Eglises d'Asie

L’évêque catholique de Mannar, au nord-ouest du pays, s’est plaint auprès du chef des Tigres tamouls de la conscription forcée d’enfants et de la levée d’impôts par le LTTE

Publié le 18/03/2010




Au début du mois de février dernier, Mgr Rayappu Joseph, évêque du diocèse catholique de Mannar, situé en zone majoritairement tamoule au nord-ouest du pays, a rencontré le tamoul Chelvan, un des dirigeants politiques du LTTE, les Tigres tamouls de libération de l’Eelam qui mènent depuis dix-huit ans une guerre sanglante pour obtenir l’indépendance de la partie du Sri Lanka peuplée en majorité de Tamouls. L’entretien a eu lieu à Mallawi, dans la jungle de la région de Vanni, où est situé le quartier général des Tigres. L’évêque catholique s’est plaint auprès du leader tamoul de la conscription forcée d’enfants âgés de moins de 16 ans et de la levée d’impôts que les forces du LTTE mènent dans la région du diocèse de Trincomalee-Batticaloa. “Le P. Joseph de Koning, vicaire général de ce diocèse (situé au nord-est du pays), m’a informé que les habitants tamouls de cette région s’étaient plaints auprès de lui de l’attitude des rebelles qui, récemment, ont exigé de chaque famille l’enrôlement dans leurs rangs d’un jeune au moins et qui ont prélevé des sommes d’argent au titre de taxes”, a rapporté Mgr Joseph. Selon lui, le responsable des Tigres a répondu ne pas être au courant de telles conduites mais a ajouté qu’il “ferait ce qui est nécessaire pour mettre fin sans délai à de telles pratiques”.

Depuis plusieurs années, le LTTE est dénoncé par diverses organisations de défense des droits de l’homme qui l’accusent de recourir largement au recrutement forcé d’enfants âgés parfois de douze ans pour combattre dans leurs rangs. Selon l’UNICEF, les rebelles tamouls mènent depuis le mois de juillet dernier une intense campagne de conscription forcée. Selon une ONG internationale, toutes les familles sont concernées ; celles qui refusent de livrer un de leurs enfants voient leur habitation incendiée ; les couples sans enfant sont forcés de payer des sommes d’argent. Au début du mois de février 2002, la présidente Chandrika Kumaratunga a exprimé son inquiétude face au phénomène du recrutement des enfants alors même que le LTTE observe un cessez-le-feu depuis Noël 2001. Elle a enjoint aux dirigeants du LTTE d’honorer l’engagement pris en mai 1988 devant l’UNICEF de ne pas recruter d’enfants-soldats.