Eglises d'Asie

Les évêques catholiques se prononcent pour la plus large autodétermination possible des Tamouls au sein d’un Etat sri-lankais uni

Publié le 18/03/2010




A l’issue de l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale, qui s’est tenue du 23 au 25 avril derniers à Colombo, les évêques catholiques du Sri Lanka se sont prononcés pour le maintien de l’unité de l’Etat sri-lankais dans un cadre qui offrirait aux Tamouls un droit à l’autodétermination interne, c’est-à-dire dans le cadre étatique existant actuellement. Les évêques espèrent qu’un tel schéma, qui reste encore dans une grande mesure à définir, permettra “la dévolution du pouvoir de la manière la plus importante qui soit dans un Sri Lanka indivis”. Si les évêques reconnaissent que beaucoup reste à faire et disent leur espoir en les négociations qui doivent débuter dans les semaines qui viennent à Bangkok, en Thaïlande, entre le gouvernement de Colombo et les Tigres tamouls, ils mettent en garde contre le fait que “l’euphorie initiale” soulevée par les accords de cessez-le-feu en vigueur depuis février dernier (1) ne s’éteigne. L’urgence, soulignent-ils, est “de commencer à reconstruire ce que cette terrible guerre a détruit en l’espace de deux décennies”.

Signé par Mgr Marius Peiris, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Colombo et secrétaire général de la Conférence épiscopale, le communiqué des évêques affirme que les choses vont dans le bon sens au Sri Lanka. Les évêques se réjouissent ainsi de la levée des interdictions de déplacement qui contribuaient à créer une atmosphère de crainte dont tous devenaient peu à peu la proie. “Pour un peuple épuisé par la guerre, ce sont là des indicateurs positifs qui indiquent que le pays se dirige dans la direction de la paix.”

S’agissant de l’avenir du pays, les évêques affirment que tous les Sri Lankais sans exception seront appelés à cette tâche. “C’est une responsabilité que nous devons tous partager, de la même façon que nous avons partagé les blessures et les souffrances apportées par la guerre”, écrivent les responsables de l’Eglise qui ajoutent que “le retour à la paix est une tâche trop sacrée pour être laissée entre les mains de ceux qui ont été directement impliqués dans la guerre”.

Par ailleurs, Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo, a reçu le 30 avril Mahinda Rajapakse, chef de l’Alliance populaire, le parti de l’opposition parlementaire au gouvernement dirigé par le Premier ministre Ranil Wickremasinghe. Mgr Fernando a invité le responsable politique à entretenir le “dialogue” avec le Front national unifié, principale formation de la majorité actuelle. Après avoir entendu la position de Mahinda Rajapakse, qui s’est plaint de ce que l’actuel Premier ministre apparaît céder sans contrepartie à toutes les demandes des Tigres tamouls et du fait que le LTTE, la formation des Tigres, n’a pas renoncé “à revendiquer une patrie pour les Tamouls et in fine le droit à un Etat séparé”, l’archevêque de Colombo a insisté pour dire que le processus engagé était “une affaire où des concessions devaient être faites de part et d’autre. Nous devons adopter une attitude plus ouverte et essayer de comprendre l’autre afin d’œuvrer à une solution favorable au bien du peuple et aux intérêts de la paix dans ce pays”. Au cours de cette entrevue, le P. Emmanuel Wickremasinghe, vicaire général du diocèse, a ajouté qu’il était favorable à une proposition d’amendement de la Constitution qui permettrait aux parlementaires de voter, sur les sujets d’importance nationale, selon leur conscience et non forcément selon leur appartenance partisane, et cela sans craindre d’être expulsés de leurs formations politiques respectives. Rajapakse a répondu que lui aussi était favorable à une telle proposition et qu’il soutiendrait le cas échéant la proposition d’un tel amendement constitutionnel.