Eglises d'Asie

L’Eglise catholique rejette les accusations de certains nationalistes cinghalais selon lesquelles elle serait le fer de lance des Scandinaves, médiateurs dans le conflit entre les Tigres et Colombo

Publié le 18/03/2010




Après l’évêque catholique de Mannar qui avait exprimé à la fin du mois de février dernier sa satisfaction prudente au sujet de l’accord de cessez-le-feu signé le 23 février 2002 entre les Tigres tamouls et le gouvernement de Colombo (1), la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka s’est à son tour prononcée publiquement en faveur de cet accord. Le 28 février dernier, Mgr Oswald Gomis, évêque d’Anuradhapura et président de la Conférence épiscopale, a diffusé un communiqué par lequel les évêques qualifient l’accord du 23 février d'”avancée très propice à un règlement final de la crise ethnique du pays” et invitent toutes les parties en présence à saisir “ce qui peut bien être la dernière chance de parvenir à un règlement politique négocié”. Dans ce contexte, les évêques ont très mal pris les attaques de certains nationalistes cinghalais qui ont accusé les catholiques de soutenir l’accord de cessez-le-feu uniquement parce que celui-ci a été obtenu en grande partie grâce à la médiation de la Norvège, active sur ce dossier depuis deux ans.

“L’accusation selon laquelle les pays scandinaves sont en grande majorité chrétiens et, par conséquent, sont de mèche avec l’Eglise est sans fondement et manque à la logique la plus élémentaire”, peut-on lire dans le communiqué signé par Mgr Gomis. Pour les évêques sri-lankais, les accusations lancées par certains milieux nationalistes cinghalais, opposés à l’accord de cessez-le-feu conclu avec les Tigres tamouls, et selon lesquelles les catholiques sont le fer de lance des négociations de paix qualifiées par eux d’“anti-nationales ont un seul objectif : “semer la zizanie, répandre les graines de la discorde” entre les groupes ethniques et les communautés religieuses de l’île. Les évêques poursuivent en mettant en garde leurs coreligionnaires et concitoyens contre “les déclarations de cette nature, illogiques, sans fondement et visant à la provocation”, concluant au contraire qu’il est grand temps de sauver le pays et que toutes les personnes de bonne volonté unissent leurs efforts pour épargner au Sri Lanka les ravages de l’“extrémisme”.

Depuis le 23 février, les négociations entre le gouvernement et les Tigres n’ont pas cessé. Le 7 mars, le chef suprême des Tigres tamouls, Velupillai Prabhakaran, a reçu le Norvégien Trond Furuhovde, général à la retraite et chef de la délégation scandinave chargée de surveiller l’application du cessez-le-feu. La rencontre a eu lieu à Kilinochchi, au cour de la région de Vanni, contrôlée par les Tigres et c’était là une des rares fois où le chef des Tamouls a rencontré un ressortissant étranger depuis le début de la guerre civile en 1983. Furuhovde dirige une équipe de 18 observateurs, venus de Norvège, de Suède, de Finlande et du Danemark. Prabhakaran a demandé aux délégués scandinaves de faire en sorte que la réouverture de l’autoroute A 9, reliant Jaffna à Colombo en passant par la célèbre Elephant Pass (2), soit accélérée. A Colombo, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a déclaré devant le Parlement qu’il espérait que les négociations de paix commenceront dans un délai de trois mois.