Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er septembre au 31 octobre 2001
Publié le 18/03/2010
Le coût des prochaines élections municipales du 3 février 2002, dans les 1 621 communes cambodgiennes, initiale-ment estimé à 24 millions de dollars, est revu à la baisse par le gouvernement à 15 millions. Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) l’estime pour sa part à 18 millions. Le gouvernement s’engage à débourser le tiers des frais (6,3 millions), pour le salaire de ses agents électoraux, montrant par là un « important engagement pour la démocratie
L’Allemagne, la Suède et les Pays-Bas ont fourni 2 249 000 dollars, spécialement pour l’achat d’ordinateurs et la formation des agents électoraux. La Grande-Bretagne s’est engagée à verser 730 000 dollars, le Canada 350 000, le Japon 3 millions, la Communauté européenne 2,7 millions. Le PNUD prévoit 830 000 dollars pour sa seule équipe de cinq conseillers.
A partir de la fin octobre, les salaires des agents électoraux sont pris sur l’aide japonaise, permettant au CNE de payer ses 215 permanents et ses 22 000 vacataires non rémunérés depuis le mois de juin.
La formation des observateurs du processus des élections est un enjeu considérable pour le pouvoir. Déjà en août, plusieurs instituteurs de la province de Koh Kong s’étaient vus interdire de recevoir un revenu supplémentaire en participant à l’observation des élections. « C’est une grave atteinte au droit de participation des citoyens aux affaires publiques s’insurge le président d’une association d’observation des élections. A la fin octobre, le ministère de l’Education nationale a interdit aux instituteurs de participer aux opérations d’observation des élections.
Au début octobre, le gouvernement australien a fait un don de 6 500 dollars au comité de coordination des 40 associa-tions locales de surveillance des élections. Ce comité allait se dissoudre faute de fonds. A cette date, le comité comptait 9 487 observateurs électoraux. Le Japon a également fait don de 213 243 dollars aux trois principales ONG cambod-giennes travaillant au bon déroulement des élections.
Entre les 15 et 17 octobre, sept partis ont déposé leurs listes de candidats, soit 76 243 personnes, dont 11 900 femmes. Tous ces candidats ont la nationalité khmère, sont âgés d’au moins 25 ans, savent lire et écrire le khmer. Outre les trois principaux partis, quatre petits partis sont entrés en lice.
– Le Prachéachon (PPC) (ex-communiste, au pouvoir) a déposé des listes comptant 25 781 candidats.
– Le FUNCINPEC (royaliste) présente 24 692 candidats. Le parti estime que la moitié de ses candidats seront élus.
– Le Parti de Sam Rainsy (PSR) présente plus de 24 430 candidats. Il espère remporter 500 postes de maires et 1 000 postes d’adjoints.
Quatre petits partis inconnus sont entrés en lice :
– Le Parti khmer Angkor : 24 candidats dans deux communes.
– Vongkot Khémarak Moha Nokor : 63 candidats dans cinq communes.
– Chamreun Niyum Khmer : 70 candidats dans quatre communes.
– Prachéatipatey Khmer : 809 candidats dans 51 communes.
Le PSR demande une nouvelle possibilité de déposer des listes de candidats : il estime en effet, qu’il en a été empê-ché en 120 communes. D’autre part, le PSR fait souvent mention d’intimidations politiques sur ses candidats.
Outre l’assassinat de trois de ses militants signalés dans la précédente livraison, le 21 septembre, un de ses candidats dans la province de Kompong Cham est tué par trois hommes masqués. Le même jour, un membre du PSR de Kompong Thom est battu par plusieurs hommes. Le 5 septembre, un membre du PSR de la province de Kompong Speu est arrêté, mais réussit à s’enfuir trois jours plus tard. A Chakrey, dans la province de Battambang, une vingtaine de militaires en armes abattent les pancartes du PSR nouvellement érigées, la même chose est signalée à Païlin, à Stoeung Trang. Le 20 octobre, dans une commune de Préah Vihéar, le chef de commune et celui du PPC local obligent les candidats du PSR à retirer leur candidature aux prochaines élections, sous menace de les accuser d’être membres du CFF. Dix sur 14 cèdent à la menace. Parfois, des membres du PPC enregistrent les numéros de cartes des électeurs, d’autres promettent des dons si les électeurs s’inscrivent au PPC, etc.
Le 12 octobre, les deux meurtriers d’un candidat PSR tué en juin dernier dans la province de Kompong Speu sont condamnés à 15 et 14 ans de prison. Le tribunal rejette la motivation politique. « Derrière les assassins, il y a un commanditaire qu’il faut amener devant la justice regrette le porte-parole du PSR.
