Eglises d'Asie

COMMUNIQUE DES EVEQUES CATHOLIQUES DU SRI LANKA A L’OCCASION DES ELECTIONS LEGISLATIVES DU 5 DECEMBRE 2001

Publié le 18/03/2010




Nous, en tant que Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka, souhaitons attirer l’attention de notre peuple sur certains aspects relatifs à la tenue d’élections libres et équitables pour la sauvegarde de la démocratie et afin d’assurer le développement du pays et de sa population.

Les Sri Lankais sont invités à se rendre aux urnes le 5 décembre afin d’élire leurs représentants au Parlement. Le bien-être immédiat de la nation dans les domaines politique, moral, social et économique dépendra très largement du choix que le peuple exprimera et des représentants qu’il se donnera. Dans toute nation démocratique, le peuple est souverain et cette souveraineté est inscrite dans la constitution du pays. Cette souveraineté est exercée à certaines périodes par le libre exercice de droit de vote. Par conséquent, la liberté d’exercer ce droit de vote est fondamentale pour le fonctionnement de la démocratie. C’est un droit fondamental qui est inscrit dans la Constitution et qui doit être préservé et garanti. Toute tentative visant à empêcher ou à limiter l’exercice de ce droit par quelque moyen que ce soit constitue un déni flagrant de démocratie et doit être fermement condamné.

Malheureusement, le Sri Lanka connaît une grave et profonde détérioration de sa situation à cet égard. A chaque élection, il semble que nous évoluions de plus en plus sur une pente déclinante à tel point que l’exercice du droit de vote ne représente purement et simplement qu’un travestissement de la souveraineté populaire. Loin de représenter la libre expression de la volonté du peuple en vue de choisir un gouvernement, que ce soit pour confirmer l’équipe dirigeante en place ou bien pour en changer, les élections deviennent une gigantesque fraude caractérisée par l’intimidation, le dénigrement, l’assassinat, l’agissement de bandes armées, le truquage du vote, la manipulation des listes électorales, le bourrage des urnes, la destruction de biens publics et privés et toutes sortes d’abus de cette nature. Un processus débilitant de politisation a affecté et perturbé le bon fonctionnement des organes vitaux de l’Etat. Le vote en échange de services a achevé d’aggraver le processus par des distorsions supplémentaires, des divisions et des heurts, que ce soit à l’intérieur des partis ou entre les partis politiques.

Tandis que la nation doit faire face à une grave situation de guerre, d’instabilité économique, de criminalité et de décadence morale, avec tout ce que cela comporte de maux sociaux, nos dirigeants politiques semblent n’être soucieux que de leur victoire personnelle ou de celle de leur parti. Les interventions de certains dirigeants de parti et de candidats sont, pour dire le moins, tragi-comiques. Leur attention ne semble être retenue que par l’aspect superficiel des choses ou des trivialités sans rapport avec les problèmes qui affectent le bien-être de la nation. Cela nous rappelle l’attitude de Néron qui filait des vers tandis que Rome était en flammes.

Tous ceux qui croient dans le processus démocratique souhaitent que les élections se déroulent dans un climat de non-violence où chacun puisse voter librement pour le candidat de son choix. Et seules des élections propres et impartiales inspireront aux gens un respect vrai et sain pour les institutions et confirmeront leur confiance dans les urnes comme instrument acceptable pour organiser le changement politique. Que les gens ne placent plus leur confiance dans le processus démocratique et l’avenir paraîtra bien mal engagé.

En tant que citoyens, nous avons tous un devoir, celui d’exercer notre droit de vote et de jouer un rôle actif dans la vie politique de la nation. Nous ne donnons aucune indication de vote aux gens, aucune indication pour leur dire pour qui ils doivent voter mais nous insistons pour que des hommes et des femmes honnêtes, intègres et capables, dotés d’une conscience morale droite, soient élus. Cet appel ne se veut ni partisan ni sectaire mais en faveur d’une revitalisation de la démocratie et d’un renouveau de la culture politique.

La vigilance est l’autre face de la liberté. Par conséquent, nous appelons tous les dirigeants civiques et religieux à éduquer notre peuple afin de préserver la loi et l’ordre et à ne pas se laisser emporter par la culture de la violence qui a miné notre univers politique. La formation de comités de paix peut certainement jouer un rôle important pour assurer un climat de paix avant, pendant et après les élections. Ces comités de paix peuvent aider les organisations non gouvernementales à observer et à conduire des élections libres et justes.

Nous appelons tous les dirigeants des partis politiques de ce pays, les candidats en lice et leurs partisans à renoncer à toute forme de violence et d’activité illégale afin de contribuer à la tenue d’élections libres et justes. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté à respecter les lois et l’ordre et à défendre les valeurs démocratiques. Enfin, nous confions l’avenir de notre pays à Notre Dame de Lanka et nous exhortons tous les chrétiens à prier avec ferveur et à travailler sans relâche pour la paix et la prospérité de notre patrie bien aimée.