Eglises d'Asie

DES PROGRES DANS LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA CHINE ?

Publié le 18/03/2010




Il y a vingt ans, comme me l’expliquait un ami à Shanghai, le chemin vers les cinq modernisations initiées par le dirigeant suprême Deng Xiaoping était déjà lancé. Comme un train roulant à toute allure, le mouvement ne pouvait être stoppé. Nous pouvons dire aujourd’hui qu’il a encore pris de la vitesse sur les deux dernières décennies.

1982 : l’année de la consolidation

Il est convenu d’admettre que 1982 a été une année de consolidation pour la République populaire de Chine (RPC) avec une réforme majeure de l’administration passée en force par le Premier ministre Zhao Ziyang, et avec une nouvelle constitution approuvée par l’Assemblée nationale populaire (ANP).

Avant que le vote de la Constitution n’ait eu lieu le 4 décembre 1982, un projet avait été discuté publique-ment (1). Il avait été largement soutenu, comme apportant les plus grandes garanties aux citoyens. L’article 36 sur la liberté de croyance était plus élaboré que dans les textes des constitutions précédentes (2). Avec un changement rapide de la société chinoise dans de nombreux domaines, le peuple a adhéré avec enthousiasme à la dynamique de l’économie de marché qui offrait de nouvelles possibilités et une amélioration du niveau de vie. Plusieurs personnalités injustement condamnées comme “droitiè-res” ou “contre-révolutionnaires” avaient été réhabili-tées. Cependant, les grands espoirs qui avaient suivi la mort de Mao et le procès de la bande des Quatre avaient été balayés par quelques dures réalités. Le bref intermède du Mur de la Démocratie avait montré à quel point la route vers la “cinquième modernisation” était hérissée d’obstacles et combien il serait difficile à quiconque dans la société civile de faire preuve d’une plus grande initiative.

Le dilemme auquel étaient confrontés les dirigeants chinois était de taille : jusqu’où aller dans le processus de libéralisation. La Nouvelle Chine se développait sur un schéma totalement nouveau et les contradictions qui jalonnaient ce développement étaient abordées avec le mélange de l’idéologie originelle et du pragmatisme baptisé “socialisme aux caractéristiques chinoises Quand Hu Yaobang a rejeté les excès du maoïsme, dans son discours historique pour le 60ème anniversaire du Parti communiste chinois (1921-1981), il n’a pas hésité à confirmer la fidélité à l’idéologie marxiste, sur laquelle avait été construite la Nouvelle Chine (3). Le 12ème Congrès du Parti communiste chinois (PCC) en septembre 1982 suivit la même ligne (4) lors de l’élaboration de la constitution du Parti. Et le préambule de la nouvelle Constitution du pays montrait clairement que sa rédaction avait été guidée par les “Quatre Principes de Base” (leadership du PCC, pensée marxiste léniniste de Mao Zedong, dictature démocratique et voie socialiste) (5).

Le mirage de l’argent facile a rapidement mis à mal ces idéaux et convaincu les dirigeants qu’une plus grande liberté irait à l’encontre de la croissance d’une Chine socialiste. Pour contrecarrer ce courant nouveau, le gouvernement a construit des modèles de désintéressement et d’engagement social à l’intention de la jeunesse, comme le légendaire jeune soldat Lei Feng, et a usé de la politique du gant de fer à chaque fois que le pouvoir se sentait menacé par des courants déviationnistes. Le gouvernement et le Parti ont lancé une campagne nationale pour une “civilisation socialiste spirituelle qui a même été insérée dans la nouvelle Constitution. L’accent sur les vertus civiques, l’amour de la mère patrie, le patriotisme, etc. ont revêtu, sans grande surprise, une vive couleur idéologique (6).

Un document de base sur la religion

Le fait que, dans le climat nouveau, les religions reconnues officiellement, de même que les pratiques superstitieuses populaires, ont connu une croissance inattendue parmi les gens du peuple a causé évidemment quelque souci aux dirigeants conservateurs. La réaction du Comité central du PCC s’est traduite par un document, envoyé pour discussion aux conférences des provinces dans tout le pays en vue de la préparation du congrès du Parti. La longue directive, officiellement classée comme étant un document secret, portant le n° 19 et datée du 30 mars 1982, traitait de “la politique de base du pays et de la position à tenir face à la question religieuse durant cette période de socialisme” (7). Ce rapport péremptoire essayait de résoudre la contradiction évidente résultant du choix stratégique d’une “politique de liberté religieuse” fait par un Parti tout puissant, convaincu que la religion est un facteur négatif : “Sous la proposition de protéger la liberté religieuse, nous développons grandement l’économie, la culture, la science et la technologie socialistes et nous réalisons un progrès immense de promotion d’une civilisation matérielle et spirituelle socialiste qui éliminera progressivement les sources de connaissance qui ont donné naissance à la religion et lui permettent d’exister” (8). Le Document 19 est encore considéré aujourd’hui, vingt ans plus tard, comme “un document important (.), le premier qui ait ouvertement proposé de soumettre les questions religieuses au contrôle de la loi” (9).

Pour les cinq religions reconnues officiellement et en particulier pour l’Eglise catholique, 1982 a été une année de développement qui, s’inscrivant dans le climat général, a comporté de nombreuses difficultés et souffrances. A Shanghai, où à Noël 1981 seule une Eglise catholique était ouverte au culte, huit autres l’ont été durant l’année 1982. Le nombre total des Eglises dans toute la Chine était de plus de 200 pour les catholiques et de quelques 250 pour les protestants (10). L’année 1982 a aussi marqué un tournant dans la survie des religions reconnues : la permission a été donnée de recruter et de former une nouvelle génération de ministres du culte. Ainsi, après un hiatus de trente ans, le premier séminaire catholique a été rouvert à Shanghai en octobre 1982 par le recteur Jin Luxian. Un autre fut ouvert rapidement à Pékin. Les protestants allaient aussi de l’avant avec l’objectif de faire imprimer un million d’exemplaires de la Bible en Chine.

Ombres et lumières pour l’Eglise

Le soir de Pâques 1982, assistant à la messe dans la cathédrale de Xian, fraîchement repeinte, j’ai eu le souffle coupé par l’enthousiasme de la foule débordante des fidèles de tous âges, chantant à pleine voix le Credo en latin, en alternance avec un chœur de jeunes. L’homme agenouillé à coté de moi, qui pouvait avoir quarante ans, lisait un épais carnet écrit à la main, qui, en plus des prières communes, comportait des chants qu’il avait copiés, ainsi qu’une traduction de la “Missa de Angelis” latine, avec des petits chiffres pour représenter les notes de musique.