Le FUNCINPEC et le PSR se plaignent de l’omniprésence du PPC à la télévision.
Le 6 septembre, le parlement européen déplore les « res-trictions continues » et « la violence systématique » à l’en-contre de l’opposition et souhaite l’envoi d’observateurs européens pour assister au processus électoral. A la même date, les différentes ONG d’observation des élections regrettent que ne soit pas prolongée la période d’inscription sur les listes électorales qui a donné lieu à de très nombreuses irrégularités au profit du pouvoir en place.
Son Chhay, membre du PSR, est destitué le 13 septembre de son poste de président de la 9e commission parlementaire chargée des travaux publics, des transports, de l’industrie et des télécommunications. C’était la seule commission parlementaire dont le président était un membre du PSR, au terme des accords sur le partage des pouvoirs, passés après les élections de 1998. Ses pairs du PPC et du FUNCINPEC lui interdisent l’accès à son bureau et, en son absence, élisent un nouveau président. Son Chhay avait osé critiquer So Khun, ministre des Postes et Télécommunications, qui reçoit 2 500 dollars en pots de vins mensuels versés par la société Mobitel. Il avait également dénoncé un contrat véreux de location de la route nationale 4 à la société DZ. Il fait appel au roi, instaurateur du partage des pouvoirs entre les trois partis. Le roi demande à son fils, président de l’Assemblée nationale, d’examiner la question. Ce dernier répond ne pas avoir de pouvoir pour changer la décision. Il fait enfin appel au Conseil constitutionnel qui se déclare incompétent et considère le problème comme interne à l’Assemblée nationale… Les ambassadeurs du Canada et des Etats-Unis critiquent cette démission, la qualifiant de contraire à la démocratie.
SECURITE
Depuis le début du mois de septembre, dans le cadre des mesures de « sécurité resserrée la police arrête de nombreuses personnes soupçonnées d’appartenir au mouvement des CFF (Combattants cambodgiens pour la liberté, auteur des attaques du 24 novembre 2000). Ainsi, le 19 septembre, plus d’une centaine d’ouvriers sont arrêtés, la plupart sont relâchés, faute de preuves. Du 6 septembre à la mi-octobre, 51 personnes sont incarcérées. On signale parmi les « suspects » plusieurs militaires appartenant à des partis politiques. David Chan et Ung Chan Dara sont les dernières personnes arrêtées à la frontière thaïlandaise. Ils devaient lancer des attaques sur Battambang le 16 septembre… Le FUNCINPEC et le PSR ainsi que des ONG de défense des droits de l’homme crient à la chasse aux sorcières avant les élections de 2002 et protestent contre les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces arrestations. La Commission pour les droits de l’homme de l’ONU s’inquiète et tente de vérifier la légalité des arrestations. Le 13 octobre, sept personnes de Bantéay Méan Chhey se rendent à la police, et déclarent être membres des CFF. Elles affirment avoir été trompées par leurs recruteurs qui leur promettaient de bons postes après la victoire. Elles ont été laissées en liberté.
Le 27 septembre, le FBI demande au gouvernement cambodgien de lui fournir des preuves sur l’implication de citoyens américains d’origine cambodgienne dans les CFF. Le 29 octobre, les agents du FBI perquisitionnent chez Chhun Yasith, fondateur des CFF, résidant à Long Beach (Californie). Il affirme n’avoir rien fait en violation avec les lois des Etats-Unis. Il est vrai que depuis les attaques du 11 septembre, les autorités américaines se montrent moins complaisantes aux mouvements d’opposition.
Le 18 octobre s’ouvre le procès de 28 présumés CFF. Les avocats n’ont pas pu s’entretenir avec leurs clients avant le jugement. Ils dénoncent des vices de forme : arrestations sans mandat, délai de deux semaines avant que les juges d’instruction ne soient saisis des dossiers, détention préventive de plus de 10 mois, etc. Les accusés se plaignent d’avoir été brutalisés par les policiers, d’avoir été trompés par les recruteurs du CFF qui leur ont promis du travail, puis, au dernier moment, leur ont mis des fusils entre les mains. Ils s’étonnent que ceux qui les ont dupés ne soient pas parmi les accusés. L’adresse de la personne les ayant dupés est cependant « parfaitement connue L’un d’entre eux affirme être un agent double, mandaté par un colonel des FARK pour infiltrer les CFF et présente une lettre de mission. Un fonctionnaire s’est rendu de lui-même, assuré par les plus autorités de l’Etat qu’il ne serait pas inquiété, en échange des informations qu’il apporterait, et lit une lettre d’amnistie du roi… alors qu’il n’était encore ni jugé ni condamné… Le verdict sera prononcé le 5 novembre.
