Eglises d'Asie

Dimanche 9 décembre 2001, les ordinations sacerdotales de quatre jeunes diacres seront les premières ordinations de candidats au sacerdoce formés au Cambodge depuis près de 30 ans

Publié le 18/03/2010




Dimanche 9 décembre 2001, l’Eglise au Cambodge aura les yeux tournés vers la paroisse Saint Joseph de Phnom Penh. Là, devant 70 prêtres (les 41 prêtres présents dans le pays et des invités venus de l’étranger) et en présence d’environ 3 000 fidèles venus des trois circonscriptions ecclésiastiques du Cambodge (soit le dixième de tous les catholiques du pays), Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh et membre des Missions Etrangères de Paris (MEP), ordonnera prêtres quatre séminaristes cambodgiens. Mgr Destombes sera entouré de Mgr Anthonysamy Susairaj, MEP, préfet apostolique de Kompong Cham, et de Mgr Enrique Figaredo, SJ, préfet apostolique de Battambang. Ordonnés diacres en juin dernier (1), Un Son, 41 ans, Lay Paul, 41 ans, Ngaet Viney, 32 ans, et Soun Hangly, 31 ans, rejoindront le P. Pierre Tunlop Sophal, ordonné en 1995, et les quarante missionnaires appartenant à plus de quinze nationalités différentes au service de cette Eglise. On se souvient que toute forme de vie religieuse fut officiellement supprimée au Cambodge durant la période khmer rouge (1975-1979) et que, sous l’occupation vietnamienne (1979-1989), toute pratique religieuse était interdite. Au temps des Khmers Rouges, tout le clergé autochtone fut massacré ou périt des suites de mauvais traitements.

Célébrée en plein air, la cérémonie sera suivie d’un grand repas commun puis d’un spectacle de danses préparé par les catholiques des différentes paroisses du Cambodge. Selon le P. Bruno Cosme, MEP, vicaire général de Phnom Penh, les quatre nouveaux prêtres, une fois ordonnés, mèneront leur apostolat à la fois en milieu chrétien et en milieu bouddhiste. Un Son et Suon Hangly serviront dans le vicariat apostolique de Phnom Penh, le premier en tant que vicaire d’une paroisse de la capitale et le second à Kampot où il retrouvera un prêtre français. Kampot est un nouveau lieu d’implantation missionnaire où ne se trouve aucune présence chrétienne (avant 1975, le monastère de Kep, fondation des bénédictins de la Pierre-Qui-Vire, en France, était installé dans la région mais a été totalement détruit pendant la guerre). Dans la préfecture apostolique de Battambang, Ngaet Viney sera vicaire à la paroisse de Kompong Thom. Enfin, dans la préfecture apostolique de Kompong Cham, la paroisse de Kompong Cham accueillera Lay Paul.

Pour le P. Cosme, ces ordinations représentent un défi. Au moment où quatre prêtres sont ordonnés, trois nouveaux séminaristes entrent en formation. “Il faudra donc attendre à peu près huit ans avant les prochaines ordinations”, souligne-t-il, le temps nécessaire à leur formation. Le niveau de formation générale étant très faible aujourd’hui au Cambodge, le séminaire doit d’abord assurer une formation intellectuelle générale avant de passer à l’étude de la philosophie et de la théologie.

Pour tenter de répondre à la question des vocations, l’Eglise s’est dotée depuis deux ans d’un Service national des vocations. Cette année, autour de cinq prêtres, une quinzaine de jeunes réfléchissent sur la vocation sacerdotale. “Les jeunes découvrent une manière de partager leurs expériences d’une façon profonde et sincère, précise le P. Cosme. Du côté féminin, un nombre pratiquement équivalent de jeunes filles se retrouve régulièrement avec des religieuses de différentes congrégations (2). Actuellement, deux jeunes filles sont en formation à Kompong Cham pour devenir religieuses.”

En lien avec une population extrêmement jeune, l’Eglise est amenée à s’intéresser de près à tout ce qui touche à la formation. Formation chrétienne des catéchistes, des chrétiens jeunes et anciens ainsi que des néophytes bien sûr, mais aussi formation scolaire et universitaire des jeunes. De nombreux foyers d’étudiants tenus par l’Eglise existent un peu partout et accueillent aussi bien des chrétiens que des bouddhistes. L’Eglise ne dispose pas aujourd’hui d’écoles catholiques d’enseignement général mais les salésiens animent des écoles catholiques d’enseignement professionnel (secrétariat, mécanique, électricité, couture, travaux ménagers). Ainsi que le rapporte le P. Cosme, cette présence chrétienne auprès des jeunes est très souvent à l’origine de leur entrée dans l’Eglise.