L’année précédente à Shanghai, j’avais eu la chance de rencontrer un vieux jésuite, le P. Vincent Zhu Hongsheng, qui avait été remis en liberté après 23 ans de camp de travail. Dans le petit appartement où il vivait avec son frère, il n’avait aucun mot de récrimination pour les souffrances des années passées. Au contraire, il témoignait d’un grand respect pour les nouveaux dirigeants du pays, et savourait, me disait-il, le sentiment d’être de nouveau un homme libre. Il envisageait son avenir avec confiance, convaincu que la nouvelle politique religieuse lui permettrait une contribution positive à la cause de la religion catholique, sans renoncer à ses principes. Mais il dut rapidement découvrir, comme beaucoup d’autres, que sa réhabilitation ne lui enlevait pas l’opprobre d’avoir été “un criminel Il était une cible facile pour les services de Sécurité publique, qui le suivaient à la trace et se fatiguèrent vite de ses audaces. Il fut arrêté de nouveau en novembre 1981, à Shanghai, avec sept autres prêtres, et accusé “d’organiser des pèlerinages et de transmettre des directives du Vatican aux catholiques chinois” (11). L’été 1981 a vu également le déroulement du “cas” absurde de Mgr Dominic Deng Yiming, évêque de Guangzhou, réhabilité une première fois après 28 ans de prison, puis calomnié et démis de nouveau de sa charge pour avoir accepté du pape le titre d’archevêque. L’évêque de Baoding, Mgr Pierre Joseph Fan Xueyan connut le même sort. Libéré en 1979 après 21 ans de détention, il estima que sa nouvelle liberté lui permettrait d’assumer pleinement sa charge épiscopale. Il fut ré-arrêté le 13 avril 1982 et en juillet 1983 fut condamné de nouveau à dix ans de prison pour “crimes contre-révolutionnaires 

On se souvient des nombreux cas de répression violente qui se produisirent dans ces années, alors que la foi chrétienne semblait attirer de plus en plus de monde. C’est dans ce contexte que le pape Jean-Paul II prit l’initiative d’écrire à tous les évêques du monde pour leur faire partager sa “profonde inquiétude” et leur demander de prier pour l’Eglise de Chine, afin que lui soit “assurées les conditions indispensables à l’union visible” avec le reste de l’Eglise (12). Puis, le 21 mars 1982, le pape célébra une messe pour les chrétiens de Chine à la basilique Saint-Pierre, en présence de représentants des communautés catholiques chinoises vivant en Italie (13). Les médias internationaux ont souvent rapporté ces événements sous le titre de “l’Eglise persécutée en Chine Le pape, lui-même, n’a jamais employé cette expression, ni fait la moindre allusion aux souffrances des catholiques en Chine.

La réaction de la Chine fut extrêmement violente. Dans une déclaration diffusée par l’agence officielle Xinhua la veille de la messe papale à Saint-Pierre, Mgr Michel Yang Gaojian accusait le pape de “calomnie vicieuse” pour avoir appelé les Eglises catholiques du monde entier à prier pour “l’Eglise persécutée de Chine “Nous lancerons une contre-attaque, si le pape Jean-Paul II ne met pas un terme à ses faux témoignages et à ses accusations” (14). Il soutint également la nouvelle arrestation à Shanghai de “Zhu Hongsheng et celle d’autres contre-révolutionnaires en habit religieux” affirmant qu’“elles purifieraient l’Eglise”. Mgr Yang Gaojian soulignait dans sa déclaration que “depuis la fondation de la Chine nouvelle tout le clergé et les laïcs de l’Eglise catholique chinoise jouissaient de la plus grande liberté religieuse (à l’exception des 10 ans de la Révolution culturelle)”. Mgr Yang mentionnait également quelques changements de structure intervenus. “La Conférence des évêques de l’Eglise catholique chinoise fut créée en 1980. Dans les quelques dernières années, des organisations administratives nationales et diocésaines ont été mises en place et les affaires de l’Eglise se sont progressivement développées”.

En fait, en 1982, l’Eglise catholique, bien que numérique-ment insignifiante était en croissance, de par sa vitalité, mais l’abîme qui séparait sa réalité intérieure de la compréhension qu’en avait le pouvoir officiel était aussi profond qu’avant. Le gouvernement pouvait compter sur une petite fraction du clergé qui partageait ses vues, alors que la majorité des prêtres se débattaient pour obtenir un minimum d’espace vital.

Deux points de controverse

La pierre d’achoppement majeure était évidemment le pape. Les catholiques chinois authentiques considéraient le Saint Père comme le lien naturel les unissant à l’Eglise universelle. Pour les autorités chinoises, il n’était qu’un chef d’Etat d’un pays étranger et, par conséquent, ils considéraient comme de leur droit (sinon de leur devoir) de protéger “l’indépendance” de l’Eglise catholique de Chine de toute “ingérence” du pape. La deuxième source de discorde était le fonctionnement normal de l’Eglise, à partir de l’autorité des évêques (15). La constitution donnée à la Conférence des évêques catholiques, lorsqu’elle fut créée en 1980, l’avait, en fait, vidée de toute signification réelle. Le Document 19, tout en reconnaissant les nouvelles structures créées par les assemblées nationales de toutes les religions reconnues en 1980, était très clair : “Le rôle fondamental de toutes ces associations patriotiques est d’aider le parti et le gouvernement à mettre en place et à poursuivre sa politique religieuse (.), à assister la masse des croyants (.) dans leur éveil au patriotisme et au socialisme (.). Toutes les organisations religieuses patriotiques doivent accepter le leadership du Parti et du gouvernement Ces textes concernaient aussi la Conférence des évêques catholiques, qui, en conséquence, n’était plus le point de référence ultime des affaires religieuses.

C’est à peu près à cette époque que les premiers efforts furent timidement faits par les universitaires chinois pour étudier le phénomène religieux selon la formule de Deng préconisant de “rechercher la vérité dans les faits” plutôt que dans des suppositions théoriques. Dans le livre de Gu Changsheng, publié à Shanghai en 1981, sur la présence missionnaire étrangère en Chine, le ton restait celui d’un a priori négatif de rejet en bloc, bien que quelques appréciations positives aient été exprimées pour la contribution scientifique apportée à la dernière dynastie Ming (16). L’histoire semblait un bon point de départ et l’expérience positive de Li Madou (Matteo Ricci) en a offert un point de référence acceptable (17). Ces faits me donnèrent la conviction que pour combler le manque de compréhension entre les hommes politiques responsables de la politique religieuse et le peuple de l’Eglise, un sérieux effort culturel était à faire. J’exprimai cette conviction dans les pages de conclusion d’une modeste publication sur les développements contradictoires de l’Eglise catholique en Chine depuis la mort de Mao, parue à Hongkong à la mi-1982 (18). J’y suggérai également la nécessité d’un dialogue entre les universitaires chinois et occidentaux dans le domaine religieux pour combler le fossé existant entre les positions idéologiques dogmatiques et les réalités de la vie, dialogue qui s’attacherait à faire ressortir les besoins et les expériences du peuple.

Il se trouve que l’année 1982 était celle du quatrième centenaire de l’arrivée de Li Madou dans l’empire chinois et cette date n’est pas passée inaperçue. Le numéro de juillet du magazine China Pictorial (n° 7, 1982) qualifiait Matteo Ricci de “pont entre l’Est et l’Ouest” (19). En novembre, un symposium eut lieu à Macerata, la ville natale de Matteo Ricci, et à l’Université grégorienne de Rome, où il fit ses études. Cet événement fut l’occasion d’un important discours du pape Jean-Paul II, qui loua l’amour de Li Madou pour la culture ancienne de la Chine et exprima l’espoir qu’il soit possible d’ouvrir de nouveau le dialogue dans le même esprit de compréhension et de fructueuse coopération (20).