De tout cela se dégage une curieuse impression de machination ourdie par le pouvoir qui aurait créé le CFF de toutes pièces pour arrêter ses opposants politiques aux prochaines élections, ou du moins trouver un bouc émissaire…
Neuf détenus suspectés d’être membres des CFF sont atteints de béribéri. Ils n’ont pas accès au minimum de soins médicaux reconnus par les conventions de l’ONU.
La Chine fait un don d’une valeur de 67 000 dollars pour les services d’investigation criminelle : ordinateurs, machines permettant de faire des analyses de sang, de tissus humains, de cheveux, d’autres permettant de relever les empreintes, d’expertiser les munitions.
La sécurité règne dans les campagnes, les paysans faisant justice par eux-mêmes. Dans le secteur d’O Réang Euv, province de Kompong Cham, les paysans étaient sans arrêts victimes de voleurs de bœufs. Ils ont arrêté le chef du gang, l’ont envoyé à la police qui l’a torturé, et avertit sa famille, quelque jours après sa mort. Désormais les autres membres du gang se tiennent sur leurs gardes. Le fait n’est pas isolé. On relève presque chaque semaine des cadavres de personnes exécutées flottant sur le Mékong, dont l’un portant l’écriteau : « Je suis un voleur de bœufs
Le 28 septembre, un général, arrêté en avril et inculpé pour fabrication de fausses cartes d’identité militaire, est condamné à un an de prison avec sursis…
REFUGIES MONTAGNARDS
Deux cent vingt montagnards ont fuit le Vietnam en septembre, portant le nombre des réfugiés à 709, dont 503 dans la seule province de Mondolkiri. Ils continuent à affirmer qu’une répression s’abat contre eux au Vietnam. Le 27 septembre, de sources judiciaires vietnamiennes, on apprend que 14 montagnards, en deux provinces, ont été condamnés à 6 et 11 ans de prison pour incitation à la révolte. Le Vietnam continue à interdire aux représentants du HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) l’accès aux régions concernées. A la fin du mois de septembre, le Cambodge et le Vietnam signent un accord de sécurité le long de leur frontière commune, afin de prévenir toute arrivée nouvelle de réfugiés.
Le 17 octobre, Hok Lundy, chef de la police nationale, accuse des militants du PSR de vendre des réfugiés montagnards au HCR. Le PSR et le HCR démentent. Cette pratique n’est pas nouvelle chez les policiers : à la fin septembre, ils ont ramené 70 réfugiés au HCR en réclamant, et obtenant, 300 dollars pour huit d’entre eux qu’ils menaçaient de reconduire à la frontière.
SAGA du jugement des ex-responsables Khmers rouges
Avant l’attaque du 11 septembre, des parlementaires américains rappelaient haut et fort l’obligation du Cambodge de se montrer conciliants dans l’établissement du tribunal devant juger les ex-responsables Khmers rouges. Depuis lors, l’ONU et les Etats-Unis ont d’autres préoccupations qui risquent de retarder, sinon annuler la tenue de ce tribunal.
Durant la première semaine d’octobre, le gouvernement cambodgien envoie une invitation à l’ONU pour demander de continuer les discussions sur le tribunal à « caractère international » devant juger les ex-responsables Khmers rouges. Sok An, ministre chargé du dossier, demande à Hans Corell, expert juridique de l’ONU, de revenir au Cambodge. Selon le gouvernement, il subsiste quelques points de détails à régler, mais pas de divergences sérieuses.
Nuon Chéa, ex-N° 2 des Khmers rouges, demande que le jugement se tienne le plus rapidement possible, car il a des problèmes de cœur et sa mémoire est défaillante. Il est âgé de 74 ans.
Le 14 septembre, le rédacteur du Cambodian Daily est condamné à payer une amende de 6 500 dollars à Hor Nam Hong, ministre cambodgien des Affaires étrangères, pour l’avoir soit-disant diffamé, en rapportant le rôle (on pourrait ajouter d’autres faits…) joué par le ministre dans le régime du Kampuchéa démocratique. Le ministre demandait un million de dollars…
Le 15 octobre, la Grande Bretagne dépose 560 000 dollars pour l’établissement du tribunal.
ECONOMIE
Au début du mois d’octobre, les représentants des pays donateurs, ceux de la Banque mondiale (BM) et ceux de la Banque asiatique pour le développement (BAD), tiennent une réunion à huis clos, sans participation du gouvernement, et stigmatisent l’inaction du gouvernement, le manque de progrès dans les réformes judiciaires, dans la lutte contre la corruption, dans la réforme de l’administration et le manque de progrès pour mettre fin au trafic de bois. Seul le représentant du Japon tente de défendre les réalisations gouvernementales.
