Eglises d'Asie

Hongkong : menacés d’expulsion vers la Chine populaire, les Chinois récemment déboutés par la Cour d’appel de dernière instance de la RAS recherchent le soutien des Eglises de Hongkong

Publié le 18/03/2010




Déboutés le 10 janvier dernier par la Cour d’appel de dernière instance de la Région administrative spéciale de Hongkong (1), une partie des 5 000 ressortissants chinois concernés ont placé leurs derniers espoirs dans le soutien que les différentes confessions religieuses de la RAS pourraient apporter à leur cause. Parmi les Eglises présentes à Hongkong, l’Eglise catholique a montré depuis longtemps qu’elle soutenait leur combat et, le 20 janvier dernier, 150 des 5 000 citoyens chinois en question se sont réunis à la cathédrale catholique de l’Immaculée Conception pour demander au cardinal Jean-Baptiste Wu Cheng-chung, évêque de Hongkong, de les aider. Outre l’Eglise catholique, ces 150 personnes ont remis une pétition à la cathédrale anglicane St. John, à la mosquée de Kowloon ainsi qu’au temple taoïste de Wong Tai Sin. Dans le Sunday Examiner, l’hebdomadaire diocésain de l’Eglise catholique à Hongkong, daté du 20 janvier, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque coadjuteur du diocèse, a apporté son soutien à un appel aux autorités de la RAS pour que les 5 000 Chinois concernés par le jugement du 10 janvier soient autorisés, “pour des raisons humanitaires”, à demeurer à Hongkong.

A en juger par les déclarations des autorités de la RAS, il semble cependant que l’administration dirigée par Tung Chee-hwa ne changera pas d’avis. Elle paraît en effet déterminée à reconduire à la frontière qui sépare la RAS de la Chine populaire les citoyens chinois concernés par le jugement. La date limite est celle du 31 mars et Regina Ip Lau Suk-yee, secrétaire pour les Affaires de sécurité, a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de délai de grâce. Le 15 janvier, elle a fait un parallèle entre la situation des 5 000 citoyens chinois et celle des réfugiés vietnamiens autrefois bloqués durant de très longues années à Hongkong avant d’être expulsés vers le Vietnam. “Si nécessaire, nous ferons appel à un minimum de force [pour les expulser] mais, une fois encore, j’appelle ces personnes à garder leur calme et à se montrer rationnels”, a-t-elle notamment déclaré.

A la date du 30 janvier, il était estimé qu’environ 450 des 5 000 citoyens chinois concernés avaient choisi de retourner d’eux-mêmes en Chine populaire. Malgré les promesses des autorités chinoises qui avaient déclaré que ces personnes ne seraient pas punies ou poursuivies à leur retour, des rapports font état de plusieurs cas de mauvais traitements. Selon Fu Kai Hui, du Right of Abode Committee, un groupe de Hongkong fondé pour aider ces per-sonnes, au moins cinq d’entre elles ont été interpellées dès la frontière franchie le 16 janvier dernier. La police des frontières a demandé à chacune d’entre elles 5 000 yuans (609 dollars américains). Deux des cinq ont été relâchées après avoir payé et les trois autres “ont été battues quand elles ont affirmé qu’elles ne pouvaient payer”, rapporte Fu Kai Hui. Pour le P. Franco Mella, prêtre de l’Eglise catholique très engagé auprès des 5 000 Chinois concernés, ces récents développements sont graves. “Les gens ne sont plus sûrs de rien s’ils choisissent de retourner [en Chine populaire]. Nous sommes furieux que le gouvernement de Hongkong ne respecte pas la parole donnée, parole selon laquelle ceux qui retournent ne seront pas punis. Le gouvernement devrait régler ce problème en leur permettant tout simplement de rester à Hongkong”, a-t-il déclaré à l’agence Reuters le 30 janvier.