Eglises d'Asie

A l’approche des élections législatives du 5 décembre prochain, les évêques catholiques invitent les Sri Lankais à voter et rejeter la violence

Publié le 18/03/2010




Pour la troisième fois en trois ans et 14 mois seulement après les dernières consultations électorales, les électeurs sri-lankais se rendront à nouveau aux urnes, le mercredi 5 décembre 2001, pour désigner leurs députés. Dans le climat d’incertitude qui règne dans le pays quant à l’issue de ces élections, la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka appelle tous les dirigeants civils et religieux à faire preuve d’initiatives en vue d’inciter les gens à voter et afin que les opérations électorales se déroulent dans le calme. “Nous ne donnons à personne d’indication de vote, mais nous insistons pour que des hommes et des femmes honnêtes, intègres et capables, pourvus d’une conscience morale, soient élus au Parlement”, pouvait-on lire dans le communiqué rendu public le 20 novembre par Mgr Oswald Gomis, évêque d’Anuradhapura et président de la Conférence épiscopale (1).

Les évêques catholiques se sont toutefois abstenus de désigner nominativement les candidats à éviter du fait de leur implication dans des actes violents. Lors des précédentes élections, 71 personnes, dont une bonne partie étaient des candidats aux élections, ont été tuées, soupçonnées de se livrer à des malversations électorales. Cette année, pour les seules circonscriptions de Colombo, près de 600 candidats se disputent 21 sièges et, le 17 novembre dernier, un candidat, membre de l’opposition, a été assassiné par des hommes de main.

Représentant 7 % de la population, les catholiques, et en premier lieu leurs prêtres, sont sollicités par les multiples candidats en présence. Les principaux partis sont ainsi venus présenter leurs plate-formes politiques respectives à Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo. La Conférence épiscopale a donc publié un mémento à l’usage des prêtres qui recevraient la visite de candidats à la députation au cours de la campagne électorale. “Accueillez-les et donnez-leur votre bénédiction dans votre presbytère, mais non dans l’église, et soyez sûr de bien leur faire passer le message selon lequel l’Eglise attend des députés qu’ils soient honnêtes, au-dessus de tout soupçon et qu’ils aient conscience d’être au service du peuple”, peut-on lire dans ce fascicule. Mgr Vianney Fernando, évêque de Kandy, a précisé : “Nous n’empêchons pas les fidèles d’être activement engagés en politique, au contraire, car c’est là leur droit et leur devoir, mais le clergé ne doit en aucune façon soutenir et apparaître comme soutenant un parti politique plutôt qu’un autre.”

La crise politique qui est à l’origine des élections du 5 décembre remonte au mois de juin dernier lorsqu’un petit parti politique, d’obédience musulmane, jusque là allié de la coalition de la présidente Chandrika Kumaratunga, est passé à l’opposition (2). La présidente, ayant perdu sa majorité, a malgré tout continué à diriger le pays, ordonnant le 10 juillet une suspension du parlement pour une durée de deux mois. En août, elle a appelé à la tenue d’un référendum sur la Constitution, initiative qu’elle a fini, sous la pression de l’opposition et de groupements civiques et religieux – dont l’Eglise catholique (3) -, par repousser puis par abandonner. Finalement, après deux mois de vacance, le parlement a été de nouveau appelé à siéger, la présidente ayant réussi à faire alliance avec un parti d’opposition d’obédience marxiste. En octobre, à la veille d’un débat sur une motion de censure, le passage à l’opposition de sept députés a de nouveau fait perdre sa majorité au gouvernement de Chandrika Kumaratunga. Face à cette déroute politique, la présidente s’est finalement résolue à dissoudre le parlement et à convoquer de nouvelles élections législatives. Dans l’intervalle, les négociations visant à trouver une issue au conflit qui opposent depuis 18 ans les forces armées gouvernementales aux Tigres tamouls n’ont pas avancé (4). Depuis 1983, ce conflit a causé la mort de plus de 63 000 personnes – dont 1 800 au cours de ces sept derniers mois, une période pourtant caractérisée par l’absence, de part et d’autre, d’offensive majeure.