La Chine nouvelle en 2002

Vingt ans ont passé depuis lors et la Chine a profondément changé de nombreuses façons. Au début de 2002, les dirigeants de la République populaire de Chine peuvent montrer avec fierté de grandes réussites, dont une croissance économique qui se poursuit à un rythme élevé. La Conférence Asie-Pacifique, qui s’est tenue à Shanghai en octobre dernier avec la participation de George W. Bush et de Vladimir Poutine a clairement confirmé le statut international atteint par la Chine Nouvelle – statut marqué aussi bien par la candidature réussie aux Jeux olympiques de 2008 que par l’admission du pays au sein de l’Organisation mondiale du commerce.

La Chine est un immense chantier de construction, doté de projets d’infrastructure de dimension colossale, lancés en mars 2001 dans le cadre du plan à cinq ans de Zhu Rongji. Le plan vise à réduire l’impact défavorable de l’accroissement du chômage dû à la privatisation ou à la fermeture des entreprises d’Etat non compétitives. Un universitaire américain, R.A. Manning, reconnaît que “les succès de la Chine, dans les 22 ans qui ont suivi la mise en place de ses réformes et de sa politique d’ouverture, ont été impressionnants, aussi bien en sortant quelque 250 millions de personnes de la pauvreté absolue, qu’en quintuplant et plus le revenu domestique brut par tête” (21). Mais il profère cet avertissement : “Chaque pas en avant dans le changement a généré une nouvelle vague de problèmes”. Manning est convaincu que “la partie la plus difficile de la transformation de la Chine est encore devant elle. Elle vient à peine de commencer de passer d’une société de guangxi, dans laquelle la promotion repose sur des relations personnelles à une société régie par des lois”. Il ajoute : “L’ampleur des problèmes internes de la Chine a été confirmée par un rapport remarquablement candide publié le mois dernier (juin 2001) par une commission du Comité central du Parti communiste. Il détaille les protestations collectives et les incidents de groupes en nombre et en agressivité croissants sur une beaucoup plus grande échelle que celle dont il est fait mention officiellement. Il cite la corruption comme le détonateur des conflits entre les officiels et les masses populaires”.

L’ampleur de la corruption n’est pas aisément mise en lumière du fait de la conspiration du silence qui protège les personnes corrompues de haut rang, comme l’ont révélé les récents procès du vice-maire de Shenyang, Ma Xiangdong et de ses complices, et de Huang Zhengxian, chef de la poli-ce d’une ville de la Région autonome de Guangxi (22), ac-cusé d’être lié aux triades, ou de Li Jizhou, en charge d’une campagne nationale contre la contrebande et en fait, lié à un gang criminel à Xiamen. Beaucoup pensent qu’un vaste ré-seau de mafias locales peut encore traiter les grosses affai-res de contrebande d’héroïne produite à la frontière avec la Birmanie et les passages d’émigrants illégaux vers les Etats-Unis et l’Europe au départ du Fujian et du Zhejiang.

Travailler pour l’application effective de la loi

En montrant les pratiques illégales ou criminelles, les médias pourraient aider la lutte contre la corruption, que le gouvernement est décidé à mener. En mars 2001, une explosion dans une école de village de la province de Jiangxi a causé la mort de 42 personnes, la plupart des enfants. Les responsables locaux tentèrent de tenir les journalistes à l’écart et de masquer l’illégalité, fréquente dans les régions pauvres, d’utiliser les enfants des écoles pour fabriquer des feux d’artifice. Deux mines d’étain ont été submergées par les eaux le 17 juillet dans le district de Nandan de la province de Guangxi, provoquant la mort d’au moins 81 personnes, mais le rapport n’en fut fait qu’au début d’août, et les autorités ne purent qu’alors y envoyer une équipe d’enquêteurs. Un désastre semblable s’est produit dans une mine l’année précédente, tuant 200 personnes. Là, les autorités du district avaient réussi à cacher la vérité (23). L’éditorial d’un journal de Hongkong, qui commentait ce fait, signala que le Premier ministre Zhu Rongji encourageait les médias d’Etat à être plus agressifs dans leur relation des mauvais côtés de la société chinoise. Mais il ajoutait : “Ce n’est pas un secret que les nouvelles du continent sont filtrées et hautement sélectives. La machine de propagande du Parti communiste a imposé des restrictions draconiennes sur les nouvelles que les dirigeants considèrent comme sensibles ou négatives” (24). Le même journal, rappelant que seules étaient admises les nouvelles publiées par l’agence officielle Xinhua, ajoutait qu’après plusieurs catastrophes récentes, les médias avaient tendance à passer outre ces limitations, convaincues que leur travail était crucial pour le progrès social et la justice.

Mais les vieilles traditions conservatrices sont difficiles à modifier, pour preuve la suspension ou la fermeture de huit publications dans les derniers mois. Au début de juillet 2001, les rédacteurs en chef de 150 périodiques marquants furent convoqués à Pékin pour une conférence de deux jours “pour étudier les règlements concernant les publications” parus dans un récent document interne (25). L’appel à une direction plus démocratique du pays ainsi que le respect des droits de l’homme restent des sujets très sensibles. Sur le premier point, aucune discussion n’est permise, bien que beaucoup d’hommes politiques pensent que des changements sont inévitables à long terme (26). Sur celui, ultra sensible, des droits de l’homme (comme également le pouvoir discrétionnaire du Bureau de la Sécurité publique, le recours fréquent à la torture, etc.), la polémique en cours avec l’Occident est bien connue. C’est pourquoi de nombreux observateurs critiquent la politique de la “main de fer” avec ses nombreuses exécutions capitales (27), bien qu’il semble qu’une large partie de l’opinion chinoise y voit plutôt une mesure positive.

Le président Jiang Zemin, dans une longue interview à un des principaux journaux américains donnée à Beidahe le mois d’août dernier, affirmait que la réforme politique de la Chine se poursuivait sans répit, en signalant au passage le rôle de la presse. Mais il ajoutait : “La démocratie ne peut pas être la même ici que dans le monde occidental (.). Ce que nous visons, c’est la combinaison des principes fondamentaux du marxisme avec la réalité de la Chine” (28). L’ANP s’est engagée à améliorer le système légal de la Chine, même si la lenteur de son travail est critiquée (29). Selon un récent rapport (30), le Conseil pour les affaires d’Etat s’est attaqué au nettoyage des réglementations administratives pour répondre aux demandes imposées par l’appartenance à l’Organisation mondiale du commerce. Il en a supprimé 71 et se prépare à en faire disparaître 80 autres. Ainsi, le gouvernement chinois, toujours selon le rapport cité plus haut, “a envoyé un message fort en direction de toutes les autorités locales, pour dire qu’un environnement légal transparent n’est pas un vœu pieux Faisant un effort pour rester à la hauteur de l’économie de marché, le Conseil pour les affaires d’Etat avait rectifié quelque 756 réglementations administratives à la fin de l’année 2000. D’un autre côté, les autorités locales avaient fait des compléments à plus de 7 000 documents légaux dans les dernières années. C’est pourquoi on entend dire “qu’en même temps que croît le nombre des lois, croît également la confusion sur ce qui apparaît parfois comme des tâches contradictoires”, rendant particulièrement difficile le travail du gouvernement “pour faire une politique et des textes compréhensibles autant que stables et prévisibles”.

