Eglises d'Asie

Malgré les circonstances tragiques traversée par elle, la communauté catholique continue de faire entendre ses revendications

Publié le 18/03/2010




Un des effets indirects des massacres de l’église de Bahawalpur (1), le 28 octobre dernier, aura été de donner aux chrétiens des occasions supplémentaires de plaider pour les droits des minorités religieuses dans le pays, où ils sont toujours passablement bafoués. Au cours des rencontres officielles de la fin de l’année 2001 et du début de 2002, à plusieurs reprises, ils ont fait valoir leurs revendications.

Ces revendications se sont exprimées avec une particulière clarté, tout récemment au cours d’une “convention organisée à Lahore, le 29 et 30 décembre, par la Commission Justice et paix’ de l’Eglise catholique, en collaboration avec un certain nombre d’organisations pour les droits de l’homme. Les 200 participants de la réunion, des musulmans, des chrétiens et des hindous, ont appelé à une réforme complète du système social du pays. Ils ont demandé la suppression de toutes les lois et politiques discriminatoires, en particulier à l’égard des minorités religieuses et des femmes, afin que tous les citoyens du Pakistan jouissent des mêmes chances et des mêmes droits politiques et économiques.

Pour que la réforme demandée soit véritablement fondamentale, les participants ont préconisé la restauration de la Constitution de 1973. Celle-ci, en effet, offrait de sérieuses garanties au respect des droits des adeptes des religions minoritaires. Il leur était reconnu, entre autres, le droit de se porter candidats comme les autres citoyens à n’importe quel siège législatif. C’est en 1979 que, sous la présidence de Mohammad Zia ul-Haq, divers amendements à la Constitution adoptés sous l’influence de celui-ci ont vidé de leur teneur les droits accordés à des secteurs entiers de la population. En particulier, les diverses minorités religieuses se sont vues octroyer un système d’électorats séparés, qui, désormais, ne leur permettait de voter que pour leurs propres candidats se présentant à des sièges qui leur étaient spécialement alloués. La constitution, ainsi amendée, avait été suspendue, en octobre 1999, lors du coup d’Etat mené par l’actuel détenteur du pouvoir, le général Pervez Musharraf. Selon les promesses faites par lui, des élections démocratiques devraient avoir lieu en octobre de cette année. Cette demande de réforme par les participants de la Convention s’est accompagnée d’une très solennelle condamnation du fondamentalisme religieux qui sévit aujourd’hui dans le pays. Ont été évoquées particulièrement les violences commises journellement au nom de la religion.

Une autre occasion d’évoquer les problèmes des minorités a été donnée aux chrétiens lors d’une réunion convoquée par le général Musharraf, le 30 décembre. Y étaient invités les responsables des vingt principaux partis politiques du pays et de quelques groupes musulmans. Parmi eux, se trouvaient Clément Shabaz Bhatti, président du Front chrétien de libération. Lors de son intervention qui a duré plus de dix minutes, il a insisté sur la nécessité d’abolir le plus rapidement possible le système actuel des électorats séparés. Selon le leader chrétien, cette mesure de justice était souhaitée par la plupart des dirigeants politiques présents à la réunion, une mesure d’autant plus justifiée que les minorités religieuses pakistanaise venaient de montrer qu’elles étaient prêtes à verser leur sang pour la défense de l’intégrité du Pakistan.

Dans sa réponse, le général Musharraf a affirmé que son gouvernement était très préoccupé par ce problème mais il ne s’est pas engagé à répondre positivement aux souhaits exprimés par l’homme politique chrétien. Cependant, quelques jours avant, lors des vœux de Noël, le chef de l’Etat avait tenu à souligner “le patriotisme de la communauté chrétienne” au Pakistan, ainsi que les services rendus par elle au développement du pays. Il s’était engagé à défendre les droits et les privilèges des minorités, “tels qu’ils étaient inscrits dans la constitution pakistanaise”.