Eglises d'Asie

Après le massacre de l’église de Bahawalpur, les évêques catholiques du pays cherchent à assurer la sécurité des lieux de culte et à maintenir l’harmonie sociale

Publié le 18/03/2010




Le 7 novembre dernier, dix jours après le massacre de 17 chrétiens dans l’église de Bawalhalpur, le 28 octobre, à l’heure de l’office dominical (1), les évêques catholiques du Pakistan ont envoyé aux prêtres, religieux et religieuses du pays des directives pastorales destinées à assurer la sécurité des lieux de culte tout en maintenant des relations harmonieuses et pacifiques avec la population musulmane locale.

Une certain nombre des dispositions concrètes préconisées sont destinées à rendre plus sûrs les lieux de cultes. Des personnes seront désignées qui devront contrôler les individus suspects aperçus aux alentours des églises et s’assurer que sacs et bagages de ceux qui viennent participer aux offices ne contiennent pas d’objets suspects. Chaque diocèse sera doté d’une “cellule d’urgence” chargée de recevoir et d’analyser les rapports concernant les troubles divers. Elle informera aussi, en cas de besoin, différents services capables d’apporter une aide immédiate, les services de police, les brigades de lutte contre les incendies, les hôpitaux et les ambulances. La cellule maintiendra des contacts permanents avec la police locale.

D’une façon générale les évêques ont également demandé aux catholiques de faire preuve de beaucoup de discrétion et de travailler à la paix et à l’harmonie sociales. Ils devront éviter de prêter l’oreille aux rumeurs ou encore de les répandre. Pour vérifier la véracité des faits rapportés, les fidèles pourront avoir recours au Bureau central d’harmonie sociale du diocèse. Une grande prudence a été recommandée aux catholiques aussi bien dans les déclarations publiques que dans les interviews que la presse locale ou étrangère pourrait solliciter d’eux. Les cérémonies et les prédications devront orienter les fidèles vers la paix, être génératrices d’espérance et témoigner des valeurs évangéliques, en particulier, de l’amour et de la prière que l’on doit aux ennemis. Il a été recommandé aux prêtres de célébrer des messes pour la paix. Les services diocésains, comme les Commissions Justice et paix’, les Commissions de dialogue interreligieux et les antennes de la Caritas devront se rencontrer et mettre au point la meilleure façon d’appliquer ces directives.

La veille de la parution de ces directives, les évêques de l’Eglise catholique et de l’Eglise (protestante) du Pakistan avaient publié un communiqué commun dans lequel ils condamnaient l’acte de terrorisme de Bahawalpur et demandaient au gouvernement d’interdire immédiatement toutes les organisations terroristes du pays. “Le gouvernement se doit d’assurer la sauvegarde des vies et des propriétés de tous ses citoyens, y compris des chrétiens et des adeptes des autres religions minoritaires.”

L’enquête de police sur le massacre de l’église de Bahawalpur se poursuit. Vingt-deux arrestations avaient été effectuées dans les jours qui ont suivi les faits. Le 2 novembre, on annonçait l’arrestation d’un homme ayant des liens avec un parti islamiste radical, le Harakat ul-Mujahedin, organisation soupçonnée d’entretenir des liens avec Oussama ben Laden et son réseau terroriste Al Qaida. La police ajoutait que cinq personnes étaient détenues dans le cadre de l’enquête. Enfin, le 5 novembre, quatre nouvelles arrestations étaient effectuées. “Nous pensons avoir arrêté les principaux coupables”, a déclaré ce même jour un responsable de la police. Le principal suspect s’appellerait Obaidullah et habiterait à Yazman, près de Bahawalpur.