Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er novembre au 31 décembre 2001
Publié le 18/03/2010
La préparation des élections cantonales du 3 février prochain ne semble pas passionner la population, mais les partis s’y emploient activement. Le PPC (Parti du Peuple cambodgien) veut montrer sa légitimité par la sécurité qu’il assurera au scrutin. Le FUNCINPEC (royaliste) oriente sa campagne en soulignant l’attachement populaire à la monarchie. Le PSR (Parti de Sam Rainsy) devient de plus en plus critique de la gestion gouvernementale, et se pose en champion de la représentation féminine sur ses listes.
Observateurs
Plus de 47 644 observateurs locaux ont été enregistrés à travers tout le pays, dont 17 239 par le PPC, 16 197 par le FUNCINPEC, 14 175 par le PSR, et 33 par les petits partis. Le comité de coordination des ONG d’observation des élections a rejeté près de 7 000 observateurs du COFFEL de Thun Saray, comme affiliés à un parti.
L’Union européenne dépêchera une équipe d’observation des élections, conduite par Carlos Costa, député européen. Sa mission est d’observer la campagne électorale, la préparation administrative au niveau local et l’évolution de la situation à l’issue du scrutin. Elle se composera de 90 observateurs, dont 30 à long terme. 1,15 millions d’euros (1,1 dollars) sont débloqués pour financer l’opération.
Six observateurs internationaux de ANFREL (Asean Network for Free Elections) arrivent au Cambodge le 24 décembre à l’invitation de COMFREL. Trois autres arriveront plus tard.
Financement
En dépit des 3,2 millions de dollars versés par le Japon, le personnel pléthorique du CNE (Comité national pour les élections), fort de 700 membres, n’est pas payé depuis trois mois. L’argent est bloqué au ministère des Finances. L’UNDP qui gère l’argent destiné aux élections n’a débloqué que 505 906 dollars pour l’achat d’équipements, les transports et autres dépenses ponctuelles. La Commission européenne contribuera pour environ 3,8 millions d’euros, spécialement pour la création d’un fonds d’assistance technique, pour l’achat d’équipements tels les caisses électorales et les frais occasionnés par les observateurs. La Grande Bretagne a versé 730 000 dollars, la Suède et les Pays-Bas 940 000, 470 000 doivent arriver en provenance du Canada. Le Japon accorde 9 094 dollars, pris sur sa subvention globale, à l’organisation d’observation électorale Niffec, spécialement pour la production de 689 000 tracts expliquant comment voter. La France accorde un don de 2 millions de francs (273 000 dollars) pour la formation du personnel chargé de l’organisation et du déroulement du scrutin, ainsi que pour l’assistance au réseau informatique.
L’opposition accuse le CNE d’avoir détourné des dizaines de milliers de dollars pour l’édition d’une brochure de 72 pages concernant les élections, publiée à 72 150 exemplaires, à un prix de 1,27 dollars pièce, alors que le prix réel se situe entre 0,35 et 0,40.
Violences politiques
Lors de sa quatrième visite au Cambodge, du 19 au 28 novembre, Peter Leuprecht, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, demande au Premier ministre de faire cesser les violences politiques et d’assurer une présence égale de chaque parti dans les média. Au terme de sa visite, il se déclare plutôt satisfait des progrès concernant le respect des droits de l’homme et la préparation des élections, même s’il émet plusieurs critiques, notamment concernant le système judiciaire et carcéral.
Le représentant du secrétaire de l’ONU dénonce les violences urbaines, notamment les lynchages survenus dans le pays. Le ministre des Affaires étrangères se moque publiquement de son hôte en lui disant qu’il fait état de vieux rapports. Or le 27 novembre, alors que le fonctionnaire onusien est encore au Cambodge, deux jeunes suspectés d’avoir volé une moto sont lynchés. Le 8 décembre, un autre voleur de motos est lynché à Toul Tumpung (Phnom Penh)…
Le 2 décembre, le Premier ministre en colère traite l’envoyé spécial de l’ONU de « stupide pour avoir déclaré que le gouvernement avait envoyé des gens s’installer sur des champs de mines. Ce n’est pourtant que la vérité crue, relevée à Poïpet, où des gens hauts placés ont confisqué les terres des paysans pour y construire des casinos, et les ont envoyés habiter sur un champ de mines. Le courageux Lao Mong Hay, directeur de l’Institut Khmer pour la Démocratie, demande, « en tant que citoyen khmer, que notre Premier ministre soit moins arrogant
20 399 policiers seront déployés à travers le pays pour assurer la sécurité du scrutin.
Selon le département d’Etat américain, au 15 décembre, il y aurait déjà eu plus de 11 assassinats politiques liés aux élections, la plupart membres du PSR. Le 15 décembre, une médecin appartenant au PSR est agressée par six hommes. Dans tous les cas, les autorités nient le caractère politique des faits. Dans 14 communes, on note une candidature unique appartenant au PPC. Les candidats du FUNCINPEC et du PSR affirment y avoir été la cible de menaces.
Le CNE prévoit 70 minutes d’antenne à répartir à égalité entre les partis. Lui-même utilisera 10 minutes pour l’ouverture et la fermeture de la campagne.
Le SIORC (Syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge) demande deux jours de congé pour que les ouvriers puissent se rendre dans leurs villages et y voter (le samedi et le lundi, la consultation électorale étant le dimanche). Le président des patrons refuse.
