Eglises d'Asie – Sri Lanka
Après la signature d’un accord de cessez-le-feu entre les Tigres tamouls et le gouvernement de Colombo, des responsables de l’Eglise catholique font preuve d’un optimisme prudent
Publié le 18/03/2010
Pour l’évêque de Mannar, la levée de l’embargo économique que le gouvernement maintenait sur la région et la cessation des hostilités de la part des Tigres, ces derniers ayant déclaré un cessez-le-feu unilatéral à la veille de Noël 2001, sont autant de pas dans la bonne direction. Les gens veulent la paix et non la guerre, mais, après dix-huit années de guerre et plus de 64 000 morts, met en garde l’évêque catholique, le chemin est difficile. “Construire les passerelles de l’amitié, bâtir les ponts d’une mutuelle compréhension, s’appuyer sur le côté positif des choses. Ne pas rabâcher les choses qui font mal. Ne pas jouer la vie des gens pour obtenir un gain politique immédiat”. Telles sont les recommandations de Mgr Rayappu Joseph aux négociateurs de deux bords.
Tout en soulignant les premiers impacts positifs du cessez-le-feu (levée du blocus imposé par le gouvernement aux zones de guerre, réouverture de certaines écoles), l’évêque de Mannar a tenu à s’exprimer en tant que représentant des catholiques tamouls de son diocèse, la deuxième plus importante communauté religieuse de la région après la communauté hindoue. Il est essentiel, a-t-il déclaré, que le gouvernement permette “aux Tamouls de ce pays de vivre dans la dignité”. Les reconnaître comme partie intégrante de la nation tout entière, les considérer comme des êtres humains jouissant des mêmes droits que tous les autres habitants du pays, tels sont les conseils que l’évêque adresse au gouvernement de Colombo.
Pour le P. Stanislaus Philips, responsable du sanctuaire de Notre-Dame de Madhu, sanctuaire marial connu dans tout le pays et fréquenté par des catholiques du sud comme du nord du Sri Lanka ainsi que par des hindous et des bouddhistes, la question de la dignité de la personne doit être placée au centre des négociations de paix. “Si ce qui est mis en place ne l’est que pour des questions économiques ou afin d’en retirer des gains politiques, alors il n’y aura pas de règlement de ce conflit”, estime-t-il. Avant toute chose, la dignité et l’égalité des personnes doivent être respectées, poursuit-il en constatant que, sur ce plan, les choses n’ont pas commencé à changer.