Eglises d'Asie

L’Eglise catholique “officielle” organise des sessions de réadaptation pour les prêtres qui reviennent en Chine après avoir étudié à l’étranger durant plusieurs années

Publié le 18/03/2010




Des 8 au 10 août dernier, dans la ville de Chongqing, la Conférence des évêques catholiques “officiels” de Chine et l’Association patriotique des catholiques chinois ont organisé une session de formation et d’échanges destinée aux prêtres partis étudier, souvent durant de longues années, à l’étranger et qui, une fois revenus en Chine, font parfois face à des difficultés pour se réadapter à leur environnement et à leurs nouvelles responsabilités. Selon le P. Gao Yang, prêtre du diocèse de Pékin, revenu en Chine après un séjour pour études en Grande-Bretagne, la Chine connaît des changements très rapides et il est normal que certains prêtres éprouvent du mal à réintégrer leur milieu d’origine. Au cours de cette rencontre, il a été conseillé aux prêtres revenus en Chine de nouer des liens personnels étroits avec les prêtres qui ont suivi toute leur formation dans le pays.

Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique, sur la centaine de prêtres qui ont été envoyés parfaire leurs études à l’étranger, plus de 70 sont déjà revenus en Chine. Mgr Michel Fu Tieshan, évêque “officiel” de Pékin et président de la Conférence épiscopale “officielle”, a souligné le “patriotisme” de ces prêtres qui ont choisi de revenir servir l’Eglise en Chine plutôt que de céder à la tentation d’une vie parfois plus confortable à l’étranger. Les responsables de l’Eglise “officielle” ont précisé que de telles réunions seraient désormais organisées régulièrement afin que les prêtres puissent exprimer les difficultés qu’ils rencontrent.

Pour le P. Joseph Xu Honggen, du diocèse de Suzhou (province du Jiangsu), les prêtres, de retour de l’étranger, sont parfois perçus par leurs pairs comme “différents”. Il leur a recommandé d’adopter un profil bas et de s’efforcer d’entretenir des contacts avec les prêtres qui n’ont étudié que sur place. Le P. Liu Wenming, de Chongqing, a estimé lui qu’une partie du problème vient du fait que les prêtres qui sont partis étudier à l’étranger manquent d’expérience pastorale ; en effet, souvent envoyés hors de Chine dès leur sortie du séminaire, ils reviennent dans une société changée dont ils ne connaissent plus bien les catholiques. Il a donc suggéré que ces prêtres passent par une courte expérience de vie en paroisse afin de mieux comprendre les catholiques locaux. Malheureusement, a fait remarquer le P. Fei Baiyin, professeur d’Ecriture sainte au grand séminaire du Hebei, le manque de professeurs est si aigu dans les séminaires chinois que les prêtres revenus de l’étranger sont tout de suite mis à contribution pour enseigner ou pour élaborer des manuels d’enseignement en chinois et il est très difficile de leur donner du temps pour se réacclimater.

Par ailleurs, Anthony Liu Bainian a déclaré que, ces dernières années, moins de prêtres que par le passé ont été envoyés poursuivre leurs études à l’étranger car l’Eglise essaye d’évaluer plus précisément ses besoins. Auparavant, profitant de l’ouverture initiée par les réformes de Deng Xiaoping à partir du début des années 1980, de nombreux diocèses ont envoyé des prêtres hors de Chine sans assez de coordination, a-t-il noté.