Seize députés et sénateurs sont mis en examen pour avoir obtenu frauduleusement des visas à l’ambassade des Etats-Unis. Chaque visa établi au nom d’un membre de la famille de l’intéressé était revendu entre 15 000 et 20 000 dollars, à des personnes se faisant passer comme épouse, fille ou fils. Ce beau monde part en Amérique pour avoir une meilleure formation intellectuelle, un meilleur travail et de l’argent pour envoyer à la famille restée au Cambodge. « C’est contre la loi, mais c’est mieux que de se lancer dans le trafic de drogue dit un sénateur du PPC.
Malgré la suppression de 6 000 fonctionnaires « fantômes » des rôles de l’administration en 1999, leurs salaires continuent d’être versés régulièrement jusqu’au début septembre… ce qui provoque un coup de colère de Hun Sen.
Exportation de riz
Selon le ministère du Commerce, le coût élevé des transports, dû aux mauvaises routes, et de mystérieuses taxes douanières rendent le riz cambodgien inabordable pour les acheteurs. Par exemple, un container de 22 tonnes de riz revient à 900 dollars de plus qu’au Vietnam, à cause de ponctions aux postes de contrôles non officiels, à la douane, au port. Pour un container, les taxes douanières s’élèvent à 280 dollars, alors qu’elles sont nulles au Vietnam, l’« autorisation portuaire » est de 300 dollars, alors qu’elle est de 2,4 au Vietnam… « Les agriculteurs deviennent de plus en plus pauvres, chacun se sert le long du chemin « La qualité du riz est bonne, c’est clair La corruption doit être jugulée « Il en va de notre survie affirme le ministre du Commerce.
Le 2 octobre, le PNUD signe un accord portant sur 1,8 millions de dollars pour diriger le programme gouvernemental de cinq ans visant à réduire la pauvreté. Un programme intergouvernemental de coopération australien lance un projet en faisant appliquer aux paysans des méthodes agricoles modernes, en tentant de diversifier les cultures, les formant à l’élevage d’animaux domestiques. La deuxième phase du projet, commencé en juillet, est dotée d’un budget de 16 millions de dollars australiens.
A la mi-septembre est inauguré un canal de 10 km, à Kamping Pouey, dans la province de Battambang, permettant l’irrigation de près de 3 000 hectares. La construction du barrage avait commencé du temps des Khmers rouges, et causé de très nombreux morts. Les travaux de percement des canaux ont commencé en 1998. Le gouvernement italien a fait un don de 3,2 millions de dollars pour l’irrigation de 1 900 hectares, le gouvernement japonais fait un autre don pour irriguer 950 hectares. On espère que, lorsque les travaux seront achevés, 7 000 hectares seront irrigués.
Dons et prêts
La Suède débourse également 3,8 millions comme participation au programme d’ajustement structurel lancé par la BM.
Le 4 octobre, l’Agence japonaise de développement international (JICA) signe avec le ministre du Commerce cambodgien un projet d’étude portant sur 17 mois pour le développement de la région de Sihanoukville et des terrains le long des routes nationales 3 et 4.
La BAD promet une aide de 600 000 dollars d’assistance technique au gouvernement pour promouvoir le développement de l’agriculture, renforcer le marché, pour soutenir le secteur agricole.
L’ambassadeur des Etats-Unis fait un don de 15 000 dollars à l’une des bibliothèques nationales, pour la réparation de microfilms et pour l’achat d’un équipement de photocopie pour documents rares.
A la fin septembre, l’Union européenne débloque 4,2 millions d’euros pour les « populations vulnérables » du Cambodge, au travers de huit organisations humanitaires accréditées par l’intermédiaire d’Echo.
Le gouvernement sud-coréen accorde un prêt à faible taux d’intérêt de 34 millions de dollars pour la réparation et le fonctionnement d’un centre de formation professionnelle.
Le 5 octobre, la Canadian Bank lance sa carte bancaire Master Card. Elle coûte 25 dollars.
Textiles
Immédiatement après les attentats du 11 septembre, les commandes ont fortement chuté (10 à 15 % en deux jours). A la fin du mois d’octobre, les commandes reprennent peu à peu, car les concurrents asiatiques du Cambodge sont des pays à forte minorité musulmane qui ont manifesté leur soutien aux populations afghanes (Indonésie, Pakistan Bangladesh, Sri Lanka). Cependant, les acheteurs américains ne passent plus d’ordres qu’à très court terme. Les usines cambodgiennes, équipées en matériel vétuste, ne peuvent fournir les commandes à temps. Les usines tournent donc au ralenti. Plusieurs usines ont mis plus de 6 000 personnes en chômage technique. Van Sou Ieng, président du syndicat des patrons, en profite pour relancer l’idée des trois huit, sans supplément de salaire, afin de produire moins cher et plus rapidement. Il demande également l’accélération des procédures administratives.
