Eglises d'Asie

Un évêque catholique a envoyé une lettre au Premier ministre pour réclamer la création d’un ministère des Affaires chrétiennes

Publié le 18/03/2010




Mgr Raymond Peiris, évêque du diocèse catholique de Kurunegala, a rédigé une lettre en date du 10 mai dernier à l’attention du Premier ministre Ranil Wickremasinghe pour lui faire part de sa déception face à l’absence de portefeuille ministériel consacré aux chrétiens dans l’actuel gouvernement. L’évêque catholique a souligné dans son texte que les communautés bouddhiste, hindoue et musulmane bénéficiaient toutes d’un ministère spécialement chargé de leurs affaires, doté d’un ministre et d’un budget propre, et qu’il était donc simple justice d’accorder à la communauté chrétienne un ministère. Mgr Peiris a insisté en soulignant le fait que le précédent gouvernement avait mis en place un tel ministère (1) mais que l’actuel gouvernement, en place depuis cinq mois, n’avait rien fait de semblable. “Bien que nous ayons été informés du fait qu’un ministère des Affaires religieuses chrétiennes fonctionne sous l’égide du ministère de l’Intérieur, il n’est pas nécessaire de rappeler que ce ministère est un ministère invisible’ sans secrétaire permanent et qu’il ne fonctionne que sur le papier”, a insisté l’évêque de Kurunegala.

Transmise aux services du Premier ministre le 15 mai, cette lettre n’a pas reçu à ce jour de réponse. Toutefois, Mgr Peiris en avait envoyé une copie au ministre de l’Intérieur, John Amaratunga, au minis-tre des Réfugiés et de la Reconstruction, Jayalath Jayawardene, ainsi qu’au président du Parlement, Joseph Michael Perera, tous trois de religion catholique. Le 27 mai, le président du Parlement a promis qu’il attirerait l’attention du Premier ministre sur son contenu.

Outre la question de l’établissement d’un ministère des Affaires chrétiennes, la lettre de Mgr Peiris a abordé les difficultés auxquelles sont confrontés les élèves catholiques dans les écoles publiques du pays. Selon Mgr Peiris, les élèves catholiques sont l’objet d’une discrimination déguisée, n’étant pas admis ou en faible nombre seulement dans les institutions gérées par l’administration de l’Education nationale tandis que cette dernière envoie un grand nombre d’enfants non catholiques dans les écoles jadis catholiques et désormais nationalisées (2). Le résultat, souligne Mgr Peiris, est que “nos enfants chrétiens ne peuvent ni être admis dans les écoles catholiques ni dans les écoles publiques”. A cela s’ajoutent les problèmes créés par la mauvaise affectation des professeurs de religion à travers le pays (3). Des enseignants de religion catholique sont envoyés là où il n’y a pas d’élèves catholiques et manquent là où les élèves catholiques sont en nombre. La conséquence est que les enfants catholiques en sont réduits à suivre des cours – obligatoires – de religion mais d’une religion qui n’est pas la leur tandis que des professeurs de religion catholique sont désœuvrés ailleurs. “N’est-ce pas là une grave injustice ?”, demande Mgr Peiris, qui conclut en écrivant que le Premier ministre n’est sans doute pas au courant des difficultés causées aux catholiques par son administration.