Eglises d'Asie

L’Eglise catholique souhaite renforcer le dialogue qu’elle entretient avec les autres croyants, les musulmans en particulier

Publié le 18/03/2010




A l’issue d’une réunion de travail qui a eu lieu les 11 et 12 avril derniers à Dacca et qui a rassemblé 85 responsables catholiques, tant laïques que religieux, de tout le pays, l’Eglise catholique du Bangladesh s’est déclarée désireuse de renforcer le dialogue qu’elle entretient avec les autres religions. Dans ce pays très majoritairement musulman où les catholiques ne représentent pas plus de 0,3 % de la population, ce dialogue se comprend en priorité en direction des musulmans. Le mot d’ordre est que le dialogue interreligieux soit mené autant par les individus eux-mêmes que par le biais des institutions. Il a été recommandé aux catholiques du pays d’assister aux grandes fêtes des autres religions, d’organiser des séminaires communs à la base, de célébrer des “Journées de l’amitié” et enfin de lancer une publication consacrée spécifiquement au dialogue.

Pour Mgr Patrick D’Rozario, évêque de Chittagong, l’accent porté sur le dialogue interreligieux a son origine immédiate dans la dernière visite ad limina des évêques du Bangladesh auprès du Saint-Père, en mai 2001. Citant les propos du pape, qui avait souligné combien l’Eglise au Bangladesh était semblable à “un petit troupeau de brebis”, Mgr D’Rozario a expliqué que l’encouragement au dialogue avec les croyants des autres religions, “particulièrement avec nos frères et sœurs musulmans”, avait occupé une part centrale du message de Jean-Paul II aux évêques du Bangladesh. L’évêque de Chittagong, qui préside également la Commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de la Conférence épiscopale bangladaise, a ajouté que des communications fréquentes entre chrétiens et musulmans permettraient de mieux connaître la religion de l’autre et ainsi de se débarrasser de préjugés et de soupçons inutiles.

Devant les responsables catholiques rassemblés à Dacca, Mgr Theotonius Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, a tracé un historique des enseignements de l’Eglise au sujet du dialogue interreligieux, un dialogue qui, a-t-il insisté, n’est pas apparu avec le Concile de Vatican II, même si le pape Jean XXIII lui a alors donné une impulsion officielle. Mgr Gomes est remonté jusqu’au deuxième concile de Nicée, en 787, pour indiquer combien le dialogue avec les autres religions était une préoccupation de longue date de l’Eglise catholique. Il a également cité une lettre du pape Grégoire VII au roi Anzir de Mauritanie, datée de 1076, et par laquelle le Souverain Pontife disait que les chrétiens et les musulmans adoraient le même Dieu et devaient par conséquent être unis.

Plus concrètement, Frère Lawrence Rozario, principal de l’école de la Sainte Croix à Bandura, a rappelé à l’assistance qu’environ 500 enseignants catholiques travaillent dans 308 écoles à travers le pays et dispensent leur enseignement à quelque 150 000 élèves. La plupart de ceux-ci sont des non-chrétiens et, a-t-il rappelé, l’actuel président du Bangladesh ainsi que le ministre de l’Education sont issus d’écoles chrétiennes. Pour Sœur Mary Arpita, active dans le secteur de la santé, le dialogue de vie ou du cœur auquel invite l’Eglise n’implique même pas qu’un médecin ou une infirmière chrétiens fassent état de leur appartenance religieuse auprès de leurs patients. Ceux-ci découvriront aisément par eux-mêmes, par la qualité de l’attention qui leur sera témoignée, que la personne qui s’occupe d’eux est de confession chrétienne. “Nombre d’entre eux me demandent sincèrement de prier Dieu pour leur guérison ou pour être libérés de leur souffrance”, a-t-elle témoigné.