Tourisme
Selon les conclusions d’un séminaire du CDRI (Institut pour le Développement des Ressources du Cambodge), tenu au début du mois d’octobre, le tourisme pourrait engendrer 100 000 emplois directs. Selon le CDRI, 22 % des visiteurs du Cambodge sont des « touristes sexuels 32 % des « touristes culturels 29 % des visiteurs pour affaires, 21 % des fonctionnaires en déplacement.
Suite aux attentats du 11 septembre à New York, le nombre des arrivées de touristes au Cambodge durant les mois de septembre et octobre a chuté de 20 % par rapport à l’an dernier. A Siemréap, on estime le déclin à 25 %. Mais comme de janvier à septembre le nombre des touristes chinois et coréens a augmenté de 30 %, le ministère du Tourisme place son espoir dans l’arrivée de touristes asiatiques, notamment japonais.
Le 14 octobre, un ATR 72 de la compagnie Siemréap Airways rate son atterrissage à Siemréap et s’arrête dans un champs au bout de la piste. Il est dégagé après trois jours. Apsara Autority estime avoir perdu 10 000 dollars par jour, le gouvernement entre 15 et 20 000 par défaut de paiement des taxes d’embarquement.
La RAC (Royal Air Cambodge) suspend temporairement ses activités par manque d’avions : faute de paiement, elle a dû rendre son dernier appareil, un Boeing 737-200 à la Malaysian Airline System qui le lui louait. L’entreprise aurait perdu 33 millions de dollars à cause de sa mauvaise gestion.
Les hôtels de luxe de Phnom Penh demandent des aménagements dans les remboursements des emprunts.
La municipalité de Phnom Penh et le ministère du Tourisme ont lancé la construction d’un palais des congrès, dans la presqu’île de Chruy Changvar, pour abriter plusieurs conférences et sommets internationaux en 2003. Etendue sur 9 000 m , cette construction est conçue uniquement par des architectes et ingénieurs cambodgiens, et coûtera 4,2 millions de dollars.
Démobilisation
Le 18 octobre, reprend l’opération de démobilisation de la pléthorique armée, avec le retour à la vie civile de 400 militaires à Kompong Chhnang. 4 800 hommes devraient être démobilisés en octobre, 9 000 en novembre et décembre, et 15 000 l’an prochain pour ramener l’armée à un nombre entre 70 000 et 80 000 hommes. Initialement, le gouvernement avançait des effectifs de 148 000 soldats, réduits à 131 500 après retrait de « soldats fantômes Les experts étrangers les estiment à moins de 100 000. Les opérations coûteront 42 millions de dollars. La BM en déboursera 18,5, le gouvernement 7,2 millions, le Japon 10, la Suède 2,4, le gouvernement néerlandais 1, le PAM 2. Chaque démobilisé reçoit 240 dollars, avec du riz pour un an, du poisson séché et de l’huile alimentaire, ainsi que quelques outils agricoles.
Les démobilisés se plaignent qu’on leur donne des aides en matériel qu’ils estiment surfacturées. Le 22 octobre, 100 soldats handicapés manifestent devant l’Assemblée nationale pour réclamer que la totalité de l’indemnité leur soit versée en argent liquide, soit 400 dollars, correspondant à deux années de solde.
Le 24 octobre, plus de 5 000 armes sont détruites à Païlin, ancien bastion Khmer rouge. « Nous ne faisons pas que mettre le feu à nos armes, nous brûlons également nos haines dit un représentant de la municipalité.
Inondation
Pour être moins dramatique que celle de l’an dernier, l’inondation de cette année n’en a pas moins causé des dégâts recensés par les autorités : 62 morts, 192 284 familles sans toit, soit 2 1221 952 victimes. Le gouverne-ment et les ONG ont distribué des vivres à 155 299 familles. La crue a entraîné la destruction de 139 113 hectares de riz, et en a endommagé 179 188 autres, sur un total de 584 908. 39 kilomètres de routes nationales ont été endommagés ou détruits, ainsi que 7 937 km de routes secondaires, 175 ponts, 911 écoles, 45 centres de santé, 340 pagodes ont subi des dégâts variés.
Les 8-11 octobre, la rivière Prek Thnot sort de son lit, provoquant la mort de 2 personnes, emportant 13 ponts, coupant 4 digues. Ces inondations sont à mettre directement en rapport avec la déforestation de la région.
