Eglises d'Asie

A quelques exceptions près, les minorités religieuses accueillent plutôt favorablement le référendum proposé par le général Pervez Musharraf

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens pakistanais ont réagi en ordre dispersé au discours adressé à la nation, le 5 avril, par le général Pervez Musharraf. Celui-ci a proposé à la population du pays de répondre à un référendum portant sur l’opportunité de son maintien ou non au poste de président. Le général, qui est parvenu au pouvoir par un coup d’Etat en 1999, demandera aux citoyens pakistanais de lui accorder encore cinq ans pour poursuivre la politique engagée par lui ces derniers temps. Si la réponse au référendum qui devait avoir lieu le 30 avril est favorable à l’actuel chef de l’Etat, alors il entamera un nouveau mandat qui commencera, comme la première législature de la nouvelle Assemblée nationale, en octobre 2002.

D’une façon générale, les milieux chrétiens, ainsi que les autres minorités religieuses, sont plutôt favorables à l’initiative du chef de l’Etat pakistanais. Le 5 avril dernier, une délégation de dirigeants chrétiens a rencontré le général Musharraf pour lui donner l’assurance de son soutien pour le référendum envisagé par lui. La délégation comprenait deux évêques de l’Eglise du Pakistan (à l’origine anglicane), les évêques catholiques de Lahore et de Multan, le vicaire général du diocèse catholique de Multan, ainsi que des représentants du Conseil consultatif des minorités et le directeur des Etudes chrétiennes de Rawalpindi. Par ailleurs, au cours d’une réunion tenue à Lahore, les membres de l’organisation chrétienne de l’Action sociale au Pakistan ont décidé d’encourager les chrétiens à accueillir favorablement le référendum. Cependant, l’organisation s’est refusée à conseiller le “oui” ou le “non” aux chrétiens. “Cette décision est du ressort de la population a-t-il été décidé au cours de la réunion. Javaid Iqbal, un catholique responsable du Conseil syndical de Mian Channu, s’est déclaré persuadé que le général Musharraf travaillera pour le plus grand bénéfice des minorités du pays et, lors d’une rencontre avec lui, l’a assuré du soutien de celles-ci. Il faut aussi remarquer que l’ensemble des membres du Conseil de coordination des minorités du Pendjab méridional a donné, le 9 avril dernier, son approbation publique au référendum.

Cependant, le général n’a pas récolté l’unanimité des suffrages chrétiens. Certains intellectuels se sont prononcés très fermement contre le projet du référendum. C’est ainsi que Azara Shuja Chudhary, président de l’Association des juristes chrétiens du Pakistan, a affirmé que les membres de son association étaient opposés à la tenue de cette consultation populaire : “Nous sommes fermement opposés au référendum, a-t-il déclaré, et demandons aux chrétiens de ne pas le soutenir. Il est antidémocratique et ne servira qu’à créer davantage de problèmes constitutionnels au Pakistan. Nous devons soutenir la démocratie qui assure le maintien du droit dans tous les secteurs de la société, y compris chez les chrétiens.”

La société pakistanaise est également divisée à ce sujet. Les grands partis politiques, comme le Parti du peuple pakistanais, de Benazir Bhutto, ou la Ligue musulmane du Pakistan, de Nawaz Sharif, sont, pour des raisons différentes, peu favorables à la tenue de cette consultation générale. Selon un haut responsable de l’opposition, on ne devrait recourir au référendum que pour des problèmes d’intérêt national. Or, la question de savoir si le président Musharraf doit continuer d’exercer ses fonctions ne concerne que la personne du président et non la nation. C’est pourquoi le président devrait organiser des élections démocratiques et quitter son poste qu’il détient d’une façon illégitime. C’est également l’avis de Muhammad Tehseen, directeur de l’Association de l’Asie du Sud, à qui “il apparaît clairement que le gouvernement Musharraf veut promouvoir une culture anti-démocratique 

Deux des quatre généraux qui, en 54 ans, sont devenus chefs d’Etat au Pakistan grâce à un coup d’Etat, ont déjà organisé un référendum pour légitimer leur pouvoir. L’opposition au gouvernement a annoncé qu’elle organiserait une manifestation de masse contre le projet lors d’un prochain rassemblement organisé par le gouvernement. D’ores et déjà, les autorités locales ont annoncé que toute manifestation sera interdite.