aux négociations avec les rebelles tamouls. “Le processus de paix semble avoir été complètement gelé. Il est regrettable que, sur un sujet d’importance vitale pour le pays, aucun effort réel ne soit entrepris pour ranimer ce processus”, concluent-ils.

Le 11 septembre, le LTTE a condamné l’alliance entre la People’s Alliance (PA) de la présidente Kumaratunga et le People’s Liberation Front (JVP), parti d’obédience marxiste, comme étant “le mariage contre nature d’un gouvernement faible et corrompu et d’antiques marxistes orthodoxes opposés à la paix et à toute médiation internationale”. En faisant alliance avec les marxistes afin de retrouver une majorité au Parlement, la présidente, estiment les Tigres tamouls, exclut le recours à la médiation norvégienne. “Le gouvernement du Sri Lanka a tué dans l’œuf l’effort de paix de la Norvège simplement du fait de la suspicion pathologique qu’il entretient envers l’envoyé norvégien Erik Solheim soupçonné de ne pas être impartial et de se montrer favorable au LTTE”, a notamment déclaré Anton Balasingham, chef des négociateurs du LTTE.