Eglises d'Asie

Hongkong : selon un responsable musulman, si des riverains s’opposent à la construction d’une mosquée, c’est parce qu’ils ignorent ce qu’est l’islam

Publié le 18/03/2010




Selon l’imam Uthman Yang, de l’Union islamique de Hongkong, même si elle existe à un certain degré, ce n’est pas la discrimination religieuse qui est à l’origine de l’opposition de riverains à la construction d’une mosquée dans les Nouveaux Territoires, mais “plutôt l’ignorance des gens sur ce qu’est l’islam”. Responsable de la propagation de l’islam au sein de l’Union, l’iman Yang constate qu'”en fait la majorité des habitants de Hongkong n’ont pas ou très peu de connaissances sur l’islam Pour remédier à cet état de fait, l’imam a annoncé que l’Union islamique de Hongkong allait faire un effort d’information afin que les Hongkongais connaissent mieux la religion musulmane. A la suite des attaques terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, l’audience du site Internet de l’Union, bilingue, a doublé, a-t-il indiqué.

Actuellement, trois grandes mosquées et deux plus petites sont érigées sur l’île de Hongkong et à Kowloon, mais aucune dans les Nouveaux territoires, la plus grande des trois parties de Hongkong avec la moitié des 6,8 millions habitants de l’ancienne colonie britannique. Selon l’imam Yang, 70 000 musulmans vivent à Hongkong, la moitié étant des Chinois et l’autre étant formée de Pakistanais, d’Indiens ou de gens d’autres nationalités. Il n’existe pas de chiffre indiquant le nombre de musulmans vivant dans les Nouveaux Territoires.

Au début des années 1990, les musulmans des Nouveaux Territoires ont demandé aux autorités la permission de construire une mosquée. En 1997, le gouvernement a approuvé un projet, à Sheung Shui, près de la frontière avec la Chine continentale, pour un complexe de 16 étages comprenant une mosquée, des services sociaux, une clinique, une résidence pour personnes âgées et une école internationale pour les minorités ethniques. D’après le gouvernement, le projet a suscité une vive opposition des résidents du quartier, ses habitants s’inquiétant de l’engorgement inévitable du trafic automobile au moment des offices et des grands rassemblements religieux. Mais certains habitants du quartier ont dit que les vraies raisons de leur opposition est leur crainte de voir se développer des conflits interreligieux et l’extension du radicalisme musulman qui mettrait en danger leurs vies et leurs biens. D’autres encore ont déclaré que la mosquée menaçait leur tranquillité et perturberait le feng shui local, cet élément de géomancie cher à bon nombre de Chinois. D’autres enfin ont déclaré que, si le site retenu devait obligatoirement avoir une destination religieuse, c’est une église chrétienne qu’ils préféreraient. Ils reprochent aux musulmans la discrimination dont sont victimes les femmes dans l’islam et craignent que les services sociaux proposés ne soient réservés aux seuls musulmans.

Face à tant d’opposition, les autorités de Hongkong sont revenues sur leur accord initial et étudient à nouveau le dossier. L’imam Yang indique que les responsables de la communauté musulmane ont sollicité l’avis de la Commission gouvernementale pour l’égalité des chances, et son groupe continuera à faire pression sur les instances officielles. Le 19 décembre dernier, le lendemain de al-Fitr, fête de clôture du ramadan, un organisme non gouvernemental, The Hong Kong Human Rights Monitor, a qualifié l’opposition à cette construction de “véritable discrimination issue tout droit de l’ignorance”. Son communiqué constate que les musulmans ont été obligés d’aller loin de chez eux pour célébrer al-Fitr. Les raisons invoquées par les opposants, explique l’ONG, sont sans fondements, partiales et discri-minatoires et ces opposants refusent de parler de l’affaire avec les musulmans eux-mêmes. The Hong kong Human Rights Monitor appelle les habitants à être tolérants, à aller visiter une mosquée, à se renseigner sur l’islam et sa culture. Quant aux musulmans, ils sont invités à enseigner aux autres une connaissance élémentaire de l’islam.