Eglises d'Asie

La libération de l’entrepreneur de Hongkong condamné à deux ans de prison pour avoir importé illégalement des Bibles en Chine est un geste politique destiné aux Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




Pour différents responsables des milieux chrétiens de Hongkong, l’élargissement, le 9 février dernier, de Lai Kwong-keung pour « raisons médicales » est une décision politique et ne doit pas être interprétée comme un assouplissement de la politique religieuse des autorités chinoises. Le 28 janvier dernier, Lai Kwong-keung, âgé de 38 ans, avait été condamné par un tribunal de la province du Fujian à deux ans de prison fermes alors que l’on avait craint de le voir condamner à la peine capitale avant que les médias occidentaux n’attirent l’attention sur son cas (1). Sa libération, à moins de deux semaines de l’arrivée du président des Etats-Unis à Pékin pour une visite officielle, témoigne du souci du pouvoir chinois de ne pas ternir l’image de son pays et doit se comprendre comme un geste politique, a déclaré en substance le protestant Chan Kim-kwong, secrétaire exécutif du Conseil chrétien de Hongkong.

A son arrivée à Hongkong, Lai Kwong-keung a reconnu qu’il avait cherché à importer des Bibles sans en avoir reçu l’autorisation, tout en ajoutant qu’il ne regrettait pas ce qu’il avait fait. Au sujet de la secte protestante dite des « Hurleurs », à laquelle il était venu en aide, il a déclaré que ce mouvement ne pouvait en aucune façon être assimilé, ainsi que l’ont fait les autorités chinoises, à « un culte pervers ». Enfin, il a conclu en demandant la libération des deux ressortissants chinois arrêtés en même temps que lui et condamnés à des peines de prison fermes, Lin Xifu et Yu Zhudi. Pour Chan Kim-kwong, le fait que ces deux personnes soient toujours en prison est regrettable mais pas surprenant, le pouvoir chinois ayant de façon persistante traité différemment ses propres ressortissants et les citoyens non chinois, fussent-ils détenteurs d’un passeport émis par les autorités de la Région administrative spéciale de Hongkong.

Selon Sœur Beatrice Leung Kit-fun, religieuse catholique et observatrice de longue date des affaires religieuses en Chine, la libération de Lai Kwong-keung ne doit pas être interprétée différemment d’un « spectacle » donné par le gouvernement chinois (2). Pour Lau Siu-kai, directeur associé de l’Institut d’études de l’Asie-Pacifique à l’université chinoise de Hongkong, « Pékin ne voulait pas risquer de mettre en danger les relations sino-américaines et ternir l’atmosphère du sommet à venir [en laissant en prison Lai Kwong-keung] ».