Eglises d'Asie

Un commerce, tenu par un chrétien et apparemment en règle avec les exigences de l’islam, est obligé de fermer ses portes

Publié le 18/03/2010




Il devient très difficile pour des catholiques pakistanais de se lancer dans une quelconque entreprise commerciale même si celle-ci est parfaitement en accord avec les exigences de la loi musulmane et du Coran. A Karachi, Parvez John William, un catholique, père de quatre enfants, en a fait l’expérience douloureuse, lui qui vient d’être obligé de renoncer à un très prospère commerce de viande de poulet après avoir été accusé par quelques clients musulmans de vendre une nourriture malsaine, c’est-à-dire non conforme aux exigences de l’islam en matière de cuisine. Il est aujourd’hui sans travail et se demande ce qu’il peut bien faire pour nourrir sa famille.

William avait, avec l’aide financière d’un prêtre, installé un commerce d’alimentation dans une boutique louée qu’il avait appelée “Prince Chicken Center Rapidement, il attira une petite clientèle chrétienne de prêtres et de religieuses; puis des clients musulmans vinrent acheter ses produits. Cependant dans la société musulmane, il est important de réciter, lorsque l’on abat une bête, une prière appelée “takbir”. Cette prière comporte un passage invoquant le nom d’Allah : “Au nom d’Allah. Allah est le plus grand Ne pouvant réciter de telles invocations en tant que chrétien, William s’était résolu à engager un musulman qui tuait les poulets à sa place tout en récitant le “takbir Cependant, malgré cela, au bout de quelques mois, un commerçant musulman vendant lui aussi du poulet, dans une boutique voisine répandit le bruit qu’il était interdit d’acheter de la viande de poulet préparée par un chrétien. Quelques femmes musulmanes habituées du magasin de William vinrent lui demander s’il était bien chrétien. A sa réponse affirmative, les dames lui répliquèrent qu’il n’y avait rien de mal à ce qu’un chrétien vende du poulet.

Quelque temps plus tard, un client ayant acheté chez lui un poulet revint le voir et en demanda le remboursement sous prétexte que le produit était “haram”, c’est-à-dire malsain. Le commerçant catholique eut beau lui expliquer que c’était un musulman qui tuait ses poulets selon les exigences de l’islam, le client ne voulut rien savoir et, en fin de compte, obtint le remboursement qu’il désirait. Le même scénario se répéta une seconde fois. William se doutant de quelque chose ne lui avait vendu le poulet qu’après que ce dernier eut lui-même récité le takbir, coupé la viande et promis de ne pas revenir demander un remboursement. Le client revint pourtant quelque temps plus tard, accompagné de dix personnes, parmi lesquelles des religieux musulmans qui lui demandèrent pourquoi lui, un chrétien, vendait de la viande malsaine à des musulmans. William leur répéta ses explications en soulignant que tout était conformément aux exigences de l’islam. Il lui fut répondu que le seul fait que la viande soit touchée par un chrétien la rendait “haram”. On lui suggéra alors de fermer immédiatement son magasin. Sinon, il devrait faire face aux conséquences de son refus.

Un de ses amis, prêtre, conseilla alors au commerçant de ne pas insister et de fermer boutique. Il craignait, en effet, que William soit accusé par les musulmans d’avoir violé la loi sur le blasphème, une loi qui terrorise les chrétiens, car elle est souvent utilisée par les musulmans pour régler leurs comptes avec leurs rivaux non musulmans. Selon la loi pakistanaise, le blasphème s’il concerne le prophète entraîne une condamnation à mort. Pour un blasphème contre le Coran, la peine de rigueur est la prison à vie.