Eglises d'Asie

Cette année, malgré la crise économique, Noël a été célébré à Bangkok avec faste

Publié le 18/03/2010




Bangkok a célèbré cette année Noël avec faste, dans une féerie de lumière et un déluge de Pères Noël avec, pour les commerçants, l’espoir d’insuffler ainsi quelques joyeusetés festives à leurs ventes de fin d’année. D’impressionnantes arches et autres cloches au néon ont été érigées dans les rues généralement plus ternes de Bangkok. Les chants de Noël ont résonné dans les grands magasins et les principaux quartiers commerçants croulent sous les décorations. Pourtant, aucune scène de Nativité n’était en vue, ce qui signifie, sans doute, que la fête, dans ce pays à majorité bouddhiste, est une opération purement commerciale. “Pour la saison des fêtes, nous décorons la ville pour donner aux gens l’envie d’acheter. C’est notre objectif », explique la porte-parole du Service du tourisme thaïlandais. Le directeur de la recherche de Securities Yuanta, Pongpan Apinyakul, quant à lui, déclare que la saison des vacances cette année est en passe de devenir excellente pour les commerçants, une aubaine pour une économie en mauvaise santé qui ne croîtra que de 1,5 % en 2001. Les dépenses des consommateurs sont l’un des seuls points quelque peu lumineux sur l’horizon plutôt sombre de l’économie. Elles aident à compenser les effets du ralentissement général qui a dramatiquement réduit le montant des exportations thaïlandaises. Pongpah explique que cette frénésie d’achat est alimentée par les facilités d’un crédit bon marché tandis que le secteur bancaire en difficulté refait surface lentement après la crise financière de 1997, crise qui a débuté en Thaïlande. “La Thaïlande est fondamentalement une société commerciale et nous célébrons Noël, le Nouvel An chinois, le Nouvel An thaïlandais, la Fête des mères et tout ce qui pousse les gens à dépenser”, explique-t-il. “Les Thaïlandais aiment acheter et cette fête de Noël sera d’autant meilleure que les gens sont devenus plus internationaux dans leur tête. Les finances des consommateurs sont en hausse depuis que les banques ont remplacé les aigrefins qui maintenaient les taux d’intérêt à des niveaux élevés. C’est pourquoi les gens regardent moins à la dépense alors que l’économie n’est pas bonne”.

La saison des festivités en Thaïlande dure plusieurs semaines, avec, le 5 décembre, les célébrations pour l’anniversaire de la naissance du roi, Bhumibol Adulyadej. Puis viennent Noël et le jour de l’An. Cette année, tous les hôtels et les restaurants ont fait leur plein de réservations pour la période de Noël, avec buffet, dinde rôtie et plum-pudding. Les pages des journaux consacrées aux vacances sont décorées de couronnes, de houx et de caractères d’imprimerie rouges et verts. Pourtant, Sathiraphong Wannapok, intellectuel bouddhiste et chroniqueur, écrit que les autorités religieuses ne sont absolument pas inquiètes de ce nouveau centre d’intérêt qu’est devenu Noël. “Les Thaïlandais célèbrent tout. Ils aiment la fête. Mais très peu connaissent le pourquoi de ces célébrations. Ils saisissent seulement l’occasion de s’amuser”, dit-il, tout en reconnaissant avoir trop envoyé de cartes de vœux cette année. Il pense que, dans une société trop affairée et peu religieuse, peu de personnes connaissent la signification culturelle ou religieuse des jours chômés. “Dans les célébrations bouddhistes, les gens doivent contempler Bouddha comme un exemple pour leur vie et se souvenir de ses vertus et de ses qualités. Mais peu le savent. Ils y voient seulement un jour de congé”.