Eglises d'Asie

Une congrégation religieuse catholique, fondée localement, fête le 50ème anniversaire de sa fondation

Publié le 18/03/2010




L’Eglise du Bangladesh a entouré les Sœurs d’une congrégation bangladaise pour les remercier d’avoir si puissamment contribué à implanter l’Eglise parmi les marginaux et les minorités ethniques du pays. Ils étaient cinq évêques, 36 prêtres et près de 800 fidèles pour célébrer une messe d’action de grâce en l’honneur du cinquantième anniversaire de la Congrégation des Sœurs catéchistes du Cœur Immaculé de Marie Reine des Anges, plus connue sous le nom très populaire de Shanti Rani Sisters.

Cette messe d’anniversaire a été célébrée dans la cathédrale de Dinajpur, à quelque 280 km au nord-ouest de Dacca. Dans son homélie, l’évêque auxiliaire du diocèse, Mgr Theotonius Gomes, a exprimé toute sa reconnaissance aux religieuses pour avoir su implanter et rendre vivante une présence catholique parmi les ethnies et les secteurs marginalisés de la société, surtout féminine. « Notre joie d’aujourd’hui est comme une goutte d’eau qui rejoint un océan de gratitude » à l’égard des sœurs qui se sont sacrifiées et qui « ont tant travaillé pour nous ».

Sœur Teresa Marandy, une des deux fondatrices toujours vivantes des Shanti Rani Sisters, a raconté ses souvenirs. Elle a dit combien, après la partition du sous-continent indien en 1947, les sœurs indiennes, travaillant au Bangladesh alors partie intégrante du Pakistan, avaient rencontré de difficultés. Elle a rappelé que c’est parce que les prêtres du diocèse de Dinajpur s’étaient rendu compte de l’importance qu’aurait le travail des religieuses parmi les minorités ethniques que l’ancien évêque, Mgr Joseph Obert, grâce à cinq jeunes femmes, avait fondé cette congrégation en 1951. Sœur Teresa Marandy a rappelé le temps où les religieuses circulaient en char à bœufs et vivaient dans les villages, au milieu des gens. Elle a rappelé aussi que c’était la loi sur les « propriétés des ennemis » de 1965, promulguée durant la guerre indo-pakistanaise, qui avait forcé près de 30 000 aborigènes à fuir en Inde. Les prêtres étrangers qui travaillaient dans la région frontalière durent quitter leurs missions. En l’absence de prêtres, les religieuses se chargèrent des tâches pastorales. Durant la guerre d’indépendance de 1971, s’est souvenue encore Sœur Marandy, elles allaient deux par deux dans les paroisses pour tenter de sauvegarder l’essentiel.

Aujourd’hui, les religieuses des Shanti Rani Sisters sont au nombre de 150 et œuvrent dans quatre diocèses, Dinajpur, Rajshahi, Khulna et Dacca. Le plus souvent, elles sont catéchistes mais travaillent aussi dans les écoles, les internats, les orphelinats, les écoles de couture et les dispensaires paroissiaux. Dans son allocution, Mgr Edward Joseph Adams, nonce apostolique au Bangladesh, a déclaré que « proclamer l’Evangile de la charité ne se faisait pas à coup d’actions spectaculaires mais par la simple et profonde éloquence de vies données » ; il a ainsi fait l’éloge des sœurs qui ont « enrichi la vie de l’Eglise » au cours de ces 50 années.

La supérieure générale, Sœur Jacinta Desai, a, quant à elle, exprimé le souhait de voir la congrégation devenir autosuffisante et les sœurs bénéficier d’une formation de haut niveau. Avant cette messe d’action de grâce, les danseurs de l’ethnie Uraon avaient conduit la procession qui, de l’école des Little Flower Girls, d’où étaient issues les premières sœurs Shanti Rani, s’était rendue à la cathédrale. La veille, les danseurs de l’ethnie Santal avaient pris la tête d’une autre courte procession, allant de l’archevêché à l’école où Mgr Adams, Mgr Costa, Mgr Gomes et Sœur Desai avaient été accueillis selon le rituel santal du lavement des pieds.