Eglises d'Asie

Les évêques du Pakistan approuvent sans réserve la décision du président Musharraf de se ranger aux côtés des Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




Après la décision du chef d’Etat pakistanais, le président Pervez Musharraf, de se ranger aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, alors que les milieux islamistes du Pakistan incitaient la population à s’opposer à cette alliance contre-nature avec les forces jugées opposées à l’islam, l’Eglise catholique a pris une position claire et sans ambiguïté. Assemblés en réunion plénière, le 13 et le 14 septembre, les évêques pakistanais ont approuvé sans réserve la prise de position de leur président. Dans une lettre envoyée au général Musharraf, le 19 septembre, le président de la Conférence, Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore, assurait le gouvernement de l’entier soutien des évêques à sa décision de coopérer avec les Etats-Unis. Cependant la veille de cette déclaration, un communiqué de la Conférence avait demandé au président George W. Bush de faire preuve de modération dans les opérations qui suivraient les attentats terroristes du 11 septembre à Washington et à New York : “Le sacrifice d’autres victimes innocentes en Afghanistan ou ailleurs dans le monde ne ferait que prolonger le cycle de la violence et les menaces qui pèsent sur la paix du monde.”

En ce temps de crise, les évêques se sont aussi montrés soucieux de la sécurité de la communauté catholique au Pakistan. Dans sa lettre au président, l’archevêque de Lahore lui a demandé d’assurer la complète protection de la vie et des biens des chrétiens au Pakistan. “Les éléments extrémistes opposés à la décision gouvernementale vont certainement se livrer à des actes terroristes à l’intérieur du pays, a ajouté le chef de la Conférence épiscopale, et il est à craindre que la première cible du terrorisme islamiste soit les membres de la communauté chrétienne dont les vies et les biens sont aujourd’hui menacés.”

Les évêques se sont également adressés à leurs compatriotes pakistanais, leur demandant de faire preuve d’un esprit pacifique, de tolérance et de compréhension, et leur assurant que les chrétiens se tenaient “épaule contre épaule” avec leurs compatriotes à ce moment crucial et décisif de leur histoire. L’appel des évêques pakistanais a aussi cherché à toucher l’opinion mondiale. Toutes les nations du monde ont été invitées à coopérer entre elles pour éviter l’escalade du terrorisme.

Il est remarquable de noter que, dans un pays ou le dialogue interreligieux n’est pas encore développé, à la suite des attentats terroristes aux Etats-Unis, les déclarations communes à plusieurs religions se sont multipliées. Le 15 septembre, les dirigeants chrétiens et musulmans ont demandé au gouvernement américain d’assurer la sécurité des musulmans et de les protéger des conséquence du sentiment anti-musulman qui s’est développé après le 11 septembre. Lors d’une conférence de presse au Club de la presse à Lahore, plus de vingt dirigeants de diverses organisations religieuses ont condamnés les attaques terroristes aux Etats-Unis et demandé au gouvernement de soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme.

C’est le 15 septembre que les autorités pakistanaises ont annoncé leur “soutien total” aux Etats-Unis qui tentent de mettre sur pied une coalition internationale antiterroriste après les attentats de New York et Washington du 11 septembre. Depuis, les manifestations de rue, animées par divers groupes islamistes extrémistes, se sont multipliées dans les grandes villes du pays. Les manifestations les plus importantes ont eu lieu le 21 septembre à Karachi, Quetta, Peshawar, Lahore, Islamabad et Rawalpindi. Quatre morts ont été dénombrés. Cependant ce jour-là la participation totale n’a pas excédé 100 000 personnes. Le 23 septembre, après une réunion avec le chef d’Etat, les autorités militaires pakistanaises ont averti les groupes islamistes radicaux qu’elles ne toléreraient pas de nouvelles manifestations violentes. Beaucoup d’observateurs pensent que le général Musharraf a gagné une première manche. Cependant un mot d’ordre de manifestation a été lancé pour le 26 septembre.