Eglises d'Asie – Chine
A Xi’an, l’Eglise catholique obtient des excuses des responsables d’un bar ayant fait usage de manière provocante de l’image de religieuses et de symboles de la foi catholique
Publié le 18/03/2010
Selon l’agence Ucanews (1), la plainte de Mgr Li Du’an a été entendue par les autorités chinoises. Le Bureau des Affaires religieuses, le Bureau des Affaires civiles, le Bureau des Affaires culturelles, le Bureau de la Sécurité publique et enfin deux autres agences gouvernementales locales sont intervenues auprès du propriétaire du bar au nom de l’Eglise. L’affaire est remontée jusqu’à Pékin où Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, s’est enquis du dossier par téléphone auprès des responsables de l’Eglise à Xi’an.
Les faits reprochés au propriétaire du bar sont les suivants. Depuis le 10 avril, cet établissement avait posté en devanture une grande affiche portant la mention “Les bonnes sœurs en folie”, transcription chinoise du titre du film hollywoodien Sister Act. L’affiche représentait une jeune femme aux cheveux bouclés habillée en religieuse, un chapelet à la hanche, les jambes haut croisées et chaussée de talons hauts. Pour attirer plus de clients, le propriétaire du bar avait fait passer une publicité dans un journal local, Point de vue des affaires chinoises. Sur l’annonce, la légende était : “Avez-vous jamais vu des “bonnes sœurs” sur une piste de danse ? Avez-vous jamais été à Notre-Dame de Paris ? Un couvent voluptueux peuplé de “bonnes sœurs” magnifiques et sauvages font leur apparition au Rock n’Roll Bar City ».
Le 15 avril, Sœur Li Zhenzhu, du couvent des Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus à Xi’an, a constaté que six femmes déguisées en religieuses se tenaient à l’entrée du bar pour inciter les clients à y entrer. “Nous avons envoyé des laïcs se faisant passer pour des clients dans ce bar disco. Ils ont décrit l’intérieur comme étant orné de symboles catholiques, y compris une grande croix, des anges et la Vierge Marie. Les serveuses déguisées en religieuses tournoyaient autour des clients”, a témoigné Sœur Li. Bien qu’aucun acte indécent n’ait été rapporté par les laïcs envoyés en reconnaissance, ces derniers ont déclaré avoir entendu que les danseuses allaient enlever leurs habits religieux au cours de la soirée. Pour Sœur Li, cet incident constitue “la plus grave insulte” qu’elle ait eu à subir dans sa vie. “Ce que ce bar disco a fait a gravement blessé notre dignité et nos sentiments, même si son propriétaire clame que telle n’était pas son intention”, a-t-elle ajouté.
Le 17 avril, le propriétaire du bar est venu en personne présenter ses excuses à Mgr Li Du’an et aux religieuses du Sacré-Cœur. A titre de compensation, il a promis que le profit réalisé du 10 au 16 avril allait être offert à une œuvre charitable. Pour Sœur Li, que cet argent soit confié à une œuvre d’Eglise ou à une association non confessionnelle importe peu car “là n’est pas notre préoccupation principale”. De son côté, le journal, accusé d’avoir enfreint la législation sur la publicité, a publié une annonce présentant ses excuses durant trois jours consécutifs et a remis 5 000 yuans (600 US$), montant correspondant au tarif de la publicité passée par le bar dans ses pages, à une œuvre charitable.
En conclusion, Sœur Li estime qu’“un bien est sorti du mal” causé par cette affaire : en effet, l’attention du public, des autorités et de la communauté catholique locale a été attirée sur la nécessité qu’il y a à protéger les intérêts et les droits de l’Eglise. A la fin de l’année 2001, se rappelle encore Sœur Li, la communauté musulmane locale avait connu une situation similaire, une publicité publiée dans un journal affichant un musulman portant un porc sur l’épaule. “Le fait est qu’il s’agissait déjà du même journal”, a souligné la religieuse qui estime que cette publication, dont le tirage est de plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, devrait se faire plus discrète et se montrer plus attentive au contenu des publicités qu’elle accueille dans ses pages.