Eglises d'Asie

Après le début des bombardements en Afghanistan, les dirigeants chrétiens ont persévéré dans leur ligne de modération, d’harmonie sociale et de solidarité nationale

Publié le 18/03/2010




Malgré l’aggravation de la situation, les manifestations de plus en plus violentes menées par des militants islamistes dans diverses villes du Pakistan et surtout, depuis le 7 octobre, les frappes aériennes des Etats-Unis et de leurs alliés sur l’ensemble du territoire afghan, la plupart des dirigeants chrétiens au Pakistan ont persévéré dans la ligne d’harmonie sociale et de renforcement de la solidarité nationale, ligne qu’ils s’étaient tracés dès le début des événements (1). Aux violentes protestations des groupes islamistes contre le soutien accordé aux Etats-Unis par le gouvernement pakistanais, ils ont opposé des appels à la modération et à l’unité.

Le 27 septembre avait été déclaré journée de solidarité nationale par le gouvernement. A Lahore, les chrétiens sont venus nombreux participer aux diverses activités prévues ce jour-là, en particulier à des débats et à des réunions de prière communes. A l’issue de cette journée, l’archevêque de Lahore, Mgr Lawrence Saldanha, a déclaré que c’était là une occasion unique de dialogue avec les musulmans. Jusqu’ici, a-t-il dit, ce dialogue était réservé aux intellectuels. Aujourd’hui, il est nécessaire de l’installer au sein même de la population. En de nombreux endroits, ce sont les chrétiens qui ont pris l’initiative. A Toba Tek Singh, quelque cent chefs de village musulmans ont rencontré des dirigeants chrétiens dans le cadre du programme d’harmonie sociale, une rencontre qui a favorisé l’éclosion de nombreux comités de paix au niveau des villages. Sufi Rasheed, membre du Jamaat-e-Islami, un des principaux groupes islamistes du pays (2), qui a participé à la rencontre, a déclaré que c’était là la seule réponse possible à ceux qui tentent de diviser le Pakistan.

Les dirigeants des Eglises chrétiennes et leurs porte-parole n’ont pas changé de cap et ont maintenu leur attitude modérée après le début des bombardements américains, le 7 octobre. Plusieurs d’entre eux ont même exprimé leur réticence contre la forme des représailles exercées par les Etats-Unis. Sœur Norris Nawab, présidente de la Commission Justice et paix’ de la Conférence des supérieurs majeurs, a déclaré que la guerre ne donnait de solution à aucun problème et que ce serait la population pauvre d’Afghanistan qui pâtirait le plus des bombardements. Mgr John Mall, évêque de l’Eglise (protestante) du Pakistan à Multan, a prédit que la guerre ne ferait que multiplier les problèmes et a confié que la sympathie des chrétiens allait au peuple afghan.

Cependant dans l’ensemble, avec modération et dans un désir de concorde avec les fidèles musulmans, les dirigeants des diverses confessions chrétiennes soutiennent la position du gouvernement pakistanais contre le terrorisme international. Le 9 octobre, jour où de violentes manifestations antigouvernementales ont eu lieu dans tout le pays, trois dirigeants de minorités religieuses, Mgr Alexander John Malik, de l’Eglise du Pakistan, Bhagwan Dass Chawla, un hindou, et Sham Sing, un sikh, sont venus exprimer publiquement à la télévision pakistanaise leur soutien au gouvernement. Ils ont en particulier déclaré que chacun des membres des religions minoritaires était prêt à verser son sang pour le salut du Pakistan. Le même jour, devant une délégation de représentants de chrétiens et de diverses minorités religieuses venus le rencontrer, le chef d’Etat a souligné que, dans une société musulmane, il ne devrait pas y avoir de place pour la violence contre les minorités religieuses.