Eglises d'Asie

Des laïcs, catholiques et protestants, réfléchissent à la façon de répondre aux attaques dirigées contre la communauté chrétienne

Publié le 18/03/2010




Réunis au début du mois de mai dans les locaux de la paroisse du Saint Rosaire, à Dacca, à l’initiative de l’Association chrétienne du Bangladesh, environ 70 laïcs, catholiques et protestants, ont débattu ensemble de la meilleure attitude à adopter pour répondre aux attaques dont la communauté chrétienne dans le pays a été victime ces derniers temps. Ils ont rappelé que ces attaques, qui se sont produites en divers lieux, sont toutes plus ou moins liées aux dernières élections législatives du 1er octobre 2001. Si les minorités d’une façon générale ont été attaquées et prises à partie par des partisans de la nouvelle majorité, dirigée par le Parti National du Bangladesh, au motif qu’elles auraient soutenu le principal parti de l’opposition, les chrétiens se sont sentis particulièrement visés (1).

Pour Shukumar Costa, un catholique, « se contenter de protester et de dénoncer les attaques ou le harcèlement dont nous sommes victimes n’est pas suffisant ». Les chrétiens du Bangladesh doivent se défaire du « complexe d’infériorité, de minorité » qui les habite, a poursuivi Shukumar Costa, et participer activement à la construction de la nation : « Nous sommes Bangladais, pas une minorité [vivant au Bangladesh] ». Selon lui, l’Association chrétienne du Bangladesh devrait adopter une position plus visible à l’occasion des célébrations nationales et organiser des conférences de presse afin de rendre les non-chrétiens plus conscients des problèmes et difficultés rencontrés par les chrétiens du Bangladesh. « Nous devrions nous afficher ensemble, unis, laissant de côté nos divisions et dénominations diverses », a-t-il conclu.

Theophil Rozario, un autre catholique, a déploré le manque de créativité de la communauté chrétienne aujourd’hui. Dans les années 1960 et 1970, les chrétiens ont introduit de nombreux « changements positifs » dans la société bangladaise, mettant sur pied, par exemple, des coopératives de crédit et d’autres destinées à fournir des logements bon marché. Or, ces dernières années, les chrétiens ne se sont nullement distingués par de nouvelles initiatives dans les domaines sociaux ou économiques, a-t-il souligné, appelant ses coreligionnaires à mettre en œuvre « quelque chose de créatif » pour le bien du pays et de la société.

Pour le secrétaire général de l’Association, il est important que les chrétiens se mettent d’accord sur « un programme commun » afin de dénoncer efficacement les attaques dont ils sont victimes. Selon Daniel Corraya, président de l’Association, il est urgent que les chrétiens unissent leurs voix s’ils veulent se faire entendre. « Si nous gardons le silence, a-t-il dit, la situation ira de mal en pis. » A l’issue de ces journées de rencontre, il a notamment été décidé d’augmenter le nombre des représentations que l’Association anime au niveau des districts. De 35, le nombre de celles-ci devrait augmenter dans un proche avenir afin que toutes les attaques dont sont victimes les chrétiens puissent être recensées, des rapports établis puis transmis aux autorités gouvernementales compétentes.