Le 11 septembre, le Japon fait don de 6 750 couvertures et 200 bâches plastiques pour une valeur de 166 500 dollars, et 100 000 dollars en liquide au Comité national pour les catastrophes naturelles. Les Etats-Unis font un don de 25 000 dollars pour l’aide d’urgence. Le 3 octobre, le Canada octroie 63 610 dollars pour aider les personnes qui ont dû fuir leur maison. Le gouvernement britannique s’engage à verser 219 000 dollars, par l’intermédiaire du CICR.
Le 1er novembre, la FAO s’engage à fournir 2 000 tonnes de semences de riz IR66 et IOR72, pour une valeur de 4 500 000 dollars, qui seront distribuées à environ 60 000 familles des zones les plus sinistrées par les inondations, ce qui permettra de cultiver 28 570 hectares. Le même jour, le Japon octroie 43 000 dollars pour acheter 234 tonnes de riz, destinées à être distribuées dans les provinces de Svay Rieng et Kandal.
SOCIETE
Santé
Des hôpitaux canadiens et américains font don d’un million de dollars à l’hôpital Préah Ket Méaléa par le biais de deux associations : Clear Path et Mouvement national islamique pour la démocratie du Cambodge. Cet hôpital, construit dans les années 1920, est devenu un hôpital militaire complètement délabré et insalubre.
Le 2 novembre est inauguré le centre de cardiologie, par le roi, le Premier ministre, et Bernard Kouchner, ministre français de la Santé. C’est un projet à 100 % français, initié par l’association La chaîne de l’Espoir et le professeur Deloche. L’hôpital est construit et aménagé au coût de 5,4 millions de dollars. Il pourra opérer 1 000 personnes et donner 20 000 consultations par an. Le bruit court, qu’en sous-main, un infirmier doit verser 1 000 dollars pour y être embauché…
A la fin du mois de septembre, CARE Cambodge annonce la mise en place d’un programme d’éducation sexuelle pour 30 000 femmes, dans 15 usines de Phnom Penh. Ce programme coûte 610 000 dollars.
Le 25 octobre, le programme de l’Union européenne pour la lutte contre le paludisme remet 10 000 moustiquaires au roi Sihanouk, pour une valeur de 50 000 dollars.
Drogue
Avec la crise afghane, le trafic de drogue semble se déplacer en Asie du Sud-Est, et notamment au Cambodge qui en devient la plaque tournante. Son système judiciaire quasi inexistant, ses frontières poreuses, la tolérance de la société khmère attirent les trafiquants qui encourent peu de risques au Cambodge. En mars 2001, un rapport de l’ONU donnait le Cambodge comme l’un des principaux pays fournisseurs de marijuana, trafic qui rapporte plus que l’industrie textile, principale exportation du pays.
Le 3 octobre, quatre personnes sont arrêtées, dont le colonel Sok Sophéak, adjoint du secrétaire général de l’Autorité nationale responsable de la lutte contre les stupéfiants. 10 000 cachets d’amphétamine, pour une valeur de 100 000 dollars, sont saisis. La drogue aurait été produite aux Pays-Bas, et aurait transité par la Malaisie. Le général Em Sam An, secrétaire de l’Autorité, est limogé.
A la mi-octobre, la police saisit 2 600 pilules d’amphétamines sur deux suspects, à la frontière thaïlandaise.
La vente d’enfants, un trafic juteux
Suite à un jugement rendu par la cour municipale de Phnom Penh, le 17 octobre, la LICADHO (Ligue cambodgienne de défense des droits de l’homme) a remis officiellement les 13 enfants orphelins que l’on soupçonnait être objet d’un trafic, à l’association AOA (Asian Orphan’s Association), à la colère de la ministre des Affaires féminines. Cependant, le 18 octobre, quatre personnes de sont inculpées : deux femmes et un homme travaillant dans une clinique, et une femme travaillant à . faisait de la publici-té sur Internet. Sept familles américaines en fin de procédu-re d’adoption sont bloquées sur le territoire cambodgien pour enquête par le service d’immigration et de naturalisa-tion de l’ambassade des Etats-Unis. « Nous ne voulons pas prendre un enfant volé à leur mère affirment certains adoptants. Ils ont fait confiance à leur agence, au gouverne-ment cambodgien et au facilitateur… Entre le 15 juin et le début octobre, l’ambassade des Etats-Unis a accordé une centaine de visas pour adoption par mois. Désormais, l’am-bassade examinera avec attention la provenance des « or-phelins ce qui demandera un délai d’au moins deux mois.