VIE PARLEMENTAIRE
La vie parlementaire se caractérise par le vote impressionnant de lois, souvent peu examinées, mais également par la soumission de plus en plus grande du législatif à l’exécutif.
Dérive autoritaire
Son Chhay, député PSR, président de la 9ème commission, est démis arbitrairement, le 13 septembre dernier, de ses fonctions, pour l’unique raison de s’être opposé à la corruption de certains ministres. En dépit de tous ses appels au respect de la Constitution lancés auprès du roi, du président de l’Assemblée nationale, du Conseil constitutionnel, il reste écarté de sa charge. Le 30 novembre, il est, de plus, exclu de l’Assemblée pour 15 séances, son salaire réduit de moitié, pour avoir osé critiquer Ranariddh, président de l’Assemblée, qui avait quitté son fauteuil temporairement pour laisser la présidence à Heng Samrin, vice-président, sans que ce dernier n’occupe le siège présidentiel.
Au début du mois de décembre, trois sénateurs du PPC sont exclus du Sénat pour « indiscipline » après avoir critiqué le texte concernant l’allongement de la garde à vue. Les sé-nateurs perdent leur (confortable) salaire de 2 000 dollars. Les trois sénateurs partagent la caractéristique commune d’avoir été réfugiés à l’étranger, et être rentrés après 1990. Ils possèdent leur franc parler qui dérange la discipline d’un parti communiste. Ce sont donc de nouveaux membres du PPC : Chhang Song, rentré des Etats-Unis en 1990, Po Sa-vath, et Phany Siphan, rentrés d’Australie. Il faut se rappe-ler que les sénateurs ont été proposés par les partis et nom-més par le roi. Un projet de loi soumis à l’Assemblée natio-nale prévoit que les futurs sénateurs seront élus pour 6 ans, au suffrage universel indirect à la proportionnelle, en 2004. Le Conseil constitutionnel déclare que leur limogeage est un problème interne au Sénat. Même si l’on ne s’afflige pas outre mesure du limogeage de personnalités discutables, on ne peut que déplorer la dérive autoritaire qu’il manifeste.
FINANCES
Le 5 novembre, une délégation du FMI (Fonds monétaire international) se rend au Cambodge pour vérifier si le gouvernement tient ses engagements liés à l’aide pour la réduction de la pauvreté, d’un montant de 81,6 millions de dollars accordée en 1999. L’ONG de juristes américains LCHR (Lawyers Committee for Human Rights) en profite pour demander au FMI de faire pression sur le gouvernement et demander des avancées en matière de droit du travail et du respect de l’Etat de droit. Le comité fustige la corruption et l’incapacité des inspecteurs du travail qui empêchent la mise en place du code du travail. Selon l’ONG, le système judiciaire demeure faible. Le LCHR demande au FMI d’exiger la dépolitisation et le renforcement du Conseil suprême de la magistrature, l’adoption rapide d’une procédure criminelle et d’un code pénal en accord avec les règles internationales.
Le 20 novembre, la délégation du FMI produit son rapport de conclusion : « Nous sommes plutôt satisfaits de ce que le gouvernement a réalisé, mais il reste beaucoup à faire Le Cambodge doit impérativement augmenter ses recettes pour faire face au futur désengagement progressif des aides internationales. Le Japon, par exemple, plus grand donateur d’aides au Cambodge, a décidé de couper ses aides à l’étranger de 10 % à partir de 2003.
Budget
Le 23 novembre, le Conseil des ministres examine le budget de 2002, l’Assemblée nationale le vote sans modification, le 21 décembre. Le budget s’élève à 678,5 millions de dollars, soit 5 % (35 millions) de plus que celui de l’an dernier. Ce budget table sur un taux de croissance économique de 5 %. La part du budget attribuée à l’armée et à la sécurité est amputé de 7,4 % par rapport au budget de 2001 (il passe de 71,14 à 65,38 millions, soit de 3,3 à 2,72 % du PIB). Celui de l’Education nationale reçoit une augmentation de 28 % (il s’élève, cependant, à seulement 2 % du PIB), celui de la Santé 20,9 % (1,2 % du PIB), celui pour le Développement rural, l’Agriculture et la Justice bénéficient d’une augmentation respective de 45 %, 12,9 % et 14 %. Ces augmentations sont financées, en partie, par les coupes sombres dans le budget de l’armée qui se payait la part du lion. La bière, les cigarettes, les produits pétroliers et les automobiles se verront soumis à une augmentation de taxes.
Lors du passage du projet de budget devant le Sénat, un sénateur du PCC pose des questions sur les dépenses exagérées du Palais royal : il possède 50 voitures et camions, alors que du temps du Sangkum il n’y en avait que 2 ou 3. Les dons faits aux visiteurs (en moyenne 25 dollars) sont trop élevés. Serey Kosal, sénateur royaliste, accuse son collègue d’insulte au palais royal et au trône qui sont, selon la Constitution, « inviolables et ne peuvent être critiqués
Lors de la séance de liquidation du budget de 2000, le 7 décembre, on constate que le gouvernement n’a collecté que 65,6 % des recettes budgétées (55 % proviennent des douanes, 16 % des taxes, 29 % des concessions, contrats et aides étrangères), et n’a dépensé que 64,9 % du budget prévisionnel. Par contre, le Conseil des ministres a dépensé le double des dépenses allouées (18,6 millions de dollars). Le ministère de Travaux publics n’a dépensé que 43 % de son budget, ceux de la Santé, de l’Education et des Affaires féminine sont également au dessous de leurs faibles budgets. Sam Rainsy accuse le gouvernement de mauvaise gestion des ports, des produits forestiers et pétroliers. Les ressources provenant des casinos doublent (atteignant près de 8 millions de dollars), ce que l’opposition stigmatise en traitant le gouvernement de « gouvernement des casinos Sam Rainsy qualifie de « ridicule » les 10 millions de recettes générées par le bois.
