Eglises d'Asie

A l’invitation de deux diocèses catholiques, l’un situé en zone tamoule, l’autre en zone cinghalai-se, des jeunes Tamouls sont venus donner leur sang à des Cinghalais hospitalisés à Kandy

Publié le 18/03/2010




Le 14 mars dernier, à Kandy, ville située au centre du pays et centre historique de l’ancienne monarchie cinghalaise et du clergé bouddhiste, quinze jeunes Tamouls, venus des régions nord du pays, peuplées en majorité de Tamouls, se sont rendus à l’hôpital pour y offrir de leur sang en faveur des malades appartenant à la partie cinghalaise de la population sri-lankaise. Par ce geste, organisé par le diocèse de Mannar, situé au nord-ouest du pays, en zone tamoule, et le diocèse de Kandy, l’Eglise catholique a voulu insister sur la nécessité d’adopter de nouveaux comportements, après plus de 18 ans de guerre civile. “Pendant près de vingt ans, la jeunesse du nord comme celle du sud ont versé leur sang pour se combattre les uns les autres. Aujourd’hui, des jeunes du nord ont donné de leur sang pour faire de leurs semblables vivant au sud des frères de sang”, a déclaré à cette occasion le P. Nandana Manatunga, responsable du secrétariat diocésain pour la défense des droits de l’homme à Kandy. Selon lui, ce geste représente “un événement unique de partage, de compréhension mutuelle et de bonne volonté que nous, Cinghalais vivant dans le sud du pays, n’aurions jamais pu imaginer (il y a encore quelques semaines)”.

Dans la dynamique de paix qui semble s’instaurer peu à peu au Sri Lanka depuis la signature le 23 février dernier d’un accord de cessez-le-feu entre les Tigres tamouls et Colombo (1), le P. Nandana Manatunga s’est interrogé sur la façon dont les Cinghalais au sud pourraient répondre au geste offert par ces jeunes Tamouls du nord. Loin d’impliquer la seule Eglise catholique, le geste organisé par les diocèses de Kandy et de Mannar avait été conçu comme une invitation aux autres religions à se joindre aux efforts visant à construire la paix. Ainsi le 14 mars, des religieux bouddhistes, hindous et musulmans avaient été invités à une rencontre de prières. Le Vénérable Udalumada Gunaratana Thero, moine bouddhiste important et représentant les provinces du Nord et de l’Est, a félicité les jeunes Tamouls de Mannar pour le courage de leur geste. Selon l’agence Ucanews qui rapporte l’événement, les médias tant locaux que nationaux ont donné une large couverture à l’événement (2).

Ailleurs, dans le pays, différents événements ont eu lieu sous l’influence du nouveau climat politique créé par l’accord du 23 février. Lorsque le Premier ministre s’est rendu à Jaffna, plusieurs centaines de moines bouddhistes en diverses villes du sud cinghalais sont descendus dans la rue, le dénonçant comme un traître à la nation sri-lankaise. Mais, le lendemain 15 mars, dans la ville d’Anuradhapura, ancienne capitale de l’île, près de 300 000 personnes se sont rassemblées pour prier pour la paix et exprimer leur soutien aux efforts déployés par le gouvernement pour trouver une issue au conflit entre Tamouls et Cinghalais. L’évêque catholique du lieu, Mgr Oswald Gomis, avait pris la tête d’environ 5 000 catholiques pour signifier l’engagement de l’Eglise catholique pour la paix. Des prêtres et des religieuses catholiques se sont joints ce jour-là à la procession des moines et moniales bouddhistes à travers les rues de la vieille ville.