Eglises d'Asie – Bangladesh
Un prêtre catholique se fait nomade’ pour se mettre au service des gens du voyage musulmans
Publié le 18/03/2010
Une année après son arrivée au Bangladesh, le P. Rossi a commencé son travail auprès des gens du voyage du diocèse de Khulna, à 335 km au sud-ouest de Dacca. Son premier contact a été avec un groupe de 80 familles installées sous des tentes. Peu à peu, il a noué une amitié avec des nomades installés près du village de Kanainagar, réussissant à se faire accepter par eux. Plus tard, il a poursuivi ses contacts avec ce peuple en voyageant durant deux mois à partir de Barisal, à 110 km au sud de Dacca, sur les canaux et les bras de rivière qui mènent au golfe du Bengale.
A Patuakhali, près du golfe du Bengale, la plupart des gens du voyage vivent sur des bateaux. La partie avant de leurs embarcations sert de salle à vivre durant la journée puis de chambre à coucher pour les enfants la nuit tombée. La partie centrale du bateau sert de salle à manger et de chambre à coucher pour les parents. Les jeunes filles vivent à l’arrière où elles font la cuisine. Le prêtre s’est également attaché à rencontrer les communautés nomades de Jessore et de Magura, deux districts importants du diocèse de Khulna. Là, les gens du voyage vivent sous des tentes ou de simples abris faits de bambous et de morceaux de plastique. « La vie s’y déroule plus ou moins comme sur leurs bateaux. Ils arrangent leurs maisons de façon bizarre mais, pour finir, très rationnelle. » Ils sont pauvres, en général, méprisés par la population et leur vie est difficile, souligne le prêtre, ajoutant qu’illettrés, ils ont peu de chance de pouvoir s’en sortir. Ils vivent des spectacles qu’ils donnent avec des serpents, des singes ou d’autres animaux. Ils vendent des amulettes, des bibelots et des bracelets. Ils proposent aussi des médicaments à base de plantes, de racines ou d’écorces concoctés selon des formules ancestrales. Certains pêchent et vendent le produit de leur pêche, explique le P. Rossi qui a mené un certain nombre de recherches en ethnologie à leur sujet : « Ils travaillent du matin au soir. Les mères attachent les bébés sur leur dos. Ils reviennent à leurs bateaux le soir pour cuisiner, manger et dormir. Ils ont peu d’occasion de se détendre. Parfois, les jeunes vont au cinéma. »
Dans un Bangladesh à majorité musulmane, la plupart des gens du voyage sont musulmans mais, explique le P. Rossi, l’objet de sa présence n’est pas de les convertir au christianisme. Sa priorité est seulement d’être une « présence » chrétienne auprès d’eux et un soutien au simple développement humain. Il a ouvert une petite école « au fil de l’eau » sur un bateau et espère que des religieuses et des religieux bangladais viendront le rejoindre dans son ministère. S’ils veulent se consacrer à l’éducation ou aux soins médicaux, les prêtres et les religieuses devront vivre de longue période ou même en permanence sur un bateau ou sous la tente. Plusieurs ONG ont offert leurs services aux « écoles flottantes ». Déjà un chrétien dirige une classe. Selon le P. Rossi, les gens du voyage sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter le nomadisme pour se consacrer à l’avenir de leurs enfants : « Devenus sédentaires et terriens’, ils ne veulent plus que leurs enfants deviennent charmeurs de serpents ».