Eglises d'Asie – Chine
Une organisation américaine de défense de la liberté religieuse a publié une série de documents secrets des autorités chinoises relatifs à la répression des groupes religieux clandestins
Publié le 18/03/2010
Selon Nina Shea, directrice du Centre pour la liberté religieuse de l’organisation américaine Freedom House (1), « ces documents fournissent la preuve irréfutable que la Chine reste déterminée à éradiquer toute forme de pratique religieuse qu’elle ne peut contrôler et n’hésite pas pour ce faire à recourir à des moyens extrêmes ». Dans l’introduction rédigée par Freedom House pour présenter ces documents, Nina Shea s’est exprimée en ces termes : « Le président Bush, qui a à de nombreuses reprises exprimé son souci face à la répression religieuse en Chine, doit parler avec force et en public en faveur de la liberté religieuse au cours de la visite d’Etat qu’il va mener en Chine la semaine prochaine. » Pour Bob Fu, directeur du CIPRC et qui a vécu un temps à Pékin en cachant sa qualité de pasteur protestant, ces documents sont la preuve que les autorités chinoises pratiquent « un double langage », évoquant d’un côté la possibilité d’adoucir leur politique religieuse et donnant de l’autre des ordres secrets pour éliminer les groupes religieux considérés par elles comme illégaux (2).
L’un de ces documents est un discours, daté du 6 mars 2001, du vice-directeur du Bureau de la Sécurité publique de la province de l’Anhui au sujet de questions de sécurité. Sun Jianxin, le vice-directeur, y explique comment ses services « ont commencé à rechercher, éduquer, convertir, reconnaître et contrôler » certains éléments clés de l’Eglise catholique « clandestine ». Après le trouble créé par les canonisations du 1er octobre 2000 (3), la Sécurité publique de l’Anhui a pris des mesures pour « contrôler à l’avance et prévenir avec succès les activités illégales qui auraient pu être provoquées par l’événement ». Au sujet du Vatican, le fonctionnaire chinois estime que Rome « attend toujours une opportunité pour intervenir » dans les affaires internes de l’Eglise de Chine et appelle donc à intensifier le travail sur les catholiques : obtenir des informations sur les « infiltrations » et les « activités de sabotage » menées par le Vatican.
Bien qu’il soit difficile de mesurer la portée réelle des documents publiés, ceux-ci permettent toutefois de se faire une idée précise de l’état d’esprit des responsables de l’appareil de sécurité chinois lorsqu’ils s’expriment par écrit. S’agissant des contacts que les croyants chinois appartenant à des instances religieuses non reconnues officiellement ont avec des étrangers, la méfiance est de rigueur. Ainsi, pour ces responsables, rendre visite à des croyants est synonyme d’« infiltration » ; les encourager n’est pas différent de les « inciter » ; leur apporter un soutien financier, c’est les « corrompre » ; enfin, organiser des réunions dans des domiciles privés revient à mener des « activités criminelles illégales ». Pour Sun Jianxin, la religion est le biais par lequel « des organisations hostiles, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, [.] ont entrepris d’infiltrer notre pays, usant de différentes méthodes, telles que les fondations ou les délégations académiques et tous les genres de médias. [.] Des puissances occidentales hostiles, emmenées par les Etats-Unis, ont décidé de mener à bien leur stratégie visant à occidentaliser, diviser et affaiblir notre pays. »