Eglises d'Asie

Le général Pervez Musharraf défie directement l’extrémisme musulman et établit un contrôle sévère sur les mosquées et écoles religieuses

Publié le 18/03/2010




Dans un discours télévisé soigneusement préparé et adressé à la nation tout entière, le samedi 12 janvier dernier, le chef d’Etat du Pakistan, le général Pervez Musharraf, a relevé le défi lancé au pouvoir par l’extrémisme musulman et pris des positions qui risquent d’être d’une importance capitale pour l’évolution de la société pakistanaise. Certaines des mesures annoncées par le chef d’Etat ont pour objectif de faire baisser la tension existant entre l’Inde et le Pakistan, depuis l’attentat suicide du 13 décembre dernier contre le parlement indien de New-Delhi. L’attentat, qui avait fait quatorze morts, parmi lesquels cinq terroristes, avait été attribué par le gouvernement indien à des groupes de militants islamiques soutenus par le Pakistan. Les autres mesures annoncées par le général Musharraf sont à plus long terme. Elles visent en effet certaines formes institutionnelles de l’islam au Pakistan, qui se sont violemment opposées à la politique menée par le général Musharraf lors de l’intervention américaine en Afghanistan.

L’Inde avait demandé aux autorités pakistanaises de prendre des sanctions contre les mouvements islamiques tenus pour responsables de l’attentat, et leur avait soumis une liste de criminels dont l’arrestation et l’extradition étaient souhaitées. Lors de son discours télévisé, le chef de l’Etat pakistanais a annoncé solennellement que les deux principales organisations mises en cause par l’Inde étaient désormais hors la loi. Il a cependant rejeté avec vigueur l’idée de remettre aux autorités indiennes les ressortissants pakistanais qualifiés par elles de criminels. Cependant, on a appris qu’à l’issue du discours du général, quelque 200 militants islamiques avaient été arrêtés par la police dans des mosquées et des écoles.

L’essentiel des mesures annoncées vise toutefois à réfréner l’influence de l’extrémisme musulman à l’intérieur du pays. Le président s’en est pris aux dirigeants islamiques qu’il a accusés d’avoir transformé les mosquées et les madrasa (écoles coraniques) en foyers de violence et de haine sectaire. Il a annoncé une série de mesures destinées à établir le contrôle de l’Etat sur ces mosquées et ces écoles. Toutes les mosquées du pays devront être enregistrées avant le 23 mars prochain. La liste de tous les étudiants des écoles devra également être fournie aux autorités civiles. Les enseignants et étudiants étrangers résidant dans les mosquées ou écoles devront justifier de documents légitimant leur séjour dans le pays sous peine d’une expulsion immédiate. Dans son discours, le général a insisté sur le fait qu’il ne voulait pas s’attaquer à l’institution madrasa’ dont il a loué les objectifs : fournir un enseignement gratuit et un certain nombre de services sociaux aux familles pauvres. Cependant, il a spécifié que les écoles religieuses devront désormais modifier leur programme, jusqu’à présent trop exclusivement religieux, pour y inclure l’étude des langues, des lettres, des sciences et des techniques, afin qu’à l’issue de leurs études, les élèves puissent s’inscrire à l’université.

Le général n’a pas ménagé le clergé musulman et les responsables des institutions islamiques, accusés par lui d’essayer de faire prévaloir leurs propres conceptions politiques : « Les Pakistanais sont fatigués de l’extrémisme ! s’est-il exclamé. Il a expliqué qu’à l’intérieur du pays, l’intolérance a créé une situation telle que « nous nous massacrons les uns les autres, même à l’intérieur des mosquées, les maisons de Dieu ». Autant d’actes qui, selon lui, contribuent à donner une mauvaise image du pays à l’opinion internationale qui, aujourd’hui, considère le Pakistan comme une nation médiévale et intolérante.