Au début de 2001, la Chine a ratifié la Convention des Nations Unies sur les Droits sociaux et économiques et coopère avec la Commission pour les Droits de l’homme des Nations Unies. Quelques analystes prennent ce progrès pour une demi-mesure, voire un leurre pur et simple. Mais l’ampleur des problèmes auxquels est confronté le gouvernement d’un si vaste pays doit entrer en ligne de compte, ainsi que le fait remarquer J. Habermas, professeur de sociologie à Francfort, qui a beaucoup voyagé en Chine :

“Nous pouvons les critiquer, mais les Chinois attendent avec juste raison que l’Occident ne les traite pas dans le style colonial”. Aujourd’hui, il ajoute : “Ils regardent vers l’Europe avec grand espoir” (31). L’Union européenne, en fait, bien que critique, travaille à engager la Chine dans une coopération positive (32).

On peut se demander à juste titre comment les religions, et en particulier l’Eglise catholique, progressent dans le contexte de l’actuel boom économique et avec les problèmes que nous connaissons. Un Livre blanc du gouvernement se vante de ce que les religions n’ont jamais été aussi bien portantes en Chine. De fait, le nombre total des croyants continue d’augmenter dans le pays (33). L’Eglise catholique réalise une remarquable progression, avec des statistiques estimées à la fin de 2000, qui font état de 12 millions de baptisés, 5 000 églises, 128 évêques, 2 200 prêtres, 3 650 sœurs, 1 700 séminaristes, 2 500 sœurs en formation (34). La nuit de Noël 2001 a vu les foules habituelles aller à l’église : une information dans la presse officielle mentionnait que la cathédrale de Guangzhou “était bondée, avec des fidèles debout dans les bas-côtés” et à Pékin, par un froid glacial de moins 10 degrés, “une queue s’étendait sur 100 mètres à l’extérieur de l’église, les fidèles attendant patiemment de pouvoir entrer dans le sanctuaire” (35). La qualité de la vie chrétienne semble également s’être améliorée, avec, même, un amoindrissement du fossé qui sépare les communautés officielles et clandestines, ainsi que l’a révélé récemment la mort de deux vieux évêques non officiels (Odoric Liu Hede d’Hankou et Matthias Pei Shangde de Pékin). Même le langage employé dans les publications catholiques officielles ou par les dirigeants des structures de l’Eglise officielle semble être plus réservé que par le passé (36).

Mais, au cours de ces deux dernières décennies, les mauvais traitements continuels infligés aux croyants par les agents de la Sécurité publique ont été fréquemment dévoilés, rendant ainsi tout à fait critique l’opinion publique des pays occidentaux quant à la politique religieuse de la Chine. Et l’atmosphère générale semble bien s’être détériorée après que le gouvernement ait pris de sévères mesures contre le mouvement Falungong, qu’il a traité de “culte pervers Je n’ai pas l’intention de rechercher le détail des quelques nombreux et sérieux cas de harcèlement de membres du clergé et de laïcs catholiques fidèles. J’étudierais plutôt deux problèmes qui existent depuis longtemps : le rôle du Souverain Pontife et l’autorité des évêques catholiques, avec l’espoir que cette étude soit prise dans le sens d’une contribution constructive.

Appeler au dialogue au nom de Matteo Ricci

Au cours de l’année 2001, à l’occasion de la commémoration du quatrième centenaire du privilège accordé au P. Matteo Ricci de vivre dans la capitale de l’empire, de nombreuses études ont souligné l’approche positive de ce missionnaire. Il y eut également quelques évènements académiques notables. Lors d’une conférence qui s’est tenue à Rome, à l’Université grégorienne, un message envoyé par le pape Jean-Paul II mérite l’attention (37). Rappelant le brillant exemple de ce pionnier, le pape s’est interrogé sur “le message qu’il (Ricci) peut apporter à la grande nation chinoise et à l’Eglise catholique Soulignant l’attitude “de profond respect” et “de désintéressement” de Ricci, le pape ajoute “qu’aujourd’hui, non plus, l’Eglise catholique ne recherche aucun privilège de la Chine ni de ses dirigeants, mais seulement la reprise d’un dialogue qui permette d’établir des relations fondées sur le respect mutuel et une plus profonde compréhension”. Jean-Paul II a très clairement exprimé son estime : “Le peuple chinois s’est fixé, très récemment, d’importants objectifs dans le domaine du progrès social. L’Eglise catholique, pour sa part, regarde avec respect cet impressionnant élan et ce plan clairvoyant et offre avec discrétion sa propre contribution à la promotion et à la défense de la personne humaine et des valeurs de cette personne, la spiritualité et la vocation transcendante. L’Eglise a particulièrement à cœur les valeurs et les objectifs qui sont de première importance aussi pour la Chine moderne : la solidarité, la paix, la justice sociale, la conduite avisée de la mondialisation et le progrès social de tous les peuples”.

“Que la Chine sache, a ajouté le pape, que l’Eglise catholique a le profond désir d’offrir, une fois de plus, ses humbles et désintéressés services pour le bien des catholiques chinois et de tout le peuple du pays Et une fois encore : “J’espère et je prie pour que le chemin ouvert par le P. Matteo Ricci entre l’Orient et l’Occident, entre la chrétienté et la civilisation chinoise, débouche sur de nouveaux exemples de dialogue et d’enrichissement réciproque humain et spirituel”. Puis, le pape s’est inquiété de la situation dramatique du monde : “Le moment présent de profonde turbulence dans la communauté internationale appelle un fervent engagement de chacun à créer et à développer des liens de compréhension, d’amitié et de solidarité entre les peuples C’est la raison pour laquelle il a insisté sur la nécessité d’un effort commun avec la grande nation chinoise : “Ce n’est un secret pour personne que le Saint-Siège, au nom de toute l’Eglise catholique et, je le crois, pour le bénéfice de toute la famille humaine, espère l’ouverture d’un dialogue, sous quelque forme que ce soit, avec les autorités de la République populaire de Chine 

Faisant écho au message de Jean-Paul II, la presse internationale a souligné le fait qu’il exprimait une profonde tristesse pour certaines “erreurs et limites du passé” plutôt que de mettre en valeur les aspects substantiels où il reconnaissait que “le travail des membres de l’Eglise en Chine n’avait pas toujours été sans erreur, qui est le fruit amer de leurs limites personnelles et des limites de leur action Il faisait évidemment allusion, en premier lieu, aux missionnaires étrangers, dont il louait “le remarquable engagement évangélique” qui allait de pair avec leurs grandes actions de promotion du développement de la personne humaine “qui étaient largement reçues avec gratitude par le peuple chinois 

Le pape a fait ensuite référence à une sorte de “protection” de la part des pouvoirs politiques européens à certaines périodes de l’histoire moderne. Et dans un acte noble d’humilité, il a répété : “Pour tout ceci je demande le pardon et la compréhension de ceux qui ont pu se sentir blessés de quelque façon par de tels agissements de la part des chrétiens”. Il exprima aussi la conviction que “la vérité historique doit être recherchée sereinement, avec impartialité et dans sa globalité (.). Je puis vous assurer que le Saint-Siège est toujours prêt à offrir une coopération bien intentionnée dans cette recherche”.

