Eglises d'Asie

A une délégation de croyants de Hongkong, le directeur du Bureau des Affaires religieuses déclare que la querelle au sujet de la canonisation des saints de Chine est « une affaire du passé »

Publié le 18/03/2010




A une délégation de 24 croyants représentant les six principales religions présentes à Hongkong, en visite à Pékin et à Shanghai des 9 au 14 juillet derniers, Ye Xiaowen, directeur du Bureau des Affaires religieuses, a déclaré que la querelle entre le Vatican et Pékin au sujet de la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine était désormais « une affaire du passé ». Des responsables de ce Bureau, directement rattaché à l’exécutif chinois, se sont contentés de préciser que la liste des personnes canonisées aurait dû être communiquée avant la cérémonie par le Vatican aux autorités chinoises. On se souvient qu’à l’occasion de la canonisation de ces 120 martyrs le 1er octobre 2000 à Rome, fête de Sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions, et jour de la fête nationale de la République populaire de Chine, les relations entre le Saint-Siège et la Chine avaient connu une crise, les dirigeants chinois se montrant furieux tant de la date retenue pour la cérémonie que de l’événement lui-même (1).

Organisée par le Bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hongkong, cette visite rassemblait 24 « personnalités éminentes de six religions de Hongkong », comme l’ont dit les médias chinois, afin d’étudier les développements économiques et religieux dans ces deux grandes villes. Le groupe a ainsi été reçu par des dirigeants du Front uni, organe rattaché au Parti communiste et chargé d’entretenir des liens avec divers secteurs de la société, et a pu visiter les bureaux des cinq religions officiellement reconnues en Chine. A Pékin, ils ont rencontré Mgr Michael Fu Tieshan, évêque catholique « officiel » de la capitale, et à Shanghai, son homologue, Mgr Aloysius Jin Luxian.

A Mak Hon-kai, membre de la délégation et catholique appartenant à la paroisse Saint Ignace à Hongkong, qui faisait part du regret des fidèles de sa paroisse d’avoir dû annuler l’an dernier leur pèlerinage sur l’île de Shangchuan, île située en Chine populaire et lieu du décès de Saint François-Xavier en 1552, Ye Xiaowen a déclaré qu’il ferait tout son possible pour que ce pèlerinage ait finalement lieu, ajoutant même que la Chine était toujours prête à « négocier » avec le Vatican.

Selon Tong Yan-kai, président de l’Académie confucéenne de Hongkong et membre de la délégation, c’était la première fois depuis la restauration des religions en Chine à la suite des réformes initiées par Deng Xiaoping que des représentants du bouddhisme, du catholicisme, du protestantisme, du confucianisme, de l’islam et du taoïsme de Hongkong rendaient ensemble en Chine. Cette visite, a tenu a précisé Tong Yan-kai, ne s’est toutefois pas faite sous les auspices du Colloque des responsables des six religions de Hongkong, organe consacré au dialogue interreligieux et formé officiellement par les six religions présentes dans la Région administrative spéciale de Hongkong.

Selon certains observateurs, l’attitude « positive » témoignée par le Bureau des Affaires religieuses à l’occasion de la visite de cette délégation est une bonne chose et montre que la colère des autorités chinoises soulevée par les canonisations est retombée, mais il semble que ces bonnes dispositions ne soient pas vérifiées dans tous les domaines. En effet, selon le P. Jeroom Heyndricks, le refus de visas de sortie opposé à douze chercheurs chinois pour se rendre à Taiwan à l’occasion d’un colloque sur l’histoire de l’évangélisation et de la catéchèse en Chine est directement lié à l’affaire des canonisations (2).

Par ailleurs, la Far Eastern Economic Review, dans un article de son édition datée du 4 octobre, annonce que le Vatican et Pékin sont proches d’un accord concernant l’établissement de relations diplomatiques. Un colloque qui se tiendra dans la capitale chinoise le 14 octobre 2001 pour le 400ème anniversaire du début de la mission du jésuite italien Matteo Ricci en Chine et qui rassemblera des universitaires de nombreux pays – dont des catholiques – serait l’occasion d’une avancée dans ce domaine. De même, croit savoir l’influent hebdomadaire dont le siège est à Hongkong, un peu plus tard durant ce même mois d’octobre 2001, le pape devrait prononcer des excuses sous une forme ou une autre au sujet des maladresses ou des erreurs commises par l’Eglise catholique en Chine, en particulier au sujet de son association avec les forces impérialistes européennes.