Eglises d'Asie

L’évêque catholique de Jaffna a accueilli le Premier ministre Ranil Wickremasinghe par ces mots : “Grâce à vous, les armes se sont tues. La nuit, nous pouvons dormir en paix.”

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois depuis 1982, un Premier ministre sri-lankais s’est rendu en visite à Jaffna, ville symbole de la communauté tamoule du Sri Lanka. Accueilli par une foule composée en quasi-totalité de Tamouls, Ranil Wickremasinghe a passé deux jours, les 14 et 15 mars derniers, dans cette ville du nord du pays et dans la péninsule de Jaffna où, sur moins de 260 km , vivent 500 000 Tamouls, en grande partie des réfugiés, ainsi que 40 000 soldats gouvernementaux. Le 14 mars, le Premier ministre, accompagné de plusieurs ministres, de parlementaires et de hauts fonctionnaires, a rendu visite à Mgr Thomas Savundaranayagam, évêque catholique de Jaffna. Celui-ci lui a souhaité la bienvenue en ces termes : “Grâce à vous, les armes se sont tues. La nuit, nous pouvons dormir en paix”, faisant par là allusion au cessez-le-feu signé le 23 février dernier entre les Tigres tamouls et le gouvernement de Colombo (1).

Dans son allocution de bienvenue au Premier ministre, l’évêque de Jaffna a tenu à souligner le courage du Premier ministre, rappelant qu’avant lui aucun Premier ministre ou président de la République n’avait, depuis le début de la guerre, en 1983, osé venir jusqu’à Jaffna. Mgr Thomas a également rappelé que le Premier ministre n’était pas un inconnu étant donné que les évêques catholiques avaient déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises, de le rencontrer. “Nous avons discuté avec lui de la nécessité et de l’urgence qu’il y a à faire la paix”, a déclaré Mgr Thomas.

Dans sa réponse au mot de bienvenue de l’évêque, Ranil Wickremasinghe a confirmé que les évêques et lui s’étaient bien entretenus à plusieurs reprises ces dernières années au sujet de la situation régnant dans le nord du pays : “J’avais alors promis aux évêques que, lorsque j’aurais la chance de diriger la majorité au Parlement [et donc de devenir Premier ministre], je viendrais en visite au nord. Je remplis aujourd’hui ma promesse.” Au sujet du processus de paix enclenché par l’accord du 23 février – une “première étape”, selon ses termes -, le Premier ministre a invité les évêques et les autres responsables religieux du pays à poursuivre leur œuvre en faveur du dialogue et pour la reconstruction des zones de guerre. “Les évêques m’ont vraiment aidé à parvenir à la signature de l’accord [du 23 février]. Je demande instamment aux évêques et à la Sangha [organe directeur du bouddhisme] de contribuer sans relâche au succès de l’accord de cessez-le-feu et d’apporter la paix à ce pays.”

Ces dernières semaines, les visites se sont succédé à Jaffna. Au deuxième jour de sa visite à Jaffna, le 15 mars, le Premier ministre sri-lankais a été rejoint par l’adjoint du Secrétaire d’Etat américain chargé de l’Asie du Sud, Christina Rocca. En dépit d’une certaine défiance à l’endroit des intentions réelles des responsables des Tigres tamouls exprimée tant par les Etats-Unis que par certains milieux cinghalais (2), l’accord de cessez-le-feu a été respecté par les deux parties. Parmi les membres de la commission responsable d’observer le bon respect du cessez-le-feu, commission dont la constitution est prévue par l’accord du 23 février, le LTTE (les Tigres tamouls) a nommé deux prêtres catholiques, le P. Gnanaratnam, du diocèse de Jaffna, et le P. A. Xavier Croos, du diocèse de Mannar.