Eglises d'Asie

Les récentes déclarations de hauts dirigeants chinois au sujet de l’administration des religions suscitent des commentaires mitigés chez certains catholiques, “clandestins” en particulier

Publié le 18/03/2010




La réunion des 10, 11 et 12 décembre dernier qui s’est tenue à Pékin et qui a rassemblé les sept membres les plus importants du Bureau politique du Parti communiste commence à susciter des commentaires de la part des milieux concernés. Les dirigeants chinois ont en effet débattu de la place des religions dans la société chinoise actuelle et, selon certaines sources, envisageraient que les mouvements religieux puissent obtenir une existence légale dans le pays sans pour autant devoir passer sous le contrôle des Associations patriotiques (1). Des responsables catholiques ont déclaré à ce propos que tout changement devait être abordé avec prudence et qu’il était nécessaire de régler en premier lieu la question des relations entre la Chine et le Vatican avant d’envisager d’autres points.

Le P. Zhu Ruci, prêtre “clandestin” du diocèse de Mindong, dans la province du Fujian, a ainsi préci-sé à l’agence Ucanews (2) que les catholiques clandestins dans son diocèse avaient expliqué aux auto-rités que leur refus de rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois n’était pas un geste d’ordre politique mais religieux. Ils sont prêts à considérer toute proposition acceptable tant par la partie “officielle” que par la partie “clandestine” de l’Eglise, a-t-il ajouté. Une fois que les relations entre la Chine et le Vatican seront normalisées et que l’Eglise sera représentée par une seule et unique conférence épiscopale, l’enregistrement des communautés “clandestines” auprès des autorités ne sera plus un problème. Avant cela, explique encore ce prêtre, l’enregistrement des communautés “clandestines” en tant qu’“organisations de masse” est envisageable pour autant que l’Association patriotique et les principes qui la gouvernent ne sont pas imposés à ces communautés de croyants.

Selon d’autres témoignages recueillis par l’agence Ucanews, la prudence, sinon la méfiance, semblent dominer chez les catholiques “clandestins” qui attendent d’en savoir plus avant de se prononcer. Pour un catholique de la province du Shaanxi, les changements annoncés par le pouvoir ressemblent à un piège tendu par les autorités afin d’amener les communautés “clandestines” à faire surface et, ensuite, à les contraindre à rejoindre l’Association patriotique.

A Hongkong, Anthony Lam Sui-ki, chercheur au Centre d’études du Saint-Esprit, du diocèse catho-lique de Hongkong, estime que les changements évoqués par le pouvoir chinois paraissent plus adaptés aux communautés protestantes qu’à l’Eglise catholique. De par leur nature, les Eglises protestantes sont indépendantes les unes par rapport aux autres et peuvent donc faire enregistrer leur existence auprès des autorités civiles comme autant d’“organisations de masse” distinctes. Pour l’Eglise catholique, l’enregistrement des groupes “clandestins” pourrait certes miner le statut de l’Association patriotique, laquelle exerce un réel contrôle sur l’Eglise “officielle” en de nombreuses régions de la Chine, mais de tels changements ne disent rien de la façon dont la Conférence des évêques “officiels” se positionnerait face aux évêques “clandestins” dont les communautés seraient “officialisées”.

Si des communautés catholiques “clandestines” et dûment “enregistrées” auprès des autorités civiles pouvaient ouvertement et librement célébrer le culte, commente un observateur des affaires de l’Eglise en Chine, “naturellement, le clergé et les fidèles de l’Eglise “officielle” rejoindraient de tels groupes, légitimes vis-à-vis de la hiérarchie de l’Eglise et légaux au regard des lois chinoises tout en étant placés hors du contrôle de l’Association patriotique”.