Eglises d'Asie

Les évêques catholiques s’opposent à l’assouplissement des articles du code pénal concernant l’avortement

Publié le 18/03/2010




Par la main de son président, Mgr Michael Michai Kitbunchu, cardinal-archevêque de Bangkok, la Conférence des évêques catholiques de Thaïlande a écrit au Conseil médical de Thaïlande, chargé par les autorités du pays de proposer des réformes à apporter à l’article 305 du code pénal. Dans sa forme actuelle, celui-ci stipule que l’avortement n’est autorisé dans le royaume que si la santé physique de la mère est mise en danger par la grossesse ou si cette dernière est la résultante d’un viol. Le Conseil s’apprête à recommander aux législateurs d’autoriser également l’avortement si au moins deux médecins sont d’accord pour dire que la santé mentale de la mère est mise en danger par la grossesse ou si un médecin estime que le fœtus présente une anomalie. Dans sa déclaration, l’Eglise catholique a fait savoir, au début du mois de septembre, qu’elle « n’était pas d’accord avec les modifications proposées ».

Le cardinal de Bangkok a rappelé que l’Eglise catholique, ainsi que d’autres religions, affirment le respect absolu de la vie et de la dignité humaines, de la fécondation à la mort, et que, par conséquent, l’avortement est moralement inacceptable et injustifiable. Reprenant les points que se propose d’assouplir le Conseil médical de Thaïlande, Mgr Kitbunchu écrit que les problèmes de santé mentale dont une future mère peut souffrir n’ont pas pour cause la grossesse elle-même mais sont plutôt causés par des préoccupations liées à sa condition présente ou par une anxiété quant à sa condition future. Une mère souffrant de tels troubles doit donc être aidée au lieu de se voir proposer un avortement, ajoute encore Mgr Kitbunchu qui précise que des études indiquent que les femmes qui ont subi un avortement doivent faire face, sur le long terme, à d’importants troubles psychologiques. Le cardinal précise aussi que les actes médicaux entrepris pour sauver une mère et qui provoquent le décès accidentel du fœtus ne sont pas un crime. S’agissant de l’avortement d’un fœtus présentant des signes d’anomalie, les évêques rappellent qu’il est « faux et inhumain » de considérer la valeur de la vie d’un être humain en fonction de « son intérêt » et de supprimer un enfant du simple fait qu’il est anormal.

Dans leur déclaration, les évêques écrivent que l’avortement est « un problème social complexe ». Ils appellent de leurs vœux « une approche globale » de la question, précisant qu’en l’abordant sous son seul aspect biologique, on ne fait que créer d’autres problèmes dans le domaine social : « Nous devons proposer une dynamique sociale et les mécanismes permettant de réajuster nos attitudes de façon à encourager les hommes et les familles à partager la responsabilité [de la grossesse] ».

Le processus en cours est la quatrième tentative visant à faire modifier l’article 305 du code pénal, voté en 1957. En étroite collaboration avec des organisations bouddhistes et musulmanes du pays, l’Eglise catholique s’est opposée avec succès aux trois premières (1).