Des mères cambodgiennes prétendent avoir été leurrées par les agents de l’association AOA qui leur auraient proposé tantôt de soigner leurs enfants, tantôt de leur faire passer gratuitement un test HIV, tantôt de les acheter pour leur assurer un avenir meilleur à l’étranger. Cette pratique s’apparente à un kidnapping. Un véritable réseau est mis en place. Les rabatteurs touchent 10 dollars, la mère touche parfois 50 dollars, l’enfant est revendu 18 000 dollars… La différence tombe dans la poche de fonctionnaires haut placés.
Des sites Internet, notamment Angel’s Haven, permettent de sélectionner les enfants adoptables, dans un « supermarché de l’enfant donnant des comparaisons entre les différentes agences, les photos, etc. Il en coûte entre 10 000 et 16 000 dollars. Un site signale qu’au Cambodge, pour sept garçons adoptables, il n’y a qu’une seule fille. Le 15 juin 2000, Hun Sen avait suspendu les adoptions d’enfants cambodgiens par les étrangers. En mars 2001, un sous-décret (N° 29 ANK/BK) tentait de mettre de l’ordre dans des pratiques douteuses, mais selon les spécialistes, rien n’est changé, personne n’a été inquiété. « La procédure est plus longue, sauf pour les Américains
Le Sénat américain approuve un don de 18,5 millions de dollars en aide directe au ministère cambodgien des Affaires féminines, pour l’aider à lutter contre le trafic d’êtres humains.
Education
Six instituteurs, sur les onze que comprend l’école de Bantéay Méan Chhey qui, en mai, avaient protesté contre la corruption de leur direction, sont mutés à 70 km de leur école. Il saisissent plusieurs associations des droits de l’homme. Plus de 15 000 dollars auraient disparus de la caisse de l’école…
Grâce au programme d’action prioritaire mené dans dix provinces, davantage d’écoles ont ouvert leur portes et davantage d’enfants sont inscrits. Selon les chiffres officiels, le pays compte actuellement 5 483 écoles primaires, soit 103 de plus que l’an dernier, et 503 collèges, soit 16 nouveaux. Les enfants inscrits en première année sont 21,4 % de plus que l’an dernier. Les abandons sont importants, mais ont chuté de 1,2 %. Le ministère a recensé 2 637 classes d’alphabétisation pour adultes, soit 180 de plus que l’an dernier.
Le budget de l’Education nationale est passé de 1,7 % en 2000 à 11 % en 2001 (celui de l’armée et de la sécurité à 30 %). Il passera à 17,5 % en 2002. Les membres de l’Association cambodgienne indépendante des enseignants demande un revalorisation de leur salaire, le faisant passer de 25 à 100 dollars par mois. C’est, selon l’association, le seul moyen de doter le pays d’un système éducatif valable.
Religion
Le 4 octobre, après une rencontre avec un représentant de l’ambassade américaine, le ministère des Cultes publie une circulaire stipulant qu’il est strictement interdit aux musulmans de se réunir dans l’intention de revendiquer toute chose qui pourrait créer des désordres publics, de loger des étrangers dans les mosquées pour y conduire des activités autres que cultuelles, d’afficher des portraits de héros islamiques… Le 12 octobre, Hun Sen, Premier ministre, critique violemment cette circulaire qui viole, selon lui, les droits des musulmans. Cependant, près des mosquées, construites avec des fonds venus d’Arabie saoudite, on commence à voir apparaître des femmes voilées de noir, des établissements pour la formation des jeunes Chams.
Mouvements sociaux
Pour le cinquième jour, le 13 octobre, les 500 ouvriers de l’usine Kun Mao Hsing sont en grève. Ils demandent une indemnité de transport de cinq dollars par mois, car leur usine s’est déplacée à 23 km de Phnom Penh.
Le 24 octobre, 400 ouvriers de l’usine de confection textile DA Corporation entrent en grève pour protester contre l’annonce du licenciement d’une centaine d’employés. Un policier gardien de la voiture du patron sud-coréen attise la colère des manifestants en brandissant son pistolet. Il doit remettre son arme dans son fourreau. La direction avait promis un salaire journalier de 1 dollar (7,5 FF), mais durant le dernier mois, de 26 jours ouvrables, les ouvriers n’ont reçu un salaire allant de 12 à 25 dollars, bien au dessous du salaire minimum (40 dollars).
Le 24 octobre, une partie du personnel du casino flottant Naga menace de faire grève s’il n’obtient pas satisfaction sur 23 revendications, notamment une augmentation des salaires et des primes promises. Mais, vu la proximité de la fête des eaux et de l’anniversaire du roi, la municipalité interdit la manifestation.
