Eglises d'Asie

Hongkong : l’Eglise catholique réaffirme son soutien aux Chinois du continent, nés de parents résidant légalement à Hongkong, qui revendiquent le droit de résider eux-mêmes à Hongkong

Publié le 18/03/2010




Le 10 janvier dernier, la Cour d’appel de dernière instance de Hongkong, par quatre voix contre une, s’est prononcée sur le droit des Chinois du continent nés de parents résidant légalement à Hongkong de résider eux-mêmes à Hongkong. Mettant fin à un feuilleton judiciaire de près de trois ans qui, à cer-tains moments, a joué le rôle de test de l’indépendance des institutions de Hongkong par rapport à la Chine continentale (1), la Cour a ainsi décidé qu’en fonction de certains critères, seuls un petit dixième des 5 000 immigrés chinois concernés, qui vivent aujourd’hui illégalement à Hongkong, pourront de-meurer dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong. Les autres devraient être rapatriés en Chine continentale après un délai de grâce qui court jusqu’au 31 mars prochain, les autorités conti-nentales ayant par ailleurs fait savoir que ces personnes ne seraient pas poursuivies une fois passée la frontière entre Hongkong et la Chine continentale. La décision de la Cour a bien entendu soulevé les vives critiques tant des immigrés concernés que des organisations qui s’étaient mobilisées pour défen-dre leur cause. La Commission Justice et paix’ du diocèse catholique de Hongkong et les 26 ONG, issues des milieux religieux, politiques, syndicaux et de défense des droits de l’homme, actives sur ce dossier, ont annoncé qu’elles allaient demander au gouvernement de considérer favorablement la pro-position du juge qui a voté contrairement à ses quatre collègues de la Cour d’appel de dernière ins-tance. Ce juge, Kemal Bokhary, a invité l’exécutif hongkongais d’user de son pouvoir discrétionnaire pour autoriser ces immigrés, qui forment un groupe jeune et dynamique, à rester dans la RAS.

Une des réactions les plus vives est venue de l’évêque coadjuteur du diocèse catholique de Hongkong. Mgr Joseph Zen Ze-kiun a en effet déclaré, selon l’agence Fides, que les juges de la Cour avaient fait fi du principe de réunion des familles, au nom d’une politique de l’immigration devenue « sacrée » et réputée intouchable par les juges. Tout en appelant au calme, Mgr Zen s’est dit résolu à soutenir les démarches que pourraient dorénavant entreprendre les immigrés concernés par le jugement. Il a cité en particulier la pétition que certains veulent envoyer à Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, afin que ce dernier fasse pression sur le chef de l’exécutif hongkongais, Tung Chee-hwa. « Soyez assurés que toute l’Eglise de Hongkong et moi-même, nous appuierons la demande de ces immigrés auprès des assises de l’ONU. Cette fois, je suis même décidé à descendre dans la rue pour manifester. Tout ce qui se passe est indécent. Lundi prochain, 14 janvier, je suis invité à une cérémonie religieuse pour les juges catholiques et protestants, à l’occasion du début de l’Année judiciaire. J’ai décidé de ne pas y aller. Je refuse, en signe de protestation », a notamment déclaré Mgr Zen le 11 janvier, à l’adresse des immigrés dont tous les recours juridiques sont désormais épuisés.

Le 14 janvier, environ 500 des immigrés concernés par le jugement de la cour de justice ont manifesté à Wanchai, devant les locaux de l’immigration, après avoir défilé du jardin public de Chater, situé à Central, où certains d’entre eux avaient organisé un sit-in nocturne, jusqu’au siège de l’administration de l’immigration. Ils ont adressé une pétition à Ambrose Li, principal responsable de cette administration, demandant une amnistie de leurs cas. Le P. Franco Mella, un missionnaire italien très engagé auprès d’eux, a précisé qu’ils désiraient aussi « l’assurance qu’ils ne seraient pas arrêtés [par la police] avant la date du 31 mars ».