Eglises d'Asie

Des membres des minorités religieuses du pays, des chrétiens en particulier, ayant été la cible d’attaques après les élections du 1er octobre dernier, l’Eglise catholique appelle au calme

Publié le 18/03/2010




Le 11 octobre dernier, Mgr Michael Rozario, archevêque du diocèse catholique de Dacca, a lancé un appel à tous les croyants du Bangladesh, bouddhistes, chrétiens, hindous et musulmans, afin que la paix et l’harmonie entre les fidèles de toutes les religions soient préservées. L’appel du président de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh, repris dans les principaux quotidiens du pays dès le lendemain, intervient alors qu’en plusieurs lieux dans le pays, des chrétiens ont été pris à partie et malmenés, leurs assaillants leur reprochant d’avoir voté pour la Ligue Awami, pourtant sortie défaite des récentes élections législatives. Lors de ces élections du 1er octobre dernier (1), la formation politique de Hasina Wajed, Premier ministre sortant, a en effet été largement battue par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), de la Bégum Khaleda Zia. Cette dernière est alliée à deux petits partis musulmans fondamentalistes, le Jamaat-e-Islami – dont le chef a fait son entrée au gouvernement – et Oikkya Jote.

Les premiers incidents rapportés par la presse locale remontent au 12 octobre. Ce jour-là, à Bazipur, localité proche de Dacca, un temple baptiste a été mis à sac par une foule scandant des slogans anti-américains et cinq protestants ont été blessés. A Jalchatra, un prêtre catholique a été menacé par des aborigènes Garo, partisans du BNP, qui lui reprochaient d’avoir invité à une manifestation culturelle le député nouvellement élu, membre de la ligue Awami, et d’avoir tenu à l’écart le candidat battu, affilié au BNP. Le lendemain, à Bandarban, à 340 km au sud-est de la capitale, un couvent de religieuses catholiques et l’internat pour jeunes filles attenant ont été pris d’assaut par un groupe de 18 hommes armés ; parmi les élèves d’une école catholique voisine accourus au secours des religieuses, deux jeunes gens ont été blessés par balles.

Dans un éditorial de l’édition datée du 14-20 octobre de Pratibeshi, hebdomadaire catholique, le P. Kamal Corraya, notant que les violences contre les minorités ont commencé après les élections du 1er octobre, écrit que les chrétiens du Bangladesh ne peuvent que se sentir en insécurité. Selon lui, ceux qui s’en prennent aux minorités le font car ils ont le sentiment que les chrétiens ont voté en bloc pour la ligue Awami. Observant que des personnes mal intentionnées répandent de fausses rumeurs, il a invité les chrétiens à s’assurer de la véracité des informations qu’ils transmettent. Le 12 octobre, sur la foi de tels bruits, la police et des soldats de l’armée ont été postés à titre préventif devant des églises à Dacca mais aucun incident ne s’est produit.

Le 16 octobre, l’éditorialiste du Daily Star, un des principaux quotidiens du pays, s’indignait dans les termes suivants : “A moins que des mesures soient prises, nous allons rester dans l’histoire comme étant une nation incapable d’assurer la protection de ses minorités. Le gouvernement n’a pas le droit de nous faire une telle réputation. C’est pourquoi des actions doivent être entreprises sans délai.” Le 24 octobre, dans la partie sud-ouest du pays – où vit la majeure partie de la minorité hindoue du pays -, 17 000 policiers ont été déployés afin d’assurer la protection de 2 500 temples à l’occasion de Durga Puja, principale fête religieuse des hindous.

Le Bangladesh, dont 87 % des 125 millions d’habitants sont musulmans, est le quatrième plus grand pays musulman de la planète. Outre les hindous qui représentent un peu plus de 12 % de la population, le pays abrite de petites minorités bouddhiste (0,6 %), chrétienne (0,3 %, soit une des plus petites proportions d’Asie) et animiste (0,1 %).