Eglises d'Asie – Chine
Selon un député musulman de l’Assemblée nationale populaire, d’ici cinq ans, la Chine se dotera d’une nouvelle législation en matière religieuse
Publié le 18/03/2010
Cité par l’agence de presse Chine nouvelle le 12 mars dernier, Li Hongbin a précisé qu’à ce jour, douze provinces ou villes s’étaient dotées de règlements pour encadrer leurs affaires religieuses et protéger la liberté religieuse de leurs habitants, notamment dans le domaine de la gestion des lieux d’activités religieuses et dans celui des biens matériels, immobiliers entre autres, des organes religieux. A l’échelon national, a ajouté le député Li, les deux principaux textes, édictés par le Conseil pour les affaires d’Etat au sujet des activités religieuses des étrangers en Chine (2) et de la gestion des lieux d’activités religieuses (1), ne sont plus suffisants et ne répondent plus aux besoins actuels, en particulier pour ce qui concerne les activités religieuses des étrangers en Chine. Sans plus élaborer sa pensée, Li Hongbin a déclaré que la raison pour laquelle il était nécessaire d’adopter un nouveau texte de loi sur la religion aujourd’hui en Chine était le besoin de mieux contrôler les activités religieuses des étrangers en Chine.
Quelques jours avant la publication de la dépêche de l’agence Chine nouvelle, un autre député de l’ANP, Abudu Reheman Ayli, musulman lui aussi mais originaire de la Région autonome ouighoure du Xinjiang, a déclaré que le vote d’une nouvelle loi en matière religieuse devrait avoir lieu « au plus tôt » afin de donner aux autorités les moyens juridiques de combattre les « forces réactionnaires » religieuses internationales. Cité le 4 mars par le quotidien pro-chinois Wen Wei Po de Hongkong, le député précisait que les « séparatistes et les fondamentalistes religieux » musulmans du Xinjiang avaient changé leur stratégie après le 11 septembre dernier : passant d’un combat militaire à une lutte idéologique, ces milieux répandent désormais une vaste littérature dont l’objet est de propager le fondamentalisme, le nationalisme extrémiste et le séparatisme, a-t-il conclu.
Pour les observateurs, ces différents entretiens publiés soit par l’agence Chine nouvelle soit par la presse pro-chinoise à Hongkong sont comme autant de « ballons d’essai » que les autorités lancent à l’attention de certains secteurs de la société chinoise ou de l’opinion publique internationale. S’agissant du problème du Xinjiang, les autorités cherchent sans doute à profiter de l’après-11 septembre pour assimiler les « séparatistes » de cette région à des « extrémistes religieux » et justifier la répression qu’ils exercent dans cette région contre la minorité ouighoure musulmane. Pour les questions autres que celles liées au Xinjiang, il ne fait pas de doute que les autorités réfléchissent à la façon de mieux intégrer les religions au développement du pays tout en maintenant sur elles un étroit contrôle afin de maintenir la « stabilité sociale » dans une société traversée par de fortes tensions internes (3).