Les vieux problèmes sont toujours là

Le monde catholique a, d’une façon générale, grandement admiré le courageux message du pape. Les médias occidentaux ont salué le rôle de Jean-Paul II dans la recherche de la paix et de la coopération pour “le bien de toute l’humanité A Pékin, la réaction semble avoir été précautionneusement positive, bien que les médias locaux n’aient pas trouvé de place pour annoncer cette nouvelle (38). Un commentateur bien connu, le P. Jeroom. Heindryckx, pense que la raison pour la “maigre” réaction de la Chine au geste magnanime du pape est “la division interne des dirigeants chinois sur cette question” (39). Il fait référence à une décision qui aurait été prise par le président Jiang Zemin en 1999, au retour d’une visite en Europe, à la suite de laquelle les autorités en charge des affaires religieuses auraient été invitées à rencontrer à tous les niveaux les évêques et les prêtres pour leur en faire part et les préparer à la suite. Mais il ajoute : “A la fin de 1999, nous avons appris l’existence d’un document secret du PCC (daté du 17 août 1999) faisant valoir que la Chine normaliserait bien ses relations, mais entendait dans le même temps renforcer l’Association patriotique des catholiques chinois, de façon à conserver le contrôle complet de l’Eglise catholique, contrecarrant ainsi l’influence du Vatican sur l’Eglise de Chine” Pour appuyer ses dires, le gouvernement, “mené par un groupe de gauche”, prît l’initiative de la confrontation en ordonnant cinq nouveaux évêques à Pékin, le 6 janvier 2000. Cette manœuvre sapait proprement le plan du président Jiang. D’autres ordinations épiscopales suivirent en opposition flagrante avec la loi de toujours de l’Eglise. Ensuite se produisit du côté romain le déplorable incident de la canonisation solennelle de 120 martyrs de Chine. Même l’explication donnée personnellement par le cardinal Etchegaray, un ami avéré de la Chine, aux plus hautes autorités à Pékin sur la façon dont la date (1er octobre) avait été choisie, sans malice, dans le calendrier surchargé du Grand Jubilé, fut insuffisante pour désamorcer la campagne contre le Vatican qui déferlait sur toute la Chine.

Cette nouvelle crise ne faisait que mettre en lumière l’impasse qui perdurait depuis plus de cinquante ans entre Rome et Pékin, en créant de pénibles divisions à l’intérieur de la société chinoise et des réactions défavorables à l’étranger. Au bénéfice de qui ? Dans son discours de juillet 2001, à l’occasion du 80e anniversaire de la création du PCC, le président Jiang Zemin eut la hardiesse d’ouvrir le Parti à la nouvelle classe capitaliste, appliquant ainsi sa théorie des “Trois Symboles” pour préparer l’avenir. Il a également insisté sur “le développement moral qui lui est apparu comme une partie cruciale de la tâche du pays pour déployer une culture socialiste avancée”, une idée qu’il avait déjà exprimée, en proposant une combinaison de la loi et de la moralité (40).

Dans son discours d’ouverture de la conférence nationale au plus haut niveau, qui s’est tenue récemment à Pékin pendant trois jours sur le thème de la religion, le président Jiang a averti les dirigeants chinois de l’impact de la religion sur la vie politique et sociale du monde. Un éditorial dans le Quotidien du peuple a souligné l’importance de la conférence, à laquelle assistaient les sept membres du Comité permanent du Politburo en disant qu’“une nouvelle phase venait ainsi d’apparaître dans le travail sur la religion en Chine”, mais bien peu de chose a été révélé jusque là des discussions et des décisions prises lors de cette manifestation exceptionnelle (41). Le président Jiang aurait confirmé la position traditionnelle : les membres du Parti communiste doivent tenir ferme sur l’athéisme, pour ajouter ensuite : “Nous devons reconnaître le fait que les religions existeront encore longtemps sous le régime socialiste (.). Nous ne devons pas utiliser le pouvoir de l’administration pour détruire les religions, mais en même temps, nous ne devons pas l’utiliser pour les développer” (42).

La question est alors : cette idéologie officielle bien connue peut-elle s’appliquer dans la nouvelle société qui est née de l’économie de marché, sans créer une nouvelle confrontation ? Quand, il y a presque deux ans, le directeur national du Bureau des Affaires religieuses, rattaché au Conseil pour les affaires d’Etat, Ye Xiaowen, a expliqué, dans un journal très influent, “le travail religieux » de son bureau au tournant du nouveau siècle, la ligne dure de sa pensée ne faisait pas de doute. Il a présenté ses directives en utilisant trois mots-clés : “S’appuyer sur la politique, renforcer la gestion, promouvoir l’adaptation Et pour montrer comment le Parti “avait en pratique intimement lié le concept marxiste de la religion avec la question religieuse telle qu’elle existe en Chine il avait établi une liste en dix points. Le dernier disait : “(Nous) introduisons l’éducation dans une vue scientifique universelle du matérialisme (y compris l’athéisme), dialectique et historique dans les masses et spécialement dans la grande masse des jeunes” (43). Il est difficile d’admettre comme une approche appropriée cet engagement de propager l’athéisme pour un département chargé de superviser les religions dans un pays civilisé moderne (44). Par ailleurs, pour expliquer son objectif d’“amener activement la religion à s’adapter à la société socialiste” M. Ye a écrit : “La religion arrivera graduellement à assimiler quelques éléments de la moralité et de la rationalité séculaires (.). Cela ne peut que favoriser le changement de son système idéologique religieux”.

Il reste à se demander si cet effort pour changer la nature de la religion est dans l’intérêt de la société chinoise. On ne peut que penser que, bien que la vieille conception de la religion, opium du peuple, ait été depuis longtemps abandonnée dans les discours officiels, la très puissante machine qui supervise le secteur religieux est encore tentée par les pratiques du passé (45). En référence à ce problème, le président Jiang Zemin aurait dit à la conférence nationale : “Demander aux religions de s’adapter au socialisme ne veut pas dire que nous souhaitions que les religieux et les croyants abandonnent leur foi. Bien plutôt, nous leur demandons d’accueillir notre système socialiste et le leadership du Parti communiste, de suivre les règles et les réglementations du pays (.) et de contribuer à son unité ethnique et nationale” (46). On ne peut que souhaiter que les paroles du président puissent signifier aussi le respect pour les droits des croyants.

Viser des standards internationaux

Le président Jiang a également déclaré que la Chine a adopté le principe de la séparation de la politique et de la religion (47). Si ce principe doit réellement entrer en vigueur, beaucoup de choses devront changer. Une société moderne ne peut être dirigée d’une façon féodale, avec un maître, représentant les Cieux, qui serait l’arbitre suprême de “l’orthodoxie” religieuse. En pratiquant la séparation de la politique d’avec la religion, le premier travail urgent est d’annuler les réglementations partiales qui se sont accumulées pendant les périodes de gauchisme intransigeant. Il est inconcevable que des textes administratifs qui interdisent l’instruction religieuse à des jeunes de moins de 18 ans existent encore aujourd’hui et que des fonctionnaires dévorés de jalousie puissent les faire appliquer à des familles de croyants. Il est inconcevable que de légitimes publications conçues par différentes religions soient interdites de vente au public, presque au même titre que des revues pornographiques ou des pamphlets anti- gouvernementaux. Il est inconcevable que le résultat des études et des recherches d’universitaires sur l’état présent de la religion en Chine soit considéré comme un matériel classé interdit de circulation dans le public. La Chine travaille à conformer sa législation et ses règlements administratifs à ses nouvelles conditions et à ses nouvelles responsabilités. Elle a un besoin urgent d’étendre ce travail à tous les domaines, en mettant en pratique la séparation de la politique et de la religion (48). Il est intéressant de mentionner que, même à Taiwan où les droits de l’homme n’ont pas été vraiment à l’honneur du fait de l’état d’urgence permanent, une commission nationale a été finalement instaurée pour introduire les droits de l’homme reconnus dans le monde dans la législation du pays (49).

