Eglises d'Asie

Divers partis politiques demandent au gouvernement de rétablir les sièges réservés aux minorités religieuses lors des élections législatives d’octobre prochain

Publié le 18/03/2010




En prévision des futures élections législatives, les premières depuis le coup d’Etat de 1999 à la suite duquel l’Assemblée nationale avait été dissoute, le chef de l’Etat pakistanais avait annoncé, le 16 janvier dernier, l’abolition du système des électorats séparés (1). En même temps, il avait informé les citoyens pakistanais de la suppression de la disposition législative attribuant des sièges réservés aux diverses minorités non musulmanes. Autant la première mesure a été appréciée des électeurs pakistanais concernés qui la demandaient depuis longtemps, autant la seconde a suscité le mécontentement chez les représentants des minorités religieuses du pays. Lors d’un séminaire organisé par la Fondation de la presse du Pakistan, le 28 février dernier, à Karachi, les orateurs ont, pour la plupart, critiqué le changement introduit par le gouvernement militaire dans les anciennes dispositions en faveur des minorités.

Les intervenants appartenant à des minorités religieuses ont, chacun à leur manière, déploré la récente mesure. Samina Ishaq, directeur de la Fédération des peuples du Pakistan, a justifié l’existence de sièges réservés aux minorités par l’importante proportion de ces dernières au sein de la population. Au nombre de 8 à 10 millions, elles représentent de 6 à 7 % de l’électorat dans la plupart des circonscriptions électorales. Saleem Khokhar, un chrétien membre de l’Assemblée législative provinciale du Sindh, a proposé que des sièges soient réservés pour les minorités en chaque assemblée locale en fonction de la composition démographique de la circonscription électorale. Michaël Javed, un autre chrétien de la même assemblée provinciale, a souligné que les chrétiens constituaient la plus importante des minorités religieuses du pays et que les décisions concernant celles-ci ne pouvaient être prises sans les avoir consultés auparavant.

Les représentants des musulmans présents au séminaire ont émis sur le sujet des opinions diverses. Ainsi, Mohammad Hussain, du mouvement Mohajir Qaumi, après avoir déclaré que l’essor du Pakistan était lié à la possibilité, pour chaque citoyen, de s’exprimer et de participer aux élections, a précisé que lui et son parti faisaient confiance au système des électorats associés lié à des sièges réservés aux minorités religieuses. Par contre, Merajul Huda, principal responsable du Jamaat-i-Islami (Parti religieux islamique), s’est prononcé pour un système d’électorats séparés accompagné de sièges réservés aux minorités. Il a expliqué qu’avec un système électoral commun à tous et en l’absence de sièges qui leur soient attribués à l’avance, les minorités ne pourraient envoyer aucun représentant dans les diverses assemblées.

Dix jours avant le séminaire de Karachi, le 18 février, quatre partis politiques nationaux et des groupes des droits de l’homme s’étaient rencontrés à Multan pour un débat sur ce même sujet. Les participants ont abouti à la conclusion que des sièges réservés aux minorités étaient indispensables pour que les minorités ne soient pas marginalisées et que l’harmonie et la concorde règnent au sein de la population. Dans un autre séminaire, un dirigeant de la Ligue musulmane du Pakistan s’est également prononcé en faveur de sièges réservés, condition sine qua non pour que les minorités soient représentées aux élections d’octobre prochain, à l’Assemblée nationale, même si le nombre des députés de celle-ci passe de 237 à 350 comme l’a annoncé le chef de l’Etat le 16 janvier dernier.