Eglises d'Asie

Des juges et des avocats s’unissent pour lutter contre les sévices dont les femmes sont trop souvent victimes

Publié le 18/03/2010




Des juges et des avocats demandent une action rapide pour mettre fin aux abus dont les femmes sont de plus en plus souvent victimes dans un pays à majorité musulmane où, pourtant, l’actuel Premier ministre et son prédécesseur sont des femmes (1). Un mouvement social fortement organisé et l’utilisation efficace des lois existantes sont nécessaires pour enrayer le nombre croissant des sévices subis par les femmes, ont déclaré à Dacca, le 23 novembre dernier, des avocats réunis dans la “Société pour le respect des droits de l’homme” du Bangladesh. “Nous voulons lutter contre l’oppression des femmes et bâtir une société meilleure”, a déclaré Sigma Huda, fondatrice et secrétaire de l’organisation.

Habib Ahsan, responsable de cette organisation à Chittagong, a noté que, durant ces dernières 25 années, sur 5 867 cas de sévices contre des femmes commis par des policiers, 112 seulement avaient été punis. Dans son allocution, il a rappelé que, dans le pays, à chaque heure, une femme subissait des sévices et que, chaque jour, une dizaine étaient violées. Il a souligné encore qu’en 1999, 8 710 cas de sévices contre des femmes et des enfants avaient été répertoriés et que, au cours de ces cinq dernières années, le nombre des femmes agressées attaquées à l’acide, avait sextuplé. Ahsan appelle à “un changement de comportement et à une prise de conscience collective” à l’égard de la dot ou de l’exploitation sexuelle qu’il qualifie de “crimes odieux” contre les femmes.

Le Bangladesh dispose de plusieurs lois destinées à défendre les droits des femmes et à assurer leur sécurité. Elles sont accompagnées de peines sévères. En 1995, la Begum Khaleda Zia, la première femme Premier ministre du pays, introduisait la loi dite “Loi de 1995 pour la protection de la femme et de l’enfant”, punissant de mort le trafic, le viol et le meurtre d’enfants ou de femmes. Cinq ans plus tard, Sheikh Hasina Wajed succédait à Zia comme Premier ministre et autorisait les tribunaux à mettre une femme en détention préventive pour la soustraire au danger, contre sa volonté si nécessaire. Pourtant, Krishna Debnath, juge de profession, a souligné que, souvent, police et public détournaient à leur profit les lois favorables aux femmes et engageaient ainsi de faux procès pour mieux les harceler.