Au début des années 1980, des consultations furent menées dans la République populaire pour préparer un texte de loi sur les questions religieuses. Mais il ne vit jamais le jour. A la place, les vingt dernières années ont vu quelque 50 documents et règlements publiés par les administrations provinciales et même locales, dans le seul but d’assurer un contrôle plus efficace des religions (50). A la conférence nationale de décembre 2001, le président Jiang et le Premier ministre Zhu Rongji ont, paraît-il, tous les deux demandé que des formations du Parti soient implantées au niveau le plus élémentaire des croyants, afin d’y renforcer la mainmise du Parti et d’assurer une conduite des affaires religieuses plus efficace dans les zones rurales (51). Selon un rapport officiel, le président Jiang aurait expliqué qu’un tel travail “devait servir à maintenir la stabilité, à faire avancer l’unité, la modernisation socialiste, la complète réunification de la mère patrie, ainsi que la paix et le progrès dans le monde” (52).

Pour assurer le progrès de l’unité, les croyants ne devraient pas être surchargés d’obligations inutiles, alors qu’ils doivent accepter le leadership du PCC. Un sérieux sujet de préoccupation est la très grande latitude d’action accordée aux Associations patriotiques des religions reconnues, qui leur permet de diriger les groupes religieux respectifs grâce à leur lien étroit avec les services de la Sécurité publique. Du coté catholique, le refus de nombreuses communautés locales de s’inscrire à l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC) tient beaucoup plus à l’indigence des dirigeants de ces officines, qui ne se préoccupent que peu de la foi catholique qu’ils professent, qu’à une attitude anti-gouvernementale. Parfois, ces communautés dites “souterraines qui ont choisi le risque d’être “illégales” plutôt que de référer à l’APCC, ont payé très cher cette méfiance. Ainsi, les 500 familles catholiques, constituant près de 70 % de la population d’un village de la province de Zhejiang ont vu leur église détruite trois fois par la Sécurité publique, pour avoir refusé de s’inscrire à l’APCC (53).

Cependant, même les communautés qui se trouvent en confrontation directe ne peuvent être accusées d’être anti-sociales ou anti-patriotiques. Si l’on pouvait espérer que le rapport sur la conférence nationale de Pékin dise vrai, il deviendrait plus facile pour les églises et les autres organisations religieuses de s’inscrire directement au Bureau des Affaires religieuses, sans avoir à passer par les Associations patriotiques (54). Les principaux bénéficiaires de ce changement seraient les nombreuses “Eglises domestiques” protestantes, mais il devrait sûrement aussi contribuer à réduire la tension dans de nombreuses communautés rurales catholiques. Une forme aussi raisonnable de compromis devrait assurer à la fois l’autorité de l’Etat et une plus grande liberté de conscience des citoyens.

Le pape Jean-Paul II s’est engagé publiquement à œuvrer selon ces mêmes principes : “L’Eglise catholique a un profond désir d’offrir (.) ses humbles et désintéressés services pour le bien des catholiques chinois et celui du peuple chinois tout entier”. Il est convaincu que, dans les conditions présentes de tension internationale, toute forme de coopération de l’Eglise avec les autorités de la Chine populaire “serait au bénéfice de toute la famille humaine”. Pour rendre une telle coopération possible, un sérieux réalisme serait de mise, à la fois de la part du Saint-Siège et de la part des autorités chinoises. Le professeur He Guanghu de Pékin a rappelé, à ce sujet, l’exemple historique de la querelle des rites, qui a duré 300 ans et qui n’a été résolue (en 1939) que lorsque l’Eglise catholique (préoccupée de la Foi) a accepté que le différend ne soit qu’une question culturelle et que l’Etat chinois (déterminé à faire preuve d’autorité) n’y a vu qu’un simple problème social (55).

Un commentaire paru dans un journal de Hongkong sur le message du pape suggérait que la négociation devrait ouvrir une perspective de gain pour les deux parties. Sous le nom de plume de Bao Rung, l’auteur faisait remarquer qu’avec la vaste majorité d’évêques de l’Eglise “officielle” aujourd’hui unis à Rome, le Vatican serait gagnant, alors que le gouvernement chinois ne le serait pas (56). En réalité, le Saint-Siège a constamment et clairement admis que les gouvernements devraient pouvoir intervenir dans la nomination des évêques. De plus, une négociation qui parviendrait à un règlement pacifique avec le Vatican, qui donnerait, de plus, l’assurance d’une réaction du monde occidental favorable et une perspective positive de la politique “d’une seule Chine”, constituerait une réelle victoire pour le gouvernement, tout en aidant à désamorcer tout motif d’agitation sociale.

Un rôle important pour les universitaires

Un signe positif est l’intérêt croissant pour le phénomène religieux parmi les chercheurs de différentes universités. Cet intérêt donne lieu à des travaux de recherche de grande qualité, menés scientifiquement (57). Il a été rendu possible grâce au climat nouveau régnant depuis le début des années 1980. Aujourd’hui, ces travaux peuvent donner une meilleure information aux dirigeants du Parti et de l’Etat. Au début de l’automne 2001, la Société d’Etudes religieuses de Chine, qui représente la plus grande force d’étude de la religion du pays, a tenu son cinquième congrès national à Pékin (58). Le rapport qui y a été présenté déclare : “De nouveaux efforts pour aborder les études religieuses sous un angle scientifique, théorique et standardisé aideront le gouvernement à mener une politique qui soit plus conforme aux intérêts des croyants aussi bien que des athées Confronté aux nouvelles exigences mondiales, le gouvernement chinois a besoin sans cesse du travail des intellectuels. En juin 2001, le Centre de Recherche et de Développement du Conseil pour les affaires d’Etat s’est adressé à des professeurs, spécialistes dans différents domaines, de la philosophie au droit, leur demandant, entre autre, une évaluation du rôle de la religion dans la Chine d’aujourd’hui. Bien qu’il soit difficile de maîtriser les préjugés et les doutes, l’étude de sociologie, par exemple, qui a été supervisée par le Département de la Propagande du PCC est maintenant l’objet d’une grande attention. D’ailleurs, au lieu de consulter des universitaires pour améliorer sa politique religieuse, le gouvernement ferait bien d’écouter la nouvelle génération de cadres et de chefs d’entreprise qui sont plus proches et plus ouverts aux normes internationales (59).

