Eglises d'Asie – Pakistan
La Cour suprême du Pakistan accepte de réviser le procès d’un chrétien condamné à mort pour blasphème contre le prophète
Publié le 18/03/2010
Le tribunal suprême du Pakistan en acceptant le recours, qui est la dernière démarche possible pour le chrétien condamné à mort, a ordonné une révision complète du jugement, deux juges ayant estimé que le procès était entaché d’irrégularités. Les avocats du chrétien ainsi que la Commission épiscopale Justice et paix’, qui suit de très près le cas de Ayub Massif, ont bon espoir et pensent qu’une heureuse issue viendra mettre un terme à cette triste affaire. Selon l’avocat, M. Minto, il est probable que la Cour suprême ne renverra pas l’affaire à une cour de plus basse instance pour y être jugée, mais que, vraisemblablement, elle acquittera purement et simplement le chrétien inculpé, incarcéré dans la prison de Multan depuis 1997. Le P. Emmanuel Yousaf, directeur de la Commission Justice et paix’, pense lui aussi que les circonstances politiques sont plutôt favorables à un acquittement. Après la campagne lancée contre les extrémistes musulmans par le chef de l’Etat (2), ces derniers se sont calmés et il est probable qu’il n’exerceront pas de pression sur les juges. Cependant, il se pourrait aussi, a fait remarquer le prêtre, qu’ils se saisissent de cette occasion pour ranimer leur campagne anti-chrétienne.
En 1996, Ayub Masih et un groupe de chrétiens sans terre étaient entrés en conflit avec un propriétaire terrien musulman à propos d’allocation de terrains constructibles dans un village du Pendjab, Arifwala. Le propriétaire avait accusé Ayub Masih d’avoir parlé positivement du livre de Salman Rushdie, Les versets sataniques. C’est sous cette accusation qu’il avait été condamné à mort. Dans une lettre envoyée à Rome avant sa mort, Mgr John Joseph affirmait qu’Ayub Masih avait été condamné parce que le tribunal avait estimé que la parole d’un chrétien ne valait pas celle d’un musulman. Il est le quatrième chrétien condamné à mort pour blasphème à l’égard du prophète au nom de l’article 295 C du Code pénal. Les trois autres ont vu leur condamnation cassée par la Haute Cour de Lahore. Mais tous ont été obligés de fuir à l’étranger pour des raisons de sécurité.