Les bonnes nouvelles de 2001
Il y a aussi d’heureux événements. Pour la première fois dans l’histoire, des scientifiques de six pays différents travaillant ensemble, ont été capables de décrypter la séquence du génome humain et d’entrer un peu mieux dans le mystère de l’être humain. La Chine a vu sa candidature pour les Jeux olympiques de 2008 retenue. Elle a été acceptée aussi comme membre de l’OMC. Mais, étant donné que China Bridge s’intéresse aux événements survenus dans l’Eglise en Chine, donnons un rapide coup d’oil sur l’année écoulée pour voir les défis rencontrés par l’Eglise en Chine en 2001 et quels seraient les éventuels signes d’espoir pour 2002.
Retour en arrière sur l’année 2001
L’Eglise en Chine a perdu certains de ses meilleurs évêques au cours des douze derniers mois. L’humble et très respecté évêque Duan Yinming, de Wanxian, est décédé le 10 janvier à l’âge de 92 ans. Il était le dernier évêque nommé par le Vatican en Chine continentale et, avec lui, le dernier chapitre des relations entre la Chine et le Vatican s’est fermé. Le 26 mars, l’évêque, reconnu par le Vatican, Luo Beizhan, de Chongqing, dans la province du Sichuan, est mort à l’âge de 89 ans. Il avait été consacré évêque de Chongqing par Mgr Duan Yinming le 14 mai 1993.
Lin Bingliang, évêque de Guangzhou, dans la province du Guangdong, s’est éteint le 25 mai 2001. Les funérailles de Mgr Lin se sont déroulées dans la belle ‘église de pierre’ de Guangzhou, la cathédrale du Sacré-Cour, le 5 juin 2001.
Mgr Lui Hede, franciscain et évêque de l’Eglise clandestine, était l’administrateur spécial du diocèse de Hankou. Mis en prison en 1955 puis envoyé en camps de rééducation par le travail pendant la Révolution culturelle, il fut libéré fin 1970 et ordonné clandestinement évêque en 1984. Dans les premières années de la décennie 1990, Mgr Liu avait accepté d’ouvrer ‘au grand jour’ et de collaborer avec Mgr Dong, au sein de l’Eglise « officielle » de Hankou. Mgr Liu vivait au séminaire à Wuchang, dans la ville de Wuhan, en tant que simple prêtre à la retraite, faisant office de directeur spirituel pour les séminaristes.
La veille de Noël, l’évêque « clandestin » de Pékin, Mgr Matthew Pei Xiangde, est mort à l’âge de 83 ans. Mgr Pei avait été placé en résidence surveillée depuis avril 2001. La police a exigé pour ses funérailles un service minimum, demandant que seuls les habitants de son village natal puissent y assister. En 1950 il avait été contraint de travailler à l’usine pharmaceutique Zhiyauchang, à Pékin. Pendant la Révolution culturelle, il passa dix années de sa vie en camps de rééducation par le travail. Il avait été libéré en 1980 et ordonné secrètement évêque de Pékin en 1989.
Pas de changements dans la politique religieuse
Même si le gouvernement chinois a ratifié la convention des Nations Unies au sujet des droits de l’homme et en matière de droits sociaux, la plupart des spécialistes estiment que cela n’a pas apporté de changements significatifs dans la situation des droits de l’homme en Chine – et que cela n’en apportera pas. En fait, pratiquement rien ne semble avoir changé dans la politique religieuse l’année passée. Des arrestations d’évêques, de prêtres et de laïcs ont eu lieu partout dans le pays : Pékin, Hebei, Fujian, Jiangxi et Mongolie intérieure. Le 4 janvier 2001, un prêtre, cinq religieuses, six séminaristes et un certain nombre de laïcs ont été détenus par les autorités du Bureau de la Sécurité publique dans un disctrict de la province de Fujian pour avoir pris part à une cérémonie religieuse non autorisée. Deux religieuses ont été contraintes de signer des documents pré-rédigés de renoncement à la foi catholique. Pour décourager les membres de l’Eglise « clandestine » de rester dans leur secteur et les empêcher de prier sur la tombe de Mgr Joseph Fan Xueyan, de Baoding, les hommes de la Sécurité publique ont rasé la tombe de ce dernier. Pour la troisième fois en dix-huit mois, au village de Linjiayan, dans la province du Zhejiang, le gouvernement a démoli une église catholique nouvellement reconstruite parce que les catholiques de cette localité refusent de joindre l’Association patriotique des catholiques de Chine. Durant l’année, un monastère et deux couvents ont été fermés et les séminaristes, les moines et les religieuses renvoyés chez eux. Fin novembre, personne ne savait où se trouvaient les deux évêques, Mgr Li Jingfeng et Mgr Zhang Wannian. Cependant, au long de cette année écoulée, on peut aussi trouver des signes positifs qui augurent d’un meilleur avenir pour l’Eglise.