Le 10 décembre, Sok An, ministre du Conseil des ministres, annonce que les fonctionnaires toucheront des « allocations familiales, une prime de risque et une prime professionnelle ». Priorité dans l’obtention de ces augmentation est donnée aux fonctionnaires de l’Education, puis à ceux de la Santé, suivis par ceux de l’Administration publique. Les enseignants verront leur salaire augmenté de 30 à 40 %, et toucheront désormais de 30 à 53 dollars par mois en 2005. Le gouvernement récompensera les fonctionnaires les plus qualifiés : les directeurs généraux des services publics, les secrétaires généraux et leurs adjoints toucheront 200 dollars, 150, 100, 50 dollars. Seulement 500 fonctionnaires seront ainsi augmentés chaque année.
Ces augmentations sont cependant bien au dessous du minimum requis pour vivre dignement aujourd’hui. Le 12 novembre, Rong Chhun, président de l’Association indépendante des enseignants du Cambodge, avait écrit une lettre au Premier ministre, demandant à nouveau l’élévation du salaire des instituteurs à 100 dollars par mois. En février, il avait animé une grève qui s’était terminée sans succès. Il n’y a pas de progrès possible dans le secteur de l’Education nationale sans revalorisation sérieuse des salaires des enseignants. Le 25 décembre, Rong Chhun écrit une nouvelle lettre au Premier ministre pour l’informer que les enseignants n’ont pas reçu leur salaire depuis deux à trois mois.
A titre indicatif, le salaire mensuel d’un député et d’un sénateur est de 2 000 dollars, plus les nombreux avantages matériels avouables et inavouables. So Khum, ministre des Postes et Télécommunications, touche, en plus, 2 500 dollars par mois de la société Mobitel. Le général patron du CMAC 4 800 dollars. Un agent réglant la circulation urbaine reçoit 23 dollars de salaire mensuel, un militaire 12,50 dollars.
Prêts et dons
L’argent de l’étranger continue à être déversé inconsidérément sur une économie incapable de l’utiliser : 123 millions de dollars de prêts, et près de 45 millions de dons ont été accordés ces deux derniers mois. Dans quelques années, le pays demandera la suppression de sa dette… La corruption est le résultat direct de ces aides inconsidérées.
La Corée du Sud accorde un prêt de 20 millions de dollars, au taux d’intérêt de 1 %, remboursable en 30 ans, pour l’amélioration, la révision et l’extension du système d’informations administratives du Cambodge (enregistrement des véhicules, des terres, des habitants). La Corée envisage un autre prêt de 20 millions pour la réparation d’une partie de la route nationale 3 (Kampot-Sihanoukville).
Le 7 novembre, l’Allemagne accorde une aide de 34,2 millions de dollars au Cambodge pour la période 2001-2002. Cette somme s’ajoute aux 55,7 millions accordés par ce pays depuis 1992. Conscientes de la corruption qui règne dans le pays, les autorités allemandes remettront cet argent comme salaire de ses experts, le reste transitera par les circuits bancaires en fonction des projets. Environ 16 millions serviront à soutenir le système sanitaire, le développement rural et celui des PME. Environ 14 millions seront affectés à l’aide technique, et environ 4 millions seront consacrés à la mise en place du réseau électrique entre le Vietnam et les provinces de Takéo-Kampot.
Le 12 septembre, la France accorde un don de 115 000 dollars (835 000 FF) pour la réhabilitation de quatre ponts situés dans le voisinage de Phnom Penh. Le 20 novembre, la France octroie 3,29 millions de dollars pour former le personnel de l’EDC (Electricité du Cambodge) et l’électrification de la ville de Stoeung Treng. C’est la quatrième intervention de la France depuis 1992 dans ce domaine (pour un total de 49,7 millions de francs, soit environ 7 millions de dollars). En collaboration avec la BAD, la France s’engage à l’électri-fication de 8 villes du pays. (A partir de janvier, le Vietnam commenc-era à exporter de l’électricité dans les secteurs de Mémot et de Krek.)
Le 22 novembre, le Danemark accorde 2 millions de dollars à la Commission du Mékong pour son programme concernant l’environnement pour les années 2001-2003. 60 millions de personnes vivent dans le bassin du Mékong.
Le 30 novembre, la Suède accorde 2,4 millions de dollars au CMAC (Cambodian Mine Action Center) pour ses opérations de déminage. Les versements s’échelonneront jusqu’en 2003 et transiteront par le PNUD. La Suède, partenaire de longue date du CMAC, prévoit d’augmenter de 3 à 6 les équipes de chiens démineurs qu’elle finance.
Au début décembre, la Belgique fournit du matériel à l’ITC (Institut de technologie du Cambodge) pour une valeur de 167 000 dollars.
Le 6 décembre, le Japon fait un don de 16,1 millions de dollars, sans précision de projets.
