Eglises d'Asie

Hongkong : l’Eglise catholique et des organisations non gouvernementales se méfient d’une nouvelle législation anti-terroriste

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de groupes religieux et d’organisations non gouvernementales de Hongkong ont fait part de leurs inquiétudes à propos des propositions gouvernementales de légiférer en matière de terrorisme, craignant de voir ainsi le gouvernement agir sans contrôle. La Commission catholique diocésaine Justice et paix’ et une douzaine de groupes protestants d’action sociale ou de défense des droits de l’homme ont appelé à une “extrême prudence” dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont exprimé leur crainte de voir ébranlé le système juridique de la Région administrative spéciale de Hongkong et limités les droits individuels des Hongkongais et des migrants. Tous ont exprimé leurs inquiétudes au cours d’une conférence de presse organisée le 29 novembre, le jour précédent la réunion du Conseil législatif (Legco, le parlement local) où le Bureau de la Sécurité devait présenter aux législateurs le plan qui sera proposé au vote du Conseil en février prochain.

Law Yuk-lai, directeur du Hong Kong Human Rights Monitor, a indiqué que la plupart des actes de terrorisme sont des actes criminels et que les lois existantes suffisent à les traiter. Parce qu’il est nécessaire de définir clairement ce qu’est une “motivation terroriste”, Law a dit vouloir espérer que le gouvernement consulte les experts et se reporte aux avis des Nations Unies. Mary Yuen Mee-yin, de la Commission Justice et paix’, a pour sa part déclaré, le 7 décembre, que le fait d’inculper une personne sur le simple fait de nourrir des “motivations terroristes” aurait des conséquences graves pour les libertés. Gerard Greenspan, coordinateur d’une ONG locale, a reproché au gouvernement de n’appliquer que les résolutions de Nations Unies favorables à ses intérêts. Le gouvernement a systématiquement ignoré les résolutions de l’ONU proposant des actions dans les domaines de la pauvreté ou des inégalités, mais a répondu immédiatement aux résolutions onusiennes contre le terrorisme, a-t-il dit. Greenspan a déclaré que son groupe s’opposait au terrorisme comme aux lois anti-terroristes et a cité l’utilisation politique de ce genre de lois en Malaisie. Le Falungong, un groupe religieux interdit en Chine, des groupes militants comme Greenpeace, des ouvriers et des travailleurs migrants militant pour l’instauration d’un salaire minimum, et tous les mouvements anti-mondialisation seraient en danger à Hongkong avec de telles lois, a-t-il exposé lors de la conférence de presse.

Shirley Chan, directrice International à Hongkong, a noté qu’après les attentats terroristes du 11 septembre au Etats-Unis, le gouvernement de l’île avait déjà durci sa politique à l’égard des demandeurs d’asile. Secrétaire à la Sécurité, Regina Ip Lau Shuk-yee, a rappelé, pour sa part, le 5 novembre, que le gouvernement de Hongkong était légalement obligé d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre le terrorisme. Elle a expliqué que des décrets avaient déjà été promulgués pour appliquer les résolutions demandant le gel des ressources financières appartenant ou contrôlées par les talibans et la circulation des avoirs de Oussama ben Laden et de ses associés. Le gouvernement de Hongkong, a-t-elle dit, a également examiné les mesures législatives nécessaires pour se conformer à la très détaillée résolution 1 373, votée le 28 septembre 2001 pour lutter contre le terrorisme international.