L’Eglise et les services sociaux
Le souci de l’Eglise pour les services sociaux a valu à quelques religieuses et à quelques prêtres la reconnaissance des autorités pour l’ouvre accomplie par eux durant les terribles tempêtes de neige du printemps dernier. Ces religieuses, portant l’habit, et ces prêtres ont porté secours à des gens qui souffraient de faim et de froid, en différentes provinces – y compris la Mongolie intérieure. Avec empressement et joie, ils ont prodigué des soins à leur prochain souffrant, témoignant de l’amour de Dieu. Des fonctionnaires du gouvernement les ont accompagnés et ont été surpris de voir que tous les dons étaient distribués sans aucune arrière-pensée, sans attente de quelque chose en retour.
En 2001, des groupes catholiques se sont efforcés de changer les attitudes locales vis-à-vis des personnes souffrant de difficultés d’apprentissage. Par des sessions de formation, ils se sont évertués à montrer qu’amour, dévouement et formation peuvent apporter du savoir et changer les attitudes des gens vis-à-vis des handicapés, particulièrement des enfants handicapés.
La Chine remporte l’organisation des Jeux olympiques 2008
Quand la candidature de la Chine a triomphé pour l’organisation des Jeux olympiques de 2008, l’Eglise catholique s’est réjoui avec le reste du pays et a participé aux célébrations. Chacun espère que le monde prendra en compte l’antique culture de la Chine et que cet événement, auquel il faut ajouter l’entrée de la Chine à l’OMC, apportera plus d’ouverture.
La Chine admet enfin que le sida pose un problème grave au pays
Jusqu’à présent, la Chine a plus ou moins ignoré le problème rampant du sida. Finalement, grâce à l’aide d’ONG – y compris celle d’un prêtre catholique intéressé à ces questions -, la Chine s’est résolue à reconnaître le problème et à agir, mettant la question de l’éducation en tête de ses préoccupations. La Chine réalise que si quelque chose n’est pas fait maintenant, la contamination sera demain encore plus importante que celle de l’Afrique aujourd’hui.
Des signes d’espoir
En avril, l’Eglise au Guizhou a récupéré les titres de propriété du site où se trouvait l’ancienne école du Sacré-Cour, dans le district d’Anlong. Avec l’autorisation du gouvernement et celle du diocèse de Guizhou, le P. Limin, en tant que principal, dirige l’école publique du lieu, école logée dans cette propriété de l’Eglise. L’enseignement de la religion n’y est toutefois pas toléré.
Un autre signe d’espoir a surgi près d’ici : en effet, des catholiques de Shenzhen et de Hongkong se réunissent désormais pour des partages de Bible. Ensemble, ils font l’expérience de l’amitié et de l’échange mutuel en chantant et priant dans ce qui est une des premières chapelles bâties dans un centre commercial en Chine.
Dans un contexte plus large, l’amertume provoquée par la querelle née de la canonisation de 120 martyrs de Chine semble s’être quelque peu réduite entre l’Eglise de Rome et le gouvernement de la Chine – cette amertume qui avait été si vive tout au long de l’année 2000. Comme l’a indiqué un conseiller paroissial de Hongkong, Mak Honkai, de hauts responsables du Bureau des Affaires religieuses en Chine ont déclaré à des délégués religieux invités à visiter Pékin et Shangaï que la controverse sur ces canonisations faisait partie du passé. Le 30 octobre toutefois, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sun Yuxi, a mentionné que la Chine attendait toujours des excuses à ce sujet.