Le 24 décembre, la Chine accorde un prêt sans intérêt de 14 millions pour la coopération technique, pour la reconstruction des infrastructures du pays et la réduction de la pauvreté.
Prêts de la BAD
Le 15 novembre, la BAD (Banque asiatique de développement) annonce un prêt de 10 millions de dollars et une assistance technique de 1,2 millions, pour développer le système financier et un système d’irrigation. Ce prêt pourrait n’être que la première tranche d’un prêt global de 30 millions. Il est remboursable sur 24 ans, au taux de 1,5 %.
Le 28 novembre, la BAD annonce un prêt de 27 millions de dollars, remboursable en 32 ans, afin de réparer les routes dans les provinces de Bantéay Méan Chhey, Battambang, Oddar Méan Chhey et Siemréap. Le projet devrait s’achever en 2007, et coûter 34,73 millions de dollars.
La construction de 65 km reliant Snoul à 18 km au sud de Kratié a été financé par la BAD à hauteur de 11 millions de dollars et adjugée à la société chinoise China Jilin International, qui l’a sous-traité à une autre société chinoise, Toyo Construction Co. La seconde société attaque la première pour avoir fourni de faux éléments qui mettent en danger la solidité de la route en question. Le directeur de la première société est en fuite, mais est condamné par le tribunal de Kratié.
Durant la première semaine de décembre, les travailleurs d’une autre société, la Nopawong Construction & Co, créditée par la BAD, qui travaillent à la route reliant Phnom Penh à la frontière vietnamienne, entrent en grève pour n’avoir pas été payés depuis deux mois. Le sous-traitant est également accusé de ne pas respecter les normes de construction, ni les délais : les travaux ne seront pas achevés dans les six mois.
Le 5 décembre, la BAD annonce deux nouveaux prêts d’un total de 38 millions de dollars pour améliorer l’accès à l’éducation des filles et des minorités ethniques. 18 millions sont destinés à la construction d’écoles dans les régions reculées et pauvres (900 écoles). Le premier prêt est remboursable sur 24 ans, le second sur 32 ans.
Le 6 décembre, le ministère des Travaux publics annonce la signature de trois contrats d’environ deux millions de dollars pour la reconstruction de la route entre Snoul et Mémot ainsi que pour la construction de six ponts entre Kompong Chhnang et Svay Daun Kèo. Ces travaux sont financés par l’OPEC, via la BAD et devraient être achevés en décembre 2003.
Investissements
En décembre, le Comité de développement du Cambodge (CDC) demande à 37 sociétés qui avaient demandé des permis d’exploitation au Cambodge, mais qui n’ont pas investi au pays durant l’année, de donner des explications dans les 30 jours. En 2000, le CDC avait annulé 521 projets d’investissements non tenus, pour une valeur de 219 millions de dollars. De 1994 à 1999, le CDC a approuvé 841 projets pour une valeur de 5,8 milliards.
Bois
Le 18 décembre, une trentaine de personnes représentant les communautés forestières de plusieurs provinces sont invitées à examiner le futur sous-décret destiné à encadrer leurs structures. Elle dénoncent ouvertement la déforestation commise, le plus souvent, « par les gens du pouvoir, ou tout au moins avec leur complicité Les coupes de bois se poursuivent à travers tout le pays, même si leur ampleur a diminué. « Des gens puissants continuent de couper du bois pour le revendre aux concessions ».
Le 11 décembre, le Conseil des ministres, poussé par les pays donateurs, suspend toutes les activités forestières à partir du 1er janvier 2002. Dans son rapport de 1999, la BAD avait qualifié la politique du gouvernement en manière forestière d’« échec total » et avait demandé la fermeture des concessions avant le 30 septembre 2001. Global Wittness applaudit à la mesure, tout en restant sceptique sur son application : « Les coupes illégales n’ont cessé de croître depuis 1999… Le Cambodge ne perdraient rien à la suppression des coupes de bois : les Nations Unies attribuent les inondations à la déforestation et estiment leur coût à 156 millions de dollars. Cette somme est à mettre en rapport avec les 92 millions générés entre 1994 et 2000 par le secteur forestier
Six des 17 sociétés concessionnaires visées refusent la mise en demeure gouvernementale et la qualifient de rupture abusive et unilatérale de contrats, qu’elles ont signés en bonne et due forme en 1994 pour une durée de 30 ans. Parmi elles, se trouve une compagnie d’Etat chinoise. Cette rupture de contrat est, de plus, contraire à la loi de protection mutuelle des investissements signée en 1996 par les deux pays. Sans négociations, cette mesure justifiée risque de faire perdre des investissements. Hun Sen les menace à nouveau de fermeture pure et simple.
JUSTICE
Le 5 novembre, un juge de Phnom Penh condamne un vendeur de cassettes piratées à verser 700 000 dollars à différents producteurs lésés. C’est la première condamnation qui suit l’adoption de la loi sur la propriété intellectuelle réclamée pour l’entrée du pays dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Le 12 novembre, un amendement à l’article 36 du code de procédure pénale accorde les compétences d’officiers de police judiciaire aux gouverneurs, vice-gouverneurs des provinces, municipalités, districts et arrondissements, ainsi qu’aux maires. Le 14 novembre, malgré la fronde d’un certain nombre de députés de la majorité, le délai de garde à vue est allongée jusqu’à 72 heures. Le 15 novembre, l’Assemblée vote une loi permettant de condamner les violeurs à de lourdes peines. Jusqu’à présent, le viol jouit d’une quasi impunité. Le 15 novembre, Hun Sen demande à l’Assemblée nationale de voter une seconde prolongation de la détention préventive de Ta Mok et de Ta Dutch.
