Eglises d'Asie

Dans la province du Guizhou, l’Eglise catholique “officielle” dirige, avec l’assentiment explicite des autorités locales, une école primaire

Publié le 18/03/2010




Avec la permission des autorités locales, le diocèse catholique “officiel” du Guizhou (1), situé au sud-est de la Chine, gère une école publique située sur un terrain rétrocédé l’an dernier à l’Eglise. Le P. Li Limin, le directeur de l’école, précise que l’établissement dont il a aujourd’hui la responsabilité occupe l’emplacement de l’ancienne école du Sacré Cœur, confisquée en 1950. L’Eglise a récupéré ses droits de propriété sur ce terrain en avril 2001. Les travaux de rénovation terminés pendant l’été, l’ancienne école N° 4 Xin’an du district d’Anlong, à 2 000 km au sud-ouest de Pékin, a rouvert ses portes en tant qu’Ecole primaire catholique Limin ( Pour le bien du peuple’), le 1er septembre 2001. D’après le P. Li, le terme “catholique” n’apparaît pas au fronton de l’école mais on peut lire sur tous ses papiers à en-tête et ses tampons officiels : “Ecole primaire catholique Limin ».

Parce qu’il est très rare en Chine qu’une instance religieuse dirige une école, les médias locaux ont, le 4 septembre dernier, abondamment couvert la cérémonie d’inauguration de l’école, où étaient présents les 320 élèves, leurs professeurs et des représentants des autorités, rapporte le P. Li, originaire de Chengde, dans le Hebei. Le responsable du Bureau des Affaires religieuses et des Minorités de la préfecture autonome de Qianxinan Buoyeizu Miaozou, dont dépend Anlong, a déclaré au cours de cette cérémonie qu’une école gérée par l’Eglise était une “bonne chose L’administrateur en chef de la préfecture d’Anlong, lui aussi, a fait les louanges de l’Eglise, soulignant le zèle, la sincérité et la contribution très concrète de celle-ci à l’éducation des jeunes générations. En réponse, ce jour-là, le P. Li a déclaré que l’accord qui a permis la réouverture de cette école est un signe supplémentaire de “l’adaptation mutuelle entre l’Eglise et la société socialiste et une réponse active à l’appel du gouvernement pour un meilleur développement des régions orientales du pays [.]. Cela montre également que l’Eglise soutient le gouvernement lorsque celui-ci demande aux secteurs sociaux de prendre en charge les instituts d’éducation”.

En Chine, dès 1982, l’Eglise a ouvert des centres de formation, mais ces institutions limitaient leur champ d’action à des cours de langue ou d’informatique. Par ailleurs, avec les fonds reçus de catholiques étrangers, un certain nombre d’écoles ont été bâties dans le cadre du “Projet Espoir”, une campagne gouvernementale visant à encourager les initiatives privées en faveur de l’enseignement dans les régions défavorisées, là où les structures de l’Etat ont failli. Cependant, ces écoles ont été mises sur pied à condition que la direction en demeure aux mains du gouvernement. D’autre part, dans certains diocèses, les autorités locales n’autorisent pas l’Eglise à diriger des écoles, quelles qu’elles soient, au motif que les activités religieuses doivent se limiter aux activités cultuelles, dans les locaux prévus à cet effet. Dans le cas de l’Ecole primaire catholique Limin, il a été spécifié que l’Eglise n’est pas autorisée à y donner une éducation religieuse. De par la loi, éducation et religion sont deux choses destinées à rester strictement distinctes.

Au sujet du financement de l’école, le P. Li a indiqué que la moitié des fonds venait de prêts bancaires et le reste, des indemnités reçues du gouvernement en compensation des confiscations de ces dernières décennies et des loyers perçus par quelques biens immobiliers appartenant à l’Eglise locale. Il a aussi précisé qu’il fallait penser à équiper l’école et faire passer le nombre de classes de 7 à 14 au cours du prochain semestre et qu’il avait besoin d’argent pour cela.

(1)Le diocèse catholique “officiel” de Guizhou a été formé en 1999 lorsque la Conférence épiscopale “officielle” a regroupé les diocèses d’Anlong, de Guiyang et de Shiqian, en une seule et même structure. Pour le Saint-Siège, cependant, Anlong demeure un diocèse à part entière.