Ce fut aussi une année phare pour les disciples de Matteo Ricci. Des conférences locales et internationales ont célébrés le 400e anniversaire de son arrivée à Pékin, en 1601. Le 12 octobre 2001, l’Institut Ricci de Macao pour l’Etude du dialogue interculturel entre la Chine et l’Occident a été inauguré. L’Institut de technologie de Pékin a marqué, entre le 14 et le 17 octobre, ce quatre centième anniversaire de l’arrivée du P. Ricci à Pékin par l’organisation d’une conférence internationale intitulée « Rencontres et Dialogues, un symposium international sur les échanges culturels entre la Chine et l’Occident pendant les dernières décennies de la dynastie des Ming et les premières décennies de la dynastie des Qing ». A Rome, une autre conférence internationale s’est tenue à l’Université grégorienne pour commémorer le même événement ; Jean-Paul II en a profité pour demander pardon pour les fautes « présentes et passées » commises par des membres de l’Eglise catholique. « Je regrette que pour beaucoup ces fautes ont donné l’impression d’un manque de respect et d’estime pour le peuple chinois. Pour tout cela, je demande pardon et compréhension à ceux qui se sont sentis blessés par de telles actions venant des chrétiens. » Le pape semble avoir pris par surprise les Chinois qui sont restés pratiquement sans réponse. Ils se sont contentés de répéter les vieilles banalités de ces vingt dernières années, à savoir que le Saint-Siège doit rompre ses relations avec le gouvernement de Taiwan.
Des découvertes mettent en lumière les débuts de la chrétienté en Chine
De nouvelles fouilles ont mis en lumière l’histoire de la chrétienté en Chine. Grâce à des documents trouvés dernièrement et à la récente traduction des « Soutras de Jésus », on estime que la chrétienté est présente en Chine depuis plus de mille ans et l’on peut affirmer sans risque de se tromper que la fameuse stèle de Xi’an, attribuée jusqu’ici aux moines nestoriens, n’est pas du tout nestorienne mais bien le produit de l’Eglise d’Orient, unie à Rome.
Au cours de l’année passée, plusieurs nouvelles églises ont vu le jour. Il faut en noter deux spécialement. Le 7 décembre 2001, des centaines de catholiques, des officiels du gouvernement et des donateurs ont pris part à la cérémonie célébrée par Mgr Joseph Xu Zhixuan pour l’inauguration de l’église Saint-Joseph, dans le diocèse de Wanxian. Cette inauguration fait partie du projet de déplacer en les rebâtissant les églises sur le point d’être submergées par les eaux du barrage des Trois Gorges.
L’église Saint-Antoine, la toute récente et unique église catholique de Shenzhen, a ouvert ses portes le 18 décembre pour la joie des quelque mille catholiques de cette ville. La messe y fut concélébrée par Mgr John Huo Cheng, de Fenyang (province de Shanxi), et Mgr Paul Jiang Taoran, de Shijiazhuang (province de Hebei), ainsi que par 40 prêtres venus de toutes parts y compris de Hongkong. Un officiel du Front uni de Shenzhen du Parti communiste a déclaré à cette occasion qu’il était important de guider les croyants à s’adapter au socialisme, à aimer le pays et sa direction communiste, à être au service des intérêts de l’ensemble de la nation.
A la fin de l’année, la Chine comme la plus grande partie du reste du monde s’est préparée à célébrer Noël. Les Chinois l’ont fait de plusieurs manières. Certains n’ont vu en Noël rien d’autre qu’un temps pour faire des courses, échanger des cartes de voux et des cadeaux, et envoyer des e-mail. Les hôtels ont augmenté leurs prix pour accueillir les nouveaux riches. « La célébration de Noël ne signifie pas que les Chinois connaissent vraiment l’esprit de Noël tel qu’il est fêté en Occident. C’est simplement parce que nous avons plus de moyens aujourd’hui et que nous cherchons de bons prétextes pour rassembler nos amis et nous amuser », témoigne Zhao Xiaqiu, professeur à l’Université du Peuple à Pékin. Cependant, de nombreux chrétiens ont fait la queue par une température en dessous de zéro, attendant patiemment pendant des heures pour célébrer à la messe de minuit la naissance du Christ.