Le président Jiang Zemin a, symptomatiquement, sans cesse demandé aux cadres de tous les ministères de se familiariser avec le fait religieux. A la récente réunion de trois jours à Pékin, le Premier ministre Zhu “a donné l’ordre que davantage de fonctionnaires, plus jeunes et d’un niveau politique et culturel plus élevé, soient recrutés dans les Directions traitant des problèmes religieux alors que le président Jiang “s’est, lui, engagé à une plus étroite collaboration entre le Parti et le gouvernement et les milieux religieux, spécialement, sur les problèmes majeurs de la religion” (60). Ce sont là des orientations significatives, car, jusque là, les religions étaient au mieux “l’objet” d’étude par des cadres et les décisions étaient généralement imposées d’en haut, avec peu de consultation et encore moins de considération pour la nature et les besoins spécifiques en cause. Si seulement une partie de l’énergie et des efforts dépensés dans le passé à combattre l’Eglise catholique avait été consacrée à une étude systématique et sérieuse de sa doctrine sociale et de ses pratiques, en particulier, dans le monde des défavorisés, beaucoup d’erreurs auraient pu être évitées.

Pour dépasser les contradictions toujours présentes en Chine et pour faciliter l’acceptation des normes internationales à tous les niveaux de l’administration publique, une vaste opération culturelle est nécessaire. Un besoin élémentaire est d’instaurer une compréhension commune de la signification des mots utilisés, en commençant par l’expression même de liberté religieuse (61). Ainsi, par exemple, l’interprétation normale qui est donnée jusqu’à présent en Chine du principe de “séparation de la politique et de la religion” est que “nous ne devons jamais permettre à la religion d’interférer dans la conduite de l’Etat ou dans la législation, l’école ou l’enseignement public” (comme cela a été amplement expliqué dans le Document 19 de 1982) ; mais, par contre, il est considéré comme normal que la puissance politique se mêle de questions touchant à la religion. La même ambiguïté est présente dans l’affirmation de l’indépendance de la religion, qui n’est communément interprété que dans le sens où “les communautés religieuses et les affaires religieuses sont en dehors de toute influence étrangère” (voir l’article 36 de la Constitution), alors que l’indépendance de la religion vis-à vis-de l’Etat n’est même jamais envisagée.

Encore une fois, si la Constitution stipule (toujours dans l’article 36) qu’“aucun organe de l’Etat, aucune organisation publique, aucun individu ne peut contraindre les citoyens à croire ou à ne pas croire à une religion il devrait être évident qu’une directive officielle enjoignant aux catholiques de “s’adapter” au socialisme ne peut pas aller jusqu’à les forcer à renoncer à des rapports normaux et à des rapports spirituels avec le Souverain Pontife à Rome. Il serait totalement erroné et d’une parfaite incompréhension de ne pas reconnaître qu’il s’agit là d’un point fondamental de la foi catholique (62). La Chine nouvelle est à juste titre fière de la dignité et du respect qu’elle s’est acquise sur la scène internationale, mais il serait naïf de penser que les autres nations, qui reconnaissent au pape le droit de diriger la vie catholique sur leur territoire, ont abdiqué une part de leur souveraineté.

Pour être capable de grandir et de se développer dans la justice et dans la paix, une société moderne a besoin d’appuyer ses fondations sur des principes moraux forts. Pour le faire, les lois d’un Etat ne sont pas suffisantes. L’histoire récente de l’Europe montre comment des idéologies qui prétendaient se substituer à la religion et assurer les ultimes aspirations des hommes ont échoué. On pourrait prouver que l’apport que peuvent offrir les religions est un gain pour tous, même dans une société pluraliste.

Notes

(1)Le Quotidien du peuple a publié le texte complet du projet de Constitution le 28 avril 1982.

(2)L’article 36 a également laissé de côté la clause relative au “droit de propager l’athéisme” introduit dans les deux précédentes éditions en même temps que le droit à la croyance religieuse.

(3)Beijing Review, 13 juillet 1981, pp. 9-24

(4)Beijing Review, 20 septembre 1982, p. 8 et ss.

(5)Cf. Drapeau Rouge, 16 mai 1982, pp. 17-19, traduit dans China Report, 16 juillet 1982, p. 25

(6)L’article 24, mettant en avant “la civilisation spirituelle socialiste », ajoute que [l’Etat] éduque le peuple dans (.) le communisme et le matérialisme dialectique et historique”.

(7)Il a été publié, sous une forme légèrement abrégée, en tant qu’éditorial dans le numéro daté du 16 juin 1982 de Drapeau Rouge. Pour une traduction anglaise, voir Religion in the People’s Republic of China, Documentation, n° 9, octobre 1982

(8)Pour un commentaire de ce document, voir Angelo S. Larrarotto : “The Chinese Communist Party and Religion” in Missiology, Scottsdale, PA (USA), XI, 3 juillet 1983, pp. 267-290

(9)Ye Xiaowen, directeur national du Bureau des Affaires religieuses, dans une étude publiée dans Guang Ming Ribao, le 17 mars 2000, traduite dans Tripod, novembre 2000, pp. 27-40

(10)Xinhua, 1er juillet 1982

(11)En janvier 1983, Amnesty International a lancé un appel public en faveur du P. Vincent Zhu et d’autres prêtres catholiques de Shanghai. Mais, en mars 1983, ces derniers ont tous été condamnés à des lourdes peines de prison (15 ans pour le P. Zhu).

(12)Osservatore Romano (édition hebdomadaire en langue anglaise), 1er février 1982

(13)Osservatore Romano (édition hebdomadaire en langue anglaise), 29 mars 1982

(14)Xinhua, 19 mars 1982. La déclaration de Mgr Yang a également eu un écho dans le China Daily (24 mars 1982) et dans la Beijing Review (29 mars 1982).

(15)Selon le droit canonique, la direction suprême de l’Eglise est confiée aux évêques en union avec le pape.

(16)China Daily, 25 décembre 1982 ; voir Tripod, n° 7, 1982, pp. 59-63

(17)En juin 1980, Xinhua a confirmé que déjà en mars, les autorités chinoises avaient rebâti la tombe de Matteo Ricci, démolie par les Gardes rouges. Le cardinal Roger Etchegaray avait eu la permission de visiter le site et de témoigner son respect au grand missionnaire jésuite.

(18)Angelo S. Lazzarotto, The Catholic Church in Post-Mao China, Hongkong (Centre d’études du Saint-Esprit), 1982, pp. 194

(19)Pour le 400ème anniversaire, une exposition sur Matteo Ricci a été organisée à Nankin (Xinhua, 23 avril 1983). Le professeur Lin Jinshui, de l’Université normale du Fujian, dont la thèse de doctorat porte sur Li Madou (Matteo Ricci), a publié un article sur les contributions positives de ce dernier dans Social Sciences in China (en anglais), n° 3, 1983, pp. 169-183 (cité par Religion in the People’s Republic of China, Documentation, n° 14, juillet 1984).

(20)“Nous pouvons croire, a déclaré le pape, que les obstacles peuvent être levés et que des structures adéquates et une manière appropriée peuvent être trouvées pour reprendre le dialogue et le maintenir constamment ouvert.”, Osservatore Romano (édition hebdomadaire en langue anglaise), 22 novembre 1982, pp. 6-7

(21)International Herald Tribune, 18 juillet 2001

(22)Un ex-gouverneur de la province du Guangxi, Cheng Kejie, a été exécuté pour corruption en septembre 2000 et Liu Zhibing, ancien vice-président du gouvernement de la province, a été récemment expulsé du PCC (South China Morning Post, 6 décembre 2001).