A la fin du mois d’octobre, Hans Corell, conseiller juridique de l’ONU, transmet sa réponse sur le texte voté par l’Assemblée nationale concernant l’établissement du tribunal des ex-responsables khmers rouges : les objections émises par le juriste sont celles qui étaient déjà faites l’an dernier, mais qui n’ont pas été incluses dans le texte examiné par l’Assemblée.
Le 10 décembre, le ministre de la Justice annonce le déplacement de 200 greffiers de la Cour municipale de Phnom Penh, afin de supprimer la corruption et le népotisme. 30 d’entre eux sont effectivement mutés le 19 décembre. Les greffiers mutés voient dans leur mutation un caractère politique : « Des intermédiaires sont venus nous trouver pour nous dire que, si nous versions 2 000 à 2 500 dollars, nous pourrions rester à notre place La Cour municipale ne compte actuellement que 151 greffiers.
Trente-deux prisonniers, dont 19 Vietnamiens, s’enfuient de la prison vétuste de Mondolkiri. Neuf sont rattrapés. Un seul prisonnier était resté dans la prison. Le 16 août dernier, onze Vietnamiens et quatre Cambodgiens s’étaient échappés de cette même prison. En octobre, c’étaient six Vietnamiens et onze Cambodgiens. La plupart d’entre eux étaient condamnés pour trafic de bois.
SOCIETE
Santé
Du 12 au 17 novembre se tient la 4ème édition du congrès « Cambodge Santé 2001 ». 1 273 médecins cambodgiens et 120 étrangers venus de 17 pays y participent. L’essentiel des communications se fait en français, 25 % en anglais. A l’occasion de ce congrès, l’Ordre des médecins cambodgiens est mis en place. Les membres du colloque lancent un appel pour l’accès du Cambodge aux rétro-viraux : 3 % de la population cambodgienne est séropositive ; depuis 1991 on compte déjà plus de 30 000 décès dus au sida. Le budget de la santé est de 3 dollars par personne et par an. Ce colloque est aussi l’occasion de contacts avec des universités étrangères, notamment françaises. Depuis quelques années, 120 étudiants sont partis achever leurs études en France, comme FFI (Faisant fonction d’interne).
La Chine fait un don en médicaments d’une valeur de 843 000 dollars au ministère de la Santé.
Selon un bilan du ministère de la Santé, rendu public les 13 et 14 décembre, le nombre des travailleurs dans le domaine de la santé des provinces reculées est passé de 678 à 768 de 2000 à 2001. Le ministère a reçu 1 262 tonnes de médicaments, pour un montant de 14 millions de dollars, dont 60 % proviennent du gouvernement, 33 % de l’aide internationale, 7 % d’autres sources. 134 médecins, 32 pharmaciens, 26 dentistes, 289 infirmiers, 11 sages-femmes, 11 kinésithérapeutes, 20 techniciens de laboratoire ont été diplômés au cours de l’année. Le taux des médecins diminue cependant par rapport au nombre d’habitants : 0,3 pour 1 000 habitants, contre 0,4 en 1998. Il en est de même pour les infirmières et les sages-femmes, passé de 1,2 à 0,9 durant la même période.
De sources bien informées, seulement 40 % des fonds déversés par les étrangers pour la santé sont contrôlés, 60 % échappent à toute vérification. La société Phéphimex, liée au Premier ministre, prélève entre 30 et 60 % de bénéfice sur les médicaments importés.
Drogue
Le 1er novembre, le Cambodge a été rayé par les Etats-Unis de sa liste des principaux pays producteurs ou de transit de la drogue. Cependant l’administration américaine continue de considérer le royaume comme « sujet de préoccupation en ce domaine » et le maintient « sous observation Le Cambodge était inscrit sur cette liste noire depuis 1996. En mars dernier, un rapport du programme international de contrôle de la drogue des Nations Unies avait classé le Cambodge parmi les principaux pays producteurs de cannabis, et comme étant une plate-forme pour le transit de stupéfiants, telle que l’héroïne, facilité par ses frontières poreuses. Le Premier ministre se félicite de cette radiation. Cependant, le 7 décembre, le commissaire général cambodgien de lutte contre la drogue, déclare, pour sa part : « Maintenant, on est sûr de l’existence de laboratoire fabriquant des amphétamines au Cambodge
Pour la fête des Eaux, 250 000 tracts sont distribués pour conscientiser la population aux méfaits de la drogue, par l’Office de l’ONU pour le contrôle des drogues et la prévention des crimes. On estime qu’un million et demi de personnes ont pu lire le texte.
Le 7 décembre, la police saisit à Tuol Kork (Phnom Penh) du matériel de transformation de la drogue, 2 000 pilules d’amphétamines et 1 kg d’opium.
Affaires sociales
Malgré l’amélioration minime des conditions de travail dans les usines textiles, l’agitation ouvrière continue dans celles où le code du travail n’est pas respecté. Selon les rapports d’observateurs américains, il n’y a plus de mineurs embauchés dans ces usines. Les conditions d’augmentation des quota d’importations aux Etats-Unis seraient remplies.
