Eglises d'Asie

Hongkong : l’évêque coadjuteur du diocèse est prêt à aller jusqu’à la “désobéissance civile” afin que soit respecté le droit à l’éducation des enfants en attente d’un permis de résidence définitif

Publié le 18/03/2010




La question du droit des Chinois du continent nés de parents résidant légalement à Hongkong de résider eux-mêmes dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong vient d’être une nouvelle fois au cœur d’une polémique opposant l’Eglise catholique locale et les autorités gouvernementales de la RAS. On se souvient qu’en mai 1999, le cardinal Wu Cheng-chung avait écrit une lettre pastorale à ce sujet (1). Le 7 décembre dernier, c’était au tour de Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque coadjuteur du diocèse, d’envoyer une lettre aux directeurs de 322 écoles primaires et secondaires ainsi qu’aux jardins d’enfants gérés par l’Eglise pour leur demander sinon d’inscrire dans leurs établissements les enfants du continent en attente d’un permis de résidence définitif, du moins de les autoriser à s’asseoir dans leurs classes. Le 11 décembre, après que la lettre de l’évêque eut reçu un large écho auprès des médias locaux et après que le gouvernement de Hongkong eut mis en garde les établissements contre une telle action, quatre écoles au moins, dont certaines financées sur fonds publics, ont répondu à l’appel de Mgr Zen d’accueillir certains de ces enfants.

Ces enfants, nés en Chine d’un parent résidant de Hongkong et âgés de moins de 18 ans, sont actuellement au nombre de 570 dans la RAS. Tous attendent, certains depuis cinq ans, une décision de justice qui déterminera leur statut légal. Parmi eux, 110 sont autorisés par le gouvernement à aller à l’école, 170 ont vu leur demande rejetée et 290 n’ont pas demandé aux autorités la permission d’aller à l’école. Selon Mgr Zen, au nom des textes fondamentaux sur les droits de l’homme tout comme au nom de la plus élémentaire charité et justice humaine, ces enfants ont droit à fréquenter l’école – même s’ils devaient être expulsés demain vers la Chine continentale. A cela, Elsie Leung Oi-sie, secrétaire à la Justice dans le gouvernement de la RAS, a répondu que Hongkong satisfaisait au droit à l’éducation des enfants qui ont le droit de résider dans la RAS ; pour les autres, les ONG locales suffisent à s’occuper des enfants qui sont en attente de ce droit. Selon le Bureau de la Sécurité, organe gouvernemental, accueillir les enfants qui ont dépassé les limites légales de leur visa ou qui sont entrés illégalement sur le territoire de la RAS serait interprété comme le signe que le gouvernement de Hongkong a adouci sa politique en matière d’immigration illégale. Sans préciser la nature des mesures légales envisagées, le Bureau de la Sécurité a mis en garde les établissements scolaires qui accueilleraient ces enfants.

Pour Mgr Zen, qui préside la Commission diocésaine pour les services aux nouveaux arrivants en provenance de Chine continentale, la mise en garde des autorités est sans aucun doute de nature à intimider les écoles qui accueilleraient ces enfants. “En tant que religieux, je peux choisir d’opter pour la désobéissance civile si je l’estime nécessaire, mais je ne peux exiger la même chose de quiconque, a-t-il déclaré. Nous devons procéder pas à pas et trouver la meilleure manière de venir en aide à ces enfants.” Selon le président du Bureau de l’éducation catholique de Hongkong, la lettre de Mgr Zen a déjà fait son office même si les enfants en question ne peuvent effectivement aller à l’école : en attirant l’attention des médias locaux et internationaux sur le problème du droit de résidence de ces enfants, le gouvernement se trouve dans l’obligation de faire quelque chose.

Pour Tsoi Kai-chun, directeur de l’Ecole catholique primaire de Yaumatei, “les enfants sont innocents et on ne sait pas combien de temps ils vont continuer à être prisonniers de leur statut légal. Même les enfants vietnamiens dans les camps de réfugiés avaient droit à recevoir une éducation. La meilleure solution consisterait pour le gouvernement à faire usage de son pouvoir discrétionnaire afin que les écoles puissent admettre ces enfants sans enfreindre la loi.”