Le 7 octobre, une centaine d’ouvrières de l’usine de confection San San sont intoxiquées après avoir respiré des effluves de produits chimiques servant à traiter les tissus. Dix ont perdu connaissance, d’autres ont été victimes de vomissements… Certaines n’excluent pas la possibilité de la vengeance d’un génie local, terriblement en colère, apparu à certaines en rêve…
Fête des eaux
Les 29 et 30 novembre, environ 400 pirogues, dont 55 à godilles et 345 à pagaies, avec 24 145 rameurs et 632 femmes, disputent les traditionnelles courses marquant l’inversement du cours du Tonlé Sap. Cette année, la fête des eaux coïncide avec l’anniversaire du roi qui fête ses 79 ans et entre dans sa 80e année. Environ deux millions de personnes ont confluées vers la capitale. La presqu’île de Chruy Changvar, dont les berges ont été nouvellement aménagées, a permis à la foule de contempler le spectacle, ainsi que les fastueux feux d’artifice. Des courses moins importantes ont eu lieu à la même date à Siemréap. Pour la circonstance, les maisons closes sont en principe fermées pour éviter la contamination par le sida. L’association Coffrel d’observation des élections en profite pour distribuer 50 000 posters et tracts, avec 102 questions, pour expliquer en quoi consistent les droits de l’homme, la liberté, la démocratie, les nouveaux conseils municipaux… Le Japon a financé cette campagne avec 4 500 dollars pour l’édition de ce matériel.
DIVERS
Le 7 septembre, le Lynn, un cargo de 67 mètres, transportant 650 tonnes de cuivre, sombre au large des côtes chypriotes. Le 24 septembre, le Yuantong n° 1, battant pavillon cambodgien, transportant 65 tonnes d’hydrocarbures, entre en collision avec un bateau chinois au large du Nord-Est de la Chine. Un marin cambodgien est porté disparu. Le 16 octobre, un cargo de 4 500 tonnes, portant le pavillon cambodgien, sombre en Mer rouge. Les onze membres de l’équipage, tous syriens, sont secourus par un autre bateau. La compagnie d’enregistrement Cambodia Shipping Registry, créée en 1994, compte 500 bateaux.
La carte du Cambodge du musée de Toul Sleng, construite avec des crânes humains, sera remplacée par une carte prise de satellite situant les 19 440 charniers disséminés dans le pays, les 167 prisons, les 77 monuments élevés à la mémoire des victimes.
Hun Sen se dit prêt à reconnaître le futur régime de Kaboul et propose l’envoi de démineurs cambodgiens. Il promet également de geler les avoirs éventuel de groupes terroristes au Cambodge.
Sichan Siv, ressortissant américain d’origine cambodgienne, devient représentant des Etats-Unis au Conseil économique et social des Nations Unies. Réfugié en Thaïlande en 1976, il a suivi le cursus universitaire de Columbia, et occupait récemment le poste de conseiller auprès de l’Institut républicain international.
Après deux mois de tournée aux Etats-Unis, sept des 42 danseurs du ballet royal refusent de rentrer au pays, suivant l’exemple des 23 artistes et sportifs restés au Canada il y trois mois. En 1990, cinq membres d’une délégation artistique étaient déjà restés aux Etats-Unis. Cependant, quatre d’entre eux penseraient rentrer au pays, « car la situation des Etats-Unis n’est guère favorable en ce moment ».
Des bouddhas en grès en parfait état, dont certains ornementés de perles de jade figurant les yeux, sont découverts sur le site d’Angkor.
L’association Human Rights Watch décerne un prix à Kong Bun Chhoeun et Chan Mony, écrivains cambodgiens. Kong Bun Chhoeun pour son livre Le destin de Marina (victime à l’acide de Mme Kong Sophâl). Chan Mony, reporter à Evenings News, a été blessé lors de l’attaque du 30 mars 1997 contre une manifestation pacifique du PSR. Tous deux dénoncent l’impunité de ces deux crimes.
Les boulistes de l’équipe nationale décrochent une médaille d’or, une d’argent et une de bronze aux 21e Jeux du Sud-Est asiatique à Kuala Lumpur. Trois médailles de bronze sont remportées l’une par l’athlète de boxe anglaise et les deux autres par ceux de taekwondo. Malgré ces victoires, le Cambodge se classe avant-dernier de l’ensemble des dix nations. Une chaîne de télévision se proposait de donner 7 700 dollars pour une médaille de bronze, 12 800 pour une d’argent, et 25 000 pour une d’or. Le gouvernement s’engageait à verser 10 000 dollars pour la médaille d’or.