Eglises d'Asie

Hongkong : les autorités semblent résolues à expulser, par la force si besoin, les immigrants chinois dont le droit de résidence à Hongkong a été rejeté par les tribunaux hongkongais

Publié le 18/03/2010




Jeudi 25 avril, à trois heures de l’après-midi, la police de Hongkong a investi le jardin public situé au cœur de Hongkong, à Central, où depuis plusieurs semaines une centaine d’immigrants illégaux et leurs familles avaient pris place dans des campements de fortune pour protester contre leur expulsion programmée. En effet, à la suite d’un jugement de janvier dernier de la Cour d’appel de dernière instance, la justice de Hongkong s’est prononcée contre le droit de résidence à Hongkong des Chinois du continent nés de parents résidant légalement à Hongkong (1). Le dernier délai consenti aux quelque 4 à 5 000 immigrants concernés ayant expiré le 31 mars dernier, depuis cette date, une certaine incertitude régnait quant à l’attitude des autorités. Sur le fond, les responsables gouvernementaux de Hongkong avaient fait savoir qu’ils ne toléreraient pas la présence de ces immigrants illégaux mais, depuis le 31 mars, seuls dix de ces Chinois – dont un handicapé mental – avaient été expulsés vers la Chine.

Le changement d’attitude des autorités et leur passage à l’action semblent avoir été provoqués par un incident qui s’est produit la veille, le mercredi 24 avril. Ce jour-là, un groupe de ces immigrants en colère avait encerclé et immobilisé la voiture de la secrétaire à la Sécurité du gouvernement, Regina Ip. Cette dernière était restée coincée dans son véhicule durant une heure avant que la police ne parvienne à la dégager. Quatre policiers avaient été blessés dans l’échauffourée et huit immigrants arrêtés. Selon certains observateurs, les autorités étaient de toute manière décidées à passer à l’action et attendaient avant de le faire le départ en Europe du prêtre catholique Franco Mella. Celui-ci était devenu en quelque sorte le porte-parole des immigrants et l’un des plus actifs défenseurs de leur cause, menant pour eux et avec une centaine d’entre eux une grève de la faim du 17 au 31 mars derniers.

Tout en exerçant une influence apaisante sur les plus déterminés et extrémistes d’entre eux, le prêtre avait su attirer l’attention des médias locaux et internationaux sur leur sort. Or, le P. Mella avait prévu de partir pour l’Europe le vendredi 26 avril et d’y rester jusqu’à la fin du mois d’août 2002 (2). En 2000, lorsque le P. Mella s’était absenté de Hongkong à l’occasion d’un court voyage à l’étranger, un groupe de ces immigrants avait mis le feu au hall d’entrée du bâtiment de l’administration de l’immigration à Hongkong, provoquant la mort d’un fonctionnaire de l’immigration et d’un des leurs. Avec le départ pour l’Europe du P. Mella, les autorités ont pu craindre que les immigrants, privés de leur porte-parole, ne commettent de nouveaux actes désespérés.

Dans le jardin public de Chater, à Central, l’opération de police du 25 avril s’est terminée sans effusion de sang. Le square avait été bouclé par les forces de l’ordre et les journalistes repoussés (même si la scène a pu être filmée et retransmise en direct par une chaîne de télévision câblée). Certains immigrants se sont débattus et ont été contraints par la force à pénétrer dans les véhicules de police prévus à leur intention, mais la plupart des autres, des hommes âgés et des femmes le plus souvent, se sont laissés emmener, se contentant de pleurer. En une heure, les lieux étaient vides, les policiers ne laissant qu’une seule personne au milieu du square, le P. Mella. D’après Wong Pak-nin, responsable de la police à Central, “après examen de leurs papiers, (les personnes interpellées) seront renvoyées en Chine continentale”.