Le 11 novembre, près de 400 ouvriers à qui le patron refuse de verser le salaire du dernier mois, tentent de retirer le matériel de l’usine Ly Chheng Factory. Ils en détruisent une partie.
Le 7 décembre, les 300 employés du casino flottant Naga se mettent en grève, malgré les menaces du service de garde. 14 de leur 31 demandes sont honorées par la direction.
Le 11 décembre, plusieurs milliers d’ouvriers de l’usine de confection Winner Knitting se mettent en grève pour protester contre le licenciement d’un de leurs camarades. Cette usine est l’une de celles où le code du travail est le moins bien respecté. La grève durera plus d’une semaine.
Le 29 novembre, près de 50 militaires mettent le feu à 12 maisons du village de Po dans la province de Kompong Speu. Ces maisons seraient construites sur une zone contestée par les militaires de l’école militaire de Thmat Pong depuis 1998. Les certificats de propriété exhibés par les villageois sont déclarés invalides.
L’ambassadeur des Etats-Unis, qui avait refusé tout visa d’immigration pour les orphelins soupçonnés d’avoir donné lieu à un trafic en vue de l’adoption par des familles américaines, finalement, le 22 décembre, donne une « parole humanitaire » aux 12 familles qui attendaient un enfant depuis des mois. Les familles s’engagent à rendre l’enfant s’il s’avère qu’il a été objet de trafic. Deux des 13 enfants sujets du litige ont retrouvé leur mère naturelle, à qui la KAGA (Khmer Americain Orphan Association) demandaient 150 dollars pour récupérer chacun d’entre eux. L’une des mères s’est vue proposer 100 dollars et un sac de riz si elle acceptait de leur remettre sa fille de 8 ans.
Un rapport du ministère du Plan de l’an 2000 estime le nombre de personnes vivant dans le milieu de la prostitution entre 80 000 et 100 000, dont 17 000 à Phnom Penh. 30 % des filles seraient mineures. Le pays compterait 300 maisons de passe. 400 à 800 enfants seraient vendus chaque mois à l’étranger dans le cadre de réseaux de prostitution. 5 à 6 enfants sont victimes de viol chaque mois en toute impunité. Par contre, selon une déclaration de l’UNICEF, faite le 18 décembre à l’occasion du 2ème Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants, réuni à Yokohama, au Japon, 3 000 Vietnamiens ont été envoyés au Cambodge durant l’année pour s’y prostituer, dont 450 mineurs.
Sécurité
Le 1er novembre, six bombes artisanales explosent à Pursat. On ignore tout des auteurs de ces attentats qui n’ont fait aucun dégât.
Le 5 novembre, la Cour municipale de Phnom Penh condamne 26 des 28 inculpés du mouvement Combattants cambodgiens pour la Liberté (CFF), à des peines allant jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle pour trois d’entre eux. Sept écopent de 10 ans, cinq de 7 ans, dix de 5 ans et un de 3 ans. A la fin octobre, deux nouveaux membres des CCF étaient arrêtés à Siemréap, cinq autres en Thaïlande. Le 8 novembre, Hok Lundy, chef de la police nationale, déclare que « les CCF sont désormais éradiqués à 90 %
Le 4 novembre, le gérant singapourien du Manhattan Club et deux de ses gardes du corps reçoivent plusieurs balles dans le corps. La police arrête deux parachutistes et un policier militaire suspectés de cette tentative d’assassinat. Un Taiwanais en fuite leur aurait promis 10 000 dollars. Chéa Sophara, maire de Phnom Penh, fait fermer l’établissement, dans lequel se sont produits dix incidents violents avec armes à feu, causant un mort, durant l’année.
Le 20 novembre, le Premier ministre ordonne la fermeture de tous les karaoké, les night-clubs et discothèques, à partir du 23 novembre, afin d’assurer la sécurité dans la ville. Certains lui font remarquer qu’il conviendrait de faire appliquer les lois existantes qui réglementent le port d’armes. Quelques jours auparavant, Nhim Peuv, un de ses neveux, avait tiré des coups de feu dans un karaoké. « Les neveux de Hun Sen sont les plus grand gangsters du Cambodge
Cette mesure touche directement environ 30 000 femmes et enfants travaillant dans ces établissements. Les taxes sur l’alcool (13 % générant 650 000 dollars en recettes gouvernementales de janvier à octobre) et sur le tabac (7 %) risquent de chuter. On s’étonne que Hun Sen ferme ces établissements, alors que les casinos et bordels restent ouverts. 1 053 établissements sont ainsi fermés à Phnom Penh, 20 à Siemréap. Certains reprochent au Premier ministre d’avoir agi sur un coup de colère, sans consulter l’Assemblée nationale. Le Premier ministre se défend : les clubs sont l’origine des crimes, du déclin social du Cambodge. Le 26 décembre, Hun Sen va jusqu’à dire que s’il faut, il enverra les tanks pour raser les karaokés !
Il y a 3 093 établissements de ce type dans tous les pays, dont 140 seulement disposent d’une autorisation. Après cette mesure, il semble que la prostitution soit devenue plus visible dans les rues de la capitale.
Le 30 novembre, environ 70 prostituées protestent devant la ministère des Affaires féminines, demandant à ce que leur métier soit reconnu légalement et que la police cesse de les racketter.
