Eglises d'Asie

Selon le ministre chinois des Affaires étrangères, des excuses du pape pour les canonisations du 1er octobre 2000 sont un préalable à la normalisation des relations diplomatiques avec le Vatican

Publié le 18/03/2010




Dans un entretien accordé au quotidien turinois La Stampa, en date du 24 novembre dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Tang Jiaxuan, a déclaré que le pape Jean-Paul II devait présenter des excuses pour la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine avant que des relations diplomatiques soient établies entre la Chine et le Saint-Siège. Arguant de la non-responsabilité de la Chine face à l’échec des négociations entre Pékin et le Vatican, le ministre chinois a ainsi officialisé ce qui était devenu officieux depuis la demande de pardon offerte par le pape Jean-Paul II le 24 octobre dernier à Rome (1). Outre les deux traditionnelles conditions que la Chine met à la normalisation de ses relations avec le Saint-Siège (rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Taiwan et non-ingérence du Vatican dans les affaires religieuses intérieures de la Chine), le ministre a déclaré : “Les canonisations ont sérieusement outragé le peuple chinois et nous demandons des excuses. Le Vatican connaît parfaitement notre position à ce sujet.”

Pour officielle qu’elle soit, la déclaration du ministre chinois des Affaires étrangères ne constitue pas véritablement une nouveauté. Dès le lendemain du discours prononcé à Rome le 24 octobre où Jean-Paul II demandait pardon au nom de l’Eglise catholique pour les erreurs commises “par certains de ses membres”, un porte-parole du même ministère qualifiait le discours de Jean-Paul II de geste positif mais insuffisant car la demande de pardon n’incluait pas les canonisations du 1er octobre 2000. Selon certains observateurs de l’Eglise en Chine, cette troisième et nouvelle condition mise par la Chine à la normalisation de ses relations avec le Saint-Siège s’apparente à une manœuvre dilatoire. Sœur Beatrice Leung Kit-fun, professeur à l’université Lingnan de Hongkong, estime ainsi que “si la Chine demande des excuses, elle devrait le faire auprès des puissances coloniales qui ont directement envahi la Chine”, mais, ajoute-t-elle, en 2001 “la Chine ne dit rien à propos de ces anciennes puissances impérialistes et coloniales qui sont devenues aujourd’hui ses partenaires commerciaux. A la place, elle demande des excuses à l’Eglise catholique”.

De l’avis de certains observateurs, il est peu probable que des changements majeurs interviennent à propos de la normalisation des relations entre la Chine populaire et le Saint-Siège avant la fin 2002. A l’automne 2002, en effet, le Parti communiste chinois se réunira en congrès et, à cette occasion, la direction actuelle du Parti et du gouvernement doit céder la place à “une nouvelle génération” de dirigeants. Les manœuvres internes au Parti qui précédent ce genre d’événement ne sont habituellement pas propices à des innovations importantes et visibles de l’extérieur.