(23)Quotidien du peuple (édition en ligne), 8 août 2001

(24)Hong Kong i-Mail, 4 août 2001

(25)South China Morning Post, 27 juin 2001

(26)Selon Bao Tong, ancien membre du Comité central du PCC et secrétaire de Zhao Ziyang, “le leadership pékinois doit prendre à bras le corps la réforme politique de façon à éviter de répéter les tragédies passées”, South China Morning Post, 27 juin 2001. Voir également professeur Wang Gaolie, de l’Ecole centrale du parti, et ses appels à des réformes en profondeur, citant le président Jiang Zemin et son discours du 1er juillet (South China Morning Post, 7 décembre 2001)

(27)Selon un rapport International du 6 juillet 2001, “au moins 2 960 personnes ont été condamnées à mort et 1 781 exécutées au cours des trois derniers mois” en Chine. Il est peu probable, estime Amnesty International, que cette campagne de répression ait un impact durable sur le problème grandissant du crime dans la société chinoise. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, qui souligne qu’il “y a eu plus de personnes exécutées en Chine en l’espace de trois mois qu’il y en a eu dans le reste du monde au cours de ces trois dernières années”, cette campagne s’apparente à une frénésie d’exécutions capitales – une immense perte en vies humaines.

(28)New York Times, 11 août 2001

(29)Agence France-Presse, 12 mars 2001

(30)China Daily, 21 octobre 2001

(31)Selon Hagerman, les leaders sont déterminés à rester au pouvoir. “Tout ce que nous pouvons espérer est qu’à la fin, les élites politiques soient convaincues que les dommages causés par le nouveau capitalisme peuvent être réparés uniquement par le recours à une démocratie efficace, couplée au dialogue et à la défense de l’individu”. Der Spiegel & Corriere della Serra, 7 mai 2001

(32)Il a lancé un fonds pour promouvoir les changements au niveau de la base en Chine par le biais de centres d’aide juridique, etc. (Deutsche Presse-Agentur, 7 décembre 2001).

(33)Le nombre total des croyants est parfois estimé à 200 millions. Le Livre blanc publié fin 1997 et qui se réfère à des “statistiques incomplètes” parle de 85 000 sites dédiés à des activités religieuses, 300 000 membres du clergé et plus de 3 000 organisations religieuses ainsi qu’à 74 écoles et universités pour la formation du personnel religieux (Xinhua, 16 octobre 1997). Le Quotidien du peuple du 13 décembre 2001 reprend les mêmes chiffres.

(34)Tripod, n° 120, novembre-décembre 2000, p. 56

(35)Quotidien du peuple (édition en ligne), 26 décembre 2001

(36)Remarquables pour leur équilibre sont les deux articles écrits par Mgr Tu Shihua dans l’officiel Zhongguo Tian Zhujiao ( l’Eglise catholique en Chine’), n° 3 & 4, 2000, à propos du sens de la démocratie dans l’Eglise et des trois autonomies dans l’Eglise. Mgr Tu a été cité comme étant l’auteur d’un pamphlet publié en 1980, publié sous le nom de plume de Tu Li, niant la primauté du pape.

(37)Osservatore Romano (édition hebdomadaire en langue anglaise), 31 octobre 2001, p. 3

(38)Le ministre chinois des Affaires étrangères, Tang Jiaxuan, dans une interview exclusive accordée à un journal italien, a reconnu que “ceci était une déclaration positive” de la part du pape, bien qu’il regrettait qu’aucune excuse n’ait été offerte pour la canonisation de 120 martyrs, laquelle avait “profondément offensé les sentiments des Chinois”. Mais il n’a pas dit si cela devenait une troisième condition pour la reprise du dialogue (La Stampa, 24 novembre 2001).

(39)Ucanews, 30 octobre 2001

(40)Le Comité central du PCC a ensuite publié un essai sur “la Construction d’une éthique pour les citoyens” tandis que l’enseignement de Confucius selon lequel il faut “apprendre des modèles moraux” fait un retour remarqué dans les médias. Xinhua, 6 décembre 2001

(41)Quotidien du peuple (édition en ligne), 13 décembre 2001 ; China Daily, 13 décembre 2001

(42)South China Morning Post, 13 décembre 2001, citant Xinhua

(43)Guang Ming Daily, 27 mai 200 (Tripod, n° 120, novembre-décembre 2000)

(44)Cela semble plus conforme au zèle nostalgique du groupe d’idéologues qui, en juillet 1999, après la débâcle causée par le groupe Falungong, a obtenu des fonds pour démarrer un nouveau magazine illustré Ke-Xue Yu Wu-Shen-Lun ( Science et athéisme’). Il semble cependant que cette nouvelle publication n’ait pas trouvé son public.

(45)Un observateur note : “En ce moment, tandis que les réformes en Chine sont en plein développement, tandis que chaque secteur de la société chinoise cherche à se mettre au diapason des normes internationales, l’obstination des responsables des affaires religieuses est réellement frustrante et déconcertante.”, Anthony Lam in Tripod, n° 120, novembre-décembre 2000, p .44

(46)South China Morning Post, 13 décembre 2001

(47)China Daily, 13 décembre 2001

(48)Aux Etats-Unis, cela a déjà été fait il y a deux cents ans, sous le président Thomas Jefferson, le Premier amendement de la Bill of Rights spécifiant simplement : “Le Congrès ne fera pas de loi allant dans le sens de l’établissement d’une religion ou interdisant le libre exercice (.)”. C’est ainsi que le choix définitif d’un Etat laïque a été opéré.

(49)Taipei Times, 7 décembre 2001

(50)Voir “Religious Policies, Documents and Regulations”, in Sunday Examiner, 12 août 2001, p. 8

(51)Far Eastern Economic Review (en Une’), 27 décembre 2001-3 janvier 2002

(52)Quotidien du peuple, 13 décembre 2001

(53)The Tablet, 10 novembre 2001 ; Fides/Ucanews, 30 novembre 2001 ; Eglises d’Asie, 1er juillet 2001

(54)Far Eastern Economic Review, 27 décembre 2001-3 janvier 2002

(55)Fides, 22 octobre 2001

(56)Ming Pao, 3 novembre 2001

(57)Pour une enquête sur ce sujet, voir “Christian Studies in Mainland China” par Gianni Criveller, in Tripod, n° 122 (été 2001), pp. 6-28

(58)China Daily, 2 août 2001. Il est rapporté qu’il est “formé de professeurs d’université, de hauts fonctionnaires et de fidèles de diverses religions”. Il a élu président le professeur Zhuo Xin-ping, responsable de l’Institut des Religions du monde, rattaché à l’Académie chinoise des Sciences sociales.

(59)Quotidien du peuple, 13 décembre 2001. Par exemple, les propositions intéressantes faites par Pan Yue dans le Shenzhen Special Zone Daily et dans Huaxia Daily (15-16 décembre 2001) méritent la plus grande attention et peuvent être partagées par de nombreux autres responsables sérieux.

(60)Cette question a été débattue lors d’une rencontre du Conseil législatif de Hongkong avec des représentants des principales religions le 20 février 2001 (Sunday Examiner, 4 mars 2001).

(61)Peter Barry pose également des questions pertinentes dans son commentaire sur la politique religieuse de la Chine dans Asia Focus, 18, n° 2, 11 janvier 2002, p. 3.