Le 16 décembre, une cinquantaine de coups de feu sont échangés devant le Parkway, un night club de Phnom Penh, entre deux neveux de Hun Sen, aidés de leurs gardes du corps et un groupe de Cambodgiens venus d’Australie, au sujet d’une jeune femme. Un neveu de Hun Sen, Hun Chéa, déjà arrêté en janvier 2000 après avoir tiré des coups de feu dans le même night-club, est arrêté, mais un autre neveu, Hun Tho, est relâché. Le 27 décembre, Hun Sen en colère demande l’arrestation de Hun Tho et limoge trois policiers responsables de l’avoir laissé filer. Hun Tho se présente de lui-même à la prison où il est incarcéré. Un autre neveu de Hun Sen, Nhim Pisey, avait été mis en prison en 1999 pour blessures sur deux personnes dans un night-club. Son frère Nhim Pov a été arrêté et incarcéré brièvement en octobre après avoir blessé trois touristes japonais avec des bouteilles cassées.
Les armes à feu constituent la quatrième cause de blessures et de décès, bien loin devant les mines anti-personnel. Chaque jour, 13 à 15 personnes sont blessées ou tuées par des armes à feu. 19 000 handicapés le sont devenus suite à un échange de coups de feu.
Selon les autorités de Bangkok, 500 000 Thaïlandais iraient jouer dans les 13 casinos cambodgiens, y dépensant chaque année 150 millions de dollars. Le Conseil des ministres interdit les paris sur la pluie, sur les courses, etc., pour les confier à deux sociétés privées.
Frontières
Dans la nuit du 1er novembre, 18 Cambodgiens entrent clandestinement en Thaïlande. Les premiers sautent sur une mine à 5 mètres de la frontière. Selon les témoins, les soldats thaïlandais achèvent un des blessés. Les autorités thaïlandaises nient, mais les témoins continuent de l’affirmer. Des officiers se rendent à Bangkok le 6. A l’occasion de la fête de l’Indépendance, le 9 novembre, le roi demande aux pays voisins de respecter les frontières du pays. « L’intégrité de notre pays est aujourd’hui comme une pleine lune se réjouit le roi.
Le 24 novembre, des soldats thaïlandais tuent deux Cambodgiens entrés par inadvertance en Thaïlande pour y chercher des plantes médicinales.
Des accords sont signés avec la Thaïlande pour développer le tourisme, faire de la maison de Pol Pot et d’Anlong Veng, repaire des Khmers rouges, des sites touristiques. Une route est en construction, par les Thaïlandais, entre O Smach et Anlong Veng. Des routes desserviront également les temples de Kor Kèr et de Préah Khan (Kompong Svay).
Le 7 décembre, Sok An, ministre du Conseil des ministres chargé de l’exploitation des ressources pétrolières, déclare que le Cambodge et la Thaïlande sont tombés d’accord sur le principe d’une coopération dans la zone de litige, et sur le principe du partage des profits dégagés par l’exploitation des hydrocarbures. Les zones contestées entre les deux pays auraient décelé d’importants gisements de gaz naturel et de pétrole. Depuis 1970, la Thaïlande y aurait autorisé le forage de 13 000 puits. Mais une douzaine de forages du côté cambodgien ont donné des résultats décevants.
Le 17 décembre, les gardes thaïlandais ferment l’accès au temple de Préah Vihéar. 1 000 soldats et policiers cambodgiens sont envoyés à la frontière. Des militaires de haut rang se rendent à Bangkok pour des discussions prévues le 14 janvier 2002.
Le 26 novembre arrive le président vietnamien Tran Duc Luong pour une visite officielle de trois jours. Cette visite avait été annulée l’an dernier par la curieuse attaque des CFF. Les entretiens officiels portent sur les problèmes de frontières et la présence des immigrants vietnamiens (estimés à 1 million selon le président). Trois accords sont signés sur la protection réciproque des investissements et sur l’ouverture de portes de transit commercial entre les deux pays. Hun Sen demande au Vietnam une aide pour la construction d’une route reliant Kratié à la frontière vietnamienne, afin de développer les provinces de l’Est cambodgien.
Le Vietnam propose d’investir 10 millions de dollars pour développer un second point de passage entre les deux pays, avec un marché en zone franche dans la province de Takéo.
Sports
Des handicapés remportent deux médailles d’or aux Jeux para-olympiques du Sud-Est asiatique à Kuala Lumpur, et six médailles aux championnats handisports de Manille.
Incendies
Le 26 novembre, un gigantesque incendie détruit environ 2 200 maisons dans le quartier « constructions anarchiques appelé également « building ». Un mois auparavant, les habitants avaient reçu une lettre du gouverneur de Phnom Penh leur demandant de déménager dans les mois à venir. Environ la moitié de la population touchée est vietnamienne. Le lendemain, un quartier de Chbar Ampeuou brûle à son tour, peuplé de Vietnamiens, détruisant environ 910 maisons. En mai, un incendie similaire avait détruit un quartier voisin.
Des bruits courent immédiatement sur l’origine des sinistres : certains y discernent la main de la municipalité qui voit ainsi facilités ses plans d’aménagement de la ville. (C’était une pratique jadis attribuée aux autorités, du temps du Sangkum.) D’autres y voient la main de nationalistes khmers, qui, à l’occasion de la visite du président vietnamien, voulaient rappeler que, si les problèmes de frontières ne sont pas résolus, les résidents vietnamiens ne sont pas accueillis au Cambodge. Les autorités municipales, et même Hun Sen, se doivent de démentir toute implication dans ces incendies. Hanoi fait part de son inquiétude et de « sa profonde préoccupation
Les sinistrés sont envoyés à une trentaine de kilomètres de Phnom Penh, en pleine rizière, où rien n’est prévu pour les accueillir.
Huit logements en construction à Chbar Ampeuou, s’effondrent dans la nuit du 26 novembre. On déplore quatorze morts, dont 13 tués sur le coup, la plupart étant des ouvriers travaillant sur le chantier. Le permis de construction avait été refusé par les autorités municipales.
DIVERS
Fêtes des Eaux
Selon le maire de Phnom Penh, près de deux millions de Cambodgiens sont venus assister à la fête des Eaux, pour voir les courses de pirogues disputées par environ 400 équipages, et les nombreuses attractions, dont de fastueux feux d’artifice. Pour l’occasion, la presqu’île de Chrui Changvar, en face du Palais royal, a été aménagée avec des quais bétonnés permettant aux nombreux provinciaux d’assister aux spectacles. A l’occasion de la fête des Eaux, des courses de pirogues sont également organisées à Siemréap. Tout cela montre que la paix est réelle au Cambodge et que le niveau de vie des campagnes, même encore très faible, est en augmentation.
La municipalité a dépensé 25 000 dollars pour la fête, spécialement pour payer les 3 000 soldats et policiers qui y ont assuré la sécurité.
Le 3 décembre, la municipalité décide de créer un huitième arrondissement comprenant la presqu’île de Chrui Changvar et la commune d’Arey Ksach, à l’Est du Mékong.
Inauguration
Le 4 décembre, Hun Sen inaugure le pont de Kompong Cham, appelé du nom japonais de « Kizuna d’une longueur de 1 360 m, d’une largeur de 11 m, reposant sur 17 piliers, dont 8 ont les pieds ancrés au fond du fleuve. Ce pont a nécessité trois ans de travail, sous la conduite de deux sociétés japonaises, et a coûté près de 60 millions de dollars, dont plus de deux pour dédommager les habitants déplacés par la construction. Hun Sen demande au Japon de construire un nouveau pont à Néak Loeung.
Le 10 décembre, Sam Rainsy reçoit le « Passeport de la Liberté » à Strasbourg. La remise de cette récompense doit être signée au minimum par 15 membres du Parlement européen. Le 22 décembre, Hun Sen et son épouse reçoivent une grosse médaille de la grandeur d’une assiette d’un mystérieux « Centre international de la paix Hun Sen est le 3 368e lauréat , il est qualifié d’« envoyé du Bouddha pour sauver des millions de gens, lors de la période la plus noire de notre nation
Le 9 décembre, un cargo de 1 096 tonnes battant pavillon cambodgien entre en collision avec un bateau nippon, à 450 km au sud-ouest de Tokyo. Le 12 membres d’équipage et les 29 passagers, tous de nationalité chinoise, sont sains et saufs. On suspecte le bateau de faire partie d’un réseau d’immigration clandestine au Japon.
Les soldats cambodgiens ayant lutté au côté de la France vont pouvoir toucher une pension équivalente à ceux de leur compagnons d’armes français. Cet arrêt du Conseil d’Etat français ne touche de fait qu’une vingtaine de militaires encore vivants.
Un vol direct -Airways reliera Phnom Penh et Taipei à partir du 19 janvier 2002. La compagnie s’était vue interdire ces vols après les « événements » de 1997, accusée par le second-Premier ministre d’aider le premier-Premier ministre Ranariddh. La Chine s’y était également opposée au nom du principe de la Chine unique.
Les espèces protégées continuent à être décimées par des braconniers. Un rapport de CAT Action Treasury, des Etats-Unis, fait état de 10 tigres, 32 ours, 26 éléphants, 2 gaurs, 1 kting, 41 varans et 1 crocodile siamois tués entre les mois de mai 2000 et octobre 2001 dans la seule province de Koh Kong. 7 tigres, 1 léopard, 7 ours, 13 gaurs, 11 ktings, 2 daims, 13 varans, dans celle de Préah Vihéar. 3 tigres, 2 léopards, 8 ours, 13 gaurs, 14 ktings, et 17 varans dans celle de Mondolkiri.
Angkor
L’autorité Apsara responsable de la gestion des temples d’Angkor reproche au gouvernement d’avoir donné son feu vert à la construction d’un hôtel de luxe occupant six hectares sur la route qui mène aux temples d’Angkor. Au total, ce serait 14 hectares que le gouvernement aurait cédé à des intérêts privés. Sans doute faut-il y voir la raison de la colère de Hun Sen fustigeant l’autorité Apsara, qui lui demandait de signer un sous-décret obligeant la population à reculer leurs maisons de 250 m de la route nationale et à les couvrir en tuiles. Il accuse le texte d’être « écrit avec l’aide d’amis étrangers » et déclare que l’Autorité doit être dissoute. Le 16 décembre, plusieurs diplomates étrangers, dont l’ambassadeur du Japon, s’offusquent des propos du Premier ministre. L’autorité Apsara, créée en 1995, est financée spécialement par les gouvernements français et Japonais ainsi que par l’UNESCO.
Des photos prises par satellite permettent d’observer qu’Angkor s’étendait bien au delà des limites connues, et était l’une des plus grandes villes du Moyen Age. « C’était un véritable monstre, ce qui aurait causé sa perte La déforestation serait une autre cause ayant entraîné la ruine de la cité.