Eglises d'Asie

Les organismes chrétiens s’opposent à l’abandon des programmes religieux à la radio

Publié le 18/03/2010




La récente décision du gouvernement sri-lankais de ne plus diffuser à la radio publique de programmes religieux qu’à la condition qu’ils soient parrainés financièrement par un tiers a provoqué une vive opposition du Conseil consultatif chrétien des programmes religieux. Cet organisme, qui réunit des religieux et des laïcs, refuse en effet la décision de la Société de radiodiffusion du Sri Lanka (SLBC), société publique, de crainte que, dans une première étape, la décision ne conduise à la disparition du service religieux dans les programmes de la radiodiffusion gouvernementale. S’adressant à la mi-févier au Comité consultatif chrétien, Dhammika Dissanayake, président nouvellement nommé à la tête de la société de radiodiffusion gouvernementale, a expliqué que l’ensemble des programmes religieux souffrait d’un déficit de près de 180 millions de roupies (1,7 millions dollars américains). Dans une récente circulaire, a-t-il révélé, le ministère de l’Economie et des Finances a donné instruction à la société de s’autofinancer si elle voulait continuer à fonctionner de manière indépendante. “La SLBC, du fait du népotisme généralisé, a augmenté le nombre de ses employés jusqu’à, ces derniers temps, atteindre le chiffre de 1 588 personnes », a fait remarquer le président, ajoutant qu’une période d’essai de six mois avait été accordée pour permettre le retour à l’équilibre financier. Si la chose s’avérait impossible, la société passerait au secteur privé, a ajouté Dissanayake au cours d’une rencontre présidée par Mgr Winston Fernando, évêque de Badulla et président du Comité consultatif et de la Commission nationale catholique des communications sociales.

Le P. Cyril Fernando, directeur du Centre catholique de la communication de Colombo et membre lui aussi du comité consultatif, a déclaré que “la décision de la SLBC de ne diffuser que des programmes religieux sponsorisés et même de vendre nos temps d’antenne à des annonceurs nous placerait, nous catholiques, dans une situation aléatoire et difficile pour la recherche de sponsors pour nos programmes”. Le P. Fernando a averti qu’en de telles circonstances, tous les programmes radio habituels tel que Davase Situvili ( Un moment de réflexion très tôt le matin’), les programmes de Noël et Pâques couraient le risque d’être supprimés, au grand dam de la communauté chrétienne tout entière”. Il a aussi fait remarquer que le Conseil avait fait part de son opposition à la réforme prévue non seulement en pensant aux chrétiens mais aussi au nom de la défense des programmes destinés aux bouddhistes, aux hindous et aux musulmans. Morris Bollegala, un catholique, a rappelé pour sa part que les autorités religieuses n’avaient pas à payer de droits à une station de radio gouvernementale pour diffuser des programmes, préenregistrés ou non, parce que la loi l’interdisait. Felix Premawardene, un autre membre du Comité consultatif, quant à lui, a souligné que “cette décision était prise au moment crucial où la religion était devenue une question vitale pour la société sri lankaise”.

Jude Ivan, secrétaire du Comité consultatif, coordinateur et producteur des programmes chrétiens de la radio publique, a tenté d’apaiser les craintes des uns et des autres en assurant que les programmes prévus seraient diffusés, y compris ceux de Pâques. Il a aussi déclaré qu’une rencontre avec le ministre des Communications, Imithiyas Markar, de confession musulmane, pouvait peut-être faire